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Les textes de cette page font très majoritairement partie d'un manuscrit intitulé "NOUVELLES DU CIEL", actuellement en recherche d'éditeur...

Les vacances de Monsieur Hubleau

 

Mesdames et Messieurs, bonjour ! Mon nom est Clodomir Hubleau. Comme l’été approche à grands pas, permettez-moi de vous conter l'histoire de mon dernier départ en vacances. C'était l'année dernière et, au programme, figuraient trois petites semaines dans une station balnéaire du sud de la Turquie, histoire de me coller sur la peau un bronzage digne de ce nom, et d'engloutir les économies d'onze mois de rude labeur. Au départ de Genève, le Cercle-Adriatique, concurrent d’un Club-Méditerranée beaucoup plus célèbre, affrète un Boeing 737-800 blanc et jaune d'une compagnie turque chevauchant Pégase, dans lequel cent soixante-dix-huit péquins se sont amassés. Destination : Antalya, sur la côte sud de la Turquie. Dans ce boudin aux ailes d’acier, c'est l'étuve. La climatisation est submergée par la chaleur ambiante que produisent les sardines entassées. Vivement le plein régime des moteurs, lequel devrait entraîner dans son sillage le frigo du bord ! On clôt les échelles et on retire les portes. Enfin, le contraire. Roulage, consignes de sécurité, ilets jaunes de sauve-qui-peut, masques et tout le bla-bla… Nous sommes numéro six pour nous envoyer en l'air, et la clim patauge toujours dans la semoule. Vivement la plage et la brise de mer ! Bon, ça y est, le mec aux manettes met la briquette et, tant bien que mal, le Boeing s'arrache de la planète. Clang, clong, train rentré. Après moins de dix minutes d'escalade vers son niveau de croisière, l'avion est mis en palier et entame un large virage à gauche. Annonce de l'équipage : problème de pressurisation, sans gravité, mais va falloir faire demi-tour. Merdum ! Ça commence mal. Il semble pourtant récent cet appareil. Propriété d'une compagnie charter ? Tiens, tiens, certains démons resurgissent...

Atterro OK, on retourne au perron. Tout le monde descend, même si le terminus est loin d’être atteint. Pfuuuuh ! Pourvu que la réparation soit brève. Allez, direction le bar, pour une gueuze à faire passer derrière la cravate ! Ça rafraîchit le corps et chasse les idées maussades de l'esprit. Une heure et vingt minutes plus tard, on rembarque. Et rebelote, clim out, roulage, consignes. J'étouffe ! Décollage. On monte et le frais se répand dans la cabine. Mais la pressu est toujours en grève. Elle a décidé de me gâcher les vacances cette vulgaire mais indispensable option pour voler à haute altitude ? Nouvelle annonce de l'équipage : sommes vraiment désolés et patati et patata… Bon, il parait que l'on retourne toujours d'où l'on vient, mais est-ce vraiment le moment ? Si la compagnie fait faillite, ce sera en raison des taxes d'atterrissages dues aux problèmes techniques de ses poubelles ! Retour à la case départ, débarquement, mauvaise humeur. Certains passagers commencent à la trouver saumâtre, car certaines catastrophes leur reviennent en mémoire.

   - Nous, on r'part plus ! lancent-ils.

   - Y-z-on qu'à changer d'avion, çui-ci est pourri !

Au sol, on parlemente. Handling et agence de voyage argumentent. Il semblerait qu'on va en rester là avec cette casserole. La compagnie en envoie une autre. L'ennui c'est qu'elle vient de Loukoum-al-Kebab, deux mille bornes plus au sud-est. Pour la préparer et la convoyer jusqu'ici, ça va nécessiter un certain temps, en espérant que le coco qui actionne la pressurisation trouvera le bon bouton. Quatre heures d’attente, au moins. Une paille ! Je me mets à rêver d'une contrée de ciel et de mer toujours bleus, où les coucous qui vous y mènent ignorent les mots panne & poisse. Ça doit bien exister, non ? En attendant de revoir mes plans de vacances pour l'an prochain, je patiente et je préviens mon gosier qu'il va voir passer une bière en transit. Puis une autre encore. Après la troisième, je remarque que mon nombril s’est visiblement éloigné de ma colonne lombaire. Bizarre, non ? Boum ! Ça, c'est le bruit de la nuit qui tombe. Heureusement elle ne s'est pas fait mal. A force de boire de la bière, j'ai le centre de gravité qui fluctue. Le temps passe…

La trapanelle de secours est annoncée à l'arrivée. Espérons que le commandant (ou le larbin assis à sa droite) n'oublie pas de sortir le train avant d'atterrir. Eh bien non, coup de chance, l'appareil est au sol et vient prendre place devant le terminal. Dans la salle d'attente, un tonnerre d’applaudissements brise soudain la relative torpeur des passagers. Allez, on rembarque. Tiens, ce coucou est apparemment le frère jumeau du premier. Pourvu qu'il ne souffre pas des mêmes tares. Portes closes. Heureusement, la nuit étant tombée, il fait nettement plus frais.

Dans un ciel d’encre, à travers son hublot, la lune fait un clin d'œil à Hubleau. Plus personne devant nous, on décolle. Le train rentre, ses trappes se rabattent et les volets se rétractent. Ouf ! Quinze minutes plus tard, on est en croisière, la pressu semble fonctionner parfaitement, et je m'endors paisiblement, rêvant immédiatement de cette plage ensoleillée sur laquelle je me repose, les pieds caressés par les vagues mourantes, le cœur en fête, l'esprit serein, et tenant dans ma main la nageoire d’une superbe sirène. Un instant pareil, c'est une fenêtre ouverte sur un monde de douceur et de volupté ! En parlant de fenêtre ouverte, c'est à ce moment précis que, juste à côté de moi, cette saleté de hublot s’est fait la malle…

Vivent les vacances !

22 mai 2025 _________________________________________________

Les aventures d'Ourby et Torby.

 

Par un bel après-midi de l'été 1930, Ourby et Torby, deux potes étudiant au Séminaire épiscopal de Saint-Gourdin, se baladent aux guidons de leur tandem rose. Ourby est devant :

 

- Putain, j'ai le fion qui me démange par cette chaleur, tu peux pas savoir. Et puis le tissu de cette soutane, ça n'arrange rien.

Torby ricane :

- Enlève ta selle, tu te sentiras mieux.

- Pauvre conne !

- Moi, ce serait plutôt le gland. Comme s'il était en train de germer.

- Ah mais, regarde devant ! Voilà peut-être de quoi nous soulager.

 

Sur le chemin, le petit André Pousse, 11 ans et futur champion cycliste (et plus tard grand acteur de cinéma), est en séance d'entraînement, lui aussi à bicyclette.

Les deux ensoutanés s'arrêtent et Ourby fait signe au gamin de stopper.

 

- Bonjour mon garçon. Tu n'as pas trop chaud sous ce soleil ?

- Salut broute-quéquette ! T'es de sortie avec ta copine ? C'est elle qu'a r'passé ta robe? Ben, elle est pas douée.

- Devine plutôt ce que j'ai dessous...

- C'te question ! Un cierge, pardi ! Planté dans l'entonnoir, entre les burettes, et qui t'ramone la ch'minée à chaque coup d'pédale. Et tu voudrais en plus que j'y foute le feu ? Et pourquoi pas une turlutte, tant qu't'y es ?

- Ah, mais c'est qu'il a de la répartie, le morveux ! Mon copain de derrière a le poireau tout dur et il cherche un peu de mayonnaise.

- Eh ben quand l'cierge aura fondu, il aura qu'à te l'mettre dans l'fion ! Par c'te chaleur, y va rentrer tout seul… Allez, j'ai pas qu'ça à glander, moi. Au r'voir m'sieur-dame !

 

Dédé remonte alors sur sa bécane et s'en va à toute allure.

 

- Non mais, t'as vu ça Torby ?

- Eh oui Orbi.

- Ah, elle est belle la jeunesse !

- Je crois que celui-ci était trop vieux. Faut qu'on en trouve un plus tendre, plus malléable...

 

Ourby et Torby, dodelinant du croupion, alors en chœur se remettent en selle et, n'ayant pu faire cric-crac, poursuivent leur traque en ayant la trique...

 

(Remarque : Toute ressemblance avec des faits avérés ou pas ne serait etc, etc...)

10 mai 2025 _________________________________________________

Pegasus, le Piper Cub

 

Jeudi 15 janvier 2004, huit heures du matin. Après une bonne nuit de sommeil, j'entrouvre les yeux. Avant que la sonnerie ne retentisse, j'appuie sur le bouton du réveil, préservant ainsi le sommeil de Celia. Comme tous les jours, j'éprouve de la peine à me réveiller, et émerger va me prendre un peu de temps. Dans la pénombre de la chambre, j'aperçois les premiers rayons de soleil filtrer au travers de mes persiennes. Des traits brillants de lumière, dans lesquels virevoltent quelques fines particules de poussière. La journée s'annonce plutôt bien ! Je me retourne et observe celle qui dort encore. Belle et paisible, tout enroulée dans les draps mauves, son corps immobile abrite le doux nid d'une âme que je connais du bout du cœur ; ses cheveux d'ébène couvrent son visage et dissimulent à mon regard ses traits, que je connais du bout des doigts ; sous le drap, je devine la courbe de ses hanches, la douceur unique d'une peau que je connais du bout des lèvres. Je l'aime au point de ne rêver que d'elle, de nuit, et même parfois de jour aussi. Prenant garde à ne pas la réveiller, je dépose un petit baiser sur son épaule nue et remonte légèrement le drap sur elle, afin de la couvrir davantage.
Le café est prêt. La confiture me colle aux doigts, et je mange en silence. Sur le tabouret d'en face, Chipie m'observe, se léchant patiemment les babines de sa langue rêche et rose. Comme chaque matin, elle a eu droit à ses deux doigts de lait et, les ayant avalés d'un trait, moteur enclenché, elle procède à sa toilette. Son ronronnement me rassure. Elle s'arrête soudain et me dévisage longuement, comme si elle attendait que je lui dise quelque chose. Je tends le bras et lui gratte affectueusement le dessus du crâne. Elle adore ça ! Petit déjeuner englouti, j'entrouvre les volets et, par-delà la fenêtre, je blottis mon regard dans les bras d'un ciel paré d'or et de bleu. Ce mois de janvier connait une température très, trop élevée, avoisinant les 15 degrés en plaine dans le centre du pays. En montagne, il a peu neigé, et il faut monter parfois à plus de 3'000 mètres pour trouver des températures négatives. Le réchauffement climatique est une réalité qui commence sérieusement à m'inquiéter. Après avoir débarrassé la table et fait ma petite vaisselle, je passe mon blouson de cuir, saisis mon sac à dos et, jetant un dernier regard attendri en direction de ma femme toujours endormie, je quitte l'appartement à pas de loup. Je chausse mes bottes sur le palier, puis dévale rapidement les deux étages de l'immeuble. Appréciant particulièrement de sortir le matin, Chipie m'accompagne jusqu'au dehors. La neige est absente et il ne fait vraiment pas froid. Sans avoir à dégivrer ses vitres, je pénètre dans ma voiture, mets en route et prends la direction d'Annecy.

 

Mon nom est Curtis Birech. Je suis un météorologue français (d'origine sud-africaine) domicilié à Thorens-Glières (Haute-Savoie), et travaillant à l'Aéroport International de Genève-Cointrin. Piloté privé, je suis membre de l'Aéroclub "Jean Mermoz", basé sur l'aérodrome d'Annecy-Meythet. 
Ayant décollé de ce terrain il y a vingt-cinq minutes, je vole en direction du sud. Le moteur de "Pegasus" tourne rond. Pegasus, c'est mon avion, un Piper Cub acheté il y a deux ans. Je l'ai baptisé ainsi en hommage à mes deux filles, cavalières professionnelles adorant les chevaux. J'ai peint moi-même en rouge son nom sur le fuselage jaune. Le Piper Cub, ou J3 (ou encore L4 pour ce qui est de sa version militaire) est un avion américain, un biplace en tandem dont la conception remonte à la fin des années trente. Appareil léger, sans volets d'atterrissage et doté du strict nécessaire au niveau de ses instruments de vol (badin, altimètre, boussole, compte-tours et radio), toutes versions confondues il a été construit à plus de 20'000 exemplaires. Le mien date de 1943, c'est un L4 de l'US Air Force, ayant servi d'appareil d'observation, en Italie, durant les deux dernières années de la Seconde Guerre mondiale. Provenant d'un surplus d'après-guerre stationné à Naples, il a été acquis par l'aéroclub suisse de Porrentruy en 1946. Fait singulier, et pour moi troublant, il provenait du même lot que le L4 immatriculé HB-OXD, sur lequel j'ai passé ma licence en 1982. En 1988, il a été vendu en France, puis a changé deux fois de propriétaire avant d'arriver à l'aérodrome de Grenoble-Le Versoud, en 2001. C'est là qu'il a été mis en vente, et que je l'ai acquis l’année suivante. Il est immatriculé F-AZMC et figure au registre des avions historiques.
     
Mon altimètre affiche 6'000 pieds-sol (1'800 mètres), en légère montée, et je survole le village de La Léchère. Equipé de skis, mon brave petit Cub et ses 90 chevaux m'emmènent à 70 nœuds (130 km/h) vers un paradis pour aviateurs. Après quelques minutes, légèrement sur ma gauche j'aperçois clairement le Pic de l'Etendard, culminant à près de 3'500 mètres d'altitude. Je maintiens un cap au 210, toujours en montée, de façon à atteindre la même altitude, puis vire à bâbord, en direction du glacier de Saint-Sorlin. C'est là que je vais tenter de me poser. Les renseignements pris avant mon vol indiquent une surface en bon état, recouverte de neige pas particulièrement abondante et légèrement tassée. Le vent est calme et, vu d'ici, en contrebas, le toboggan de neige est magnifique. J'effectue un circuit à main gauche, en descente jusqu'à 10'500 pieds, puis je survole le glacier à vitesse légèrement réduite, observant l'état de sa surface. Des traces d'atterrissages sont bien visibles, c'est bon signe, tout me semble ok. Je remets les gaz et entame un nouveau tour de piste. Je maintiens 10'500 pieds d'altitude, puis je m'aligne sur le glacier et entame ma descente, le nez de mon Piper pointé sur la cime du Petit Sauvage, assez loin devant moi. Sur une pente d'environ 15%, je pose en douceur, à une altitude de 9'600 pieds (2'900 mètres). Comme à chaque atterrissage, j'ai une pensée pour Jean-Claude, mon instructeur, avec qui j'ai atterri ici des dizaines de fois. Pegasus glisse sur son aire. 
Je maintiens assez de puissance afin de parvenir au sommet de la pente. Au moment de basculer le fuselage de l'appareil dans l'autre sens, je ressens un choc assez violent au niveau de la roulette de queue. Aïe ! J'ai dû toucher la pointe d'un rocher, et je crains que le ski ne se soit brisé.  J'immobilise l'appareil, en position adéquate pour repartir sans problème, coupe les magnétos et saute au dehors pour constater les dégâts. La patinette de poupe est tordue et seule son arête bâbord demeure en contact avec la neige ! J'essaie de la redresser un peu mais n'y parviens pas. Ça ne devrait pas m'empêcher de repartir et, à Annecy, je me dis que cela devrait me permettre d'atterrir sans trop de problème. Mais qu'ai-je bien pu toucher pour en arriver là ? Je remonte la pente et me dirige à l'endroit où j'estime que le choc s'est produit. Au milieu des traces de mon avion, une pièce de métal rouillé affleure au ras de la neige. Intrigué par cet insolite objet, je l'empoigne et tire violemment. Après deux bonnes minutes d'effort, la tige s'arrache du sol. Qu'est-ce que c'est que ce truc ? Perplexe, je le tourne et le retourne dans tous les sens : un peu plus d'un mètre de long, légèrement tordu, ça ressemble à une fourche de train d'atterrissage. Peut-être celle d’un appareil ayant posé au même endroit. Mais une machine apparemment beaucoup plus grosse que le mien, et ayant atterri il y a plusieurs années, le bas de l’objet mystérieux étant serti dans une couche de glace ne datant pas de la nuit dernière. Perplexe, je me demande comment cette fourche a bien pu se retrouver à cet endroit un jour. Un accident, peut-être…

 

Armé de la petite pelle et du pic faisant partie de l'équipement de montagne du Piper, je creuse comme un damné ! J'ai le cœur qui bat à plus de 120 pulsations minute. Mais pas seulement en raison de l'effort et de l'altitude, non. Ce à quoi je pense est invraisemblable. Il ne peut s'agir de cela. Un quart d'heure plus tôt, pas très loin de l’endroit où j'ai trouvé cette pièce métallique, il m'a semblé voir autre chose émergeant à peine de la neige. Je m'y rends sans tarder. Et je tombe sur un autre objet bizarre. Ayant fini de le dégager, je vois que là encore il s’agit d’une pièce métallique. A cet endroit, la couche neigeuse est peu importante et elle demeure très malléable. L'objet de métal a sans doute été libéré par le glacier lors des canicules de l'été dernier, et la douceur de cet hiver. J'arrive à dégager sans trop de peine sa partie supérieure. Mais pour ce qui est du reste, la glace l'enserre encore avec force. Je creuse comme un malade. Donnant des coups de pelle et de pic à en perdre haleine. Après vingt bonnes minutes d'effort, exténué, je parviens à extraire la pièce mystérieuse. De forme ovale et relativement plate, sa partie supérieure est presque entièrement recouverte de rouille. Mais tout ce qui était emprisonné dans la glace est en bien meilleur état. Et je n'en crois pas mes yeux. C'est impossible, je dois rêver ! Ce que je tiens entre mes mains ne peut correspondre à la réalité.
Dominé par le massif du Grand-Sauvage, assis dans la neige et la tête entre les mains, les pensées m'assaillent. Je revois Tintin, dans les montagnes de l'Himalaya, marchant dans une contrée hostile, à la recherche de Tchang, lui seul persuadé que son ami est encore en vie. Je revois l'épave de ce DC-3 que, à force d'obstination, le reporter est parvenu à retrouver. Ce que je viens d’extraire de la glace est d’une importance exceptionnelle. Je pense à Jean-Claude, une fois encore, à Hermann Geiger, hélas disparu depuis près de cinq ans, lui qui, le premier, m'avait initié aux atterrissages sur glacier. Pourquoi ne sont-ils pas là ? Je pense à ma femme, qui m'attend. J'aurais tant aimé qu'elle soit ici, près de moi dans ces instants bouleversants. Je songe à mes filles Megan et Caitlin, nées d’un autre mariage, et que j'ai emmenées avec moi plusieurs fois depuis l'acquisition du Cub. Et je suis au bord des larmes. On a tellement écrit, j'ai tellement lu ceux qui pensaient savoir ce qui "lui" était arrivé. Certains étaient proches de la vérité, beaucoup d'autres étaient à mille lieues de cette hypothèse qui est désormais la mienne. Je me sens affreusement mal, horriblement seul ! Aurai-je le droit d’annoncer ma découverte, celui de briser le mystère, de casser le mythe ? Je ne sais pas, je ne sais plus, je suis complètement perdu. Je pense à Jenny. J'aimerais pouvoir l'appeler, lui raconter, mais depuis ce glacier, isolé de tout et surtout à des lieues de la plus proche cabine téléphonique, que puis-je bien faire ? 

 

Piloter sans penser à cette incroyable découverte exige de ma part un très gros effort. Je vole en direction d'Annecy. J'ai dû rester là-haut plus d'une heure, assis sur ce glacier, perdu dans mes pensées. Après avoir, en vain, cherché d'autres éventuels débris, j'ai embarqué les deux pièces de métal et les ai sanglées solidement sur le siège avant. A l'arrière, je tente de ne pas me pencher sans cesse en avant, afin de me prouver que je n'ai pas rêvé. Mais non, je ne rêve pas. Sur le coussin avant, les deux morceaux de métal sont là. Bien réels. 
Pour le retour sur Annecy, je suis reparti directement vers le nord, rejoignant ainsi la vallée de la Maurienne. Je ne passe pas très loin de Méribel, et je brûle d'envie d'aller m'y poser, d'aller montrer mes ahurissantes trouvailles à Jean-Claude, lui qui m'a tout appris du vol et des atterrissages en montagne. Mais je renonce à le faire. Je veux partager ma découverte avec ma femme. Avec elle d'abord. J'arrive à la verticale de Faverges. Je maintiens 6'000 pieds jusqu'à la pointe sud du lac d'Annecy. Là, je réduis fortement les gaz et enclenche la réchauffe du carburateur. J’entame une descente en pente douce, tout en demeurant au-dessus des eaux claires de ce lac extraordinaire de beauté. Encore tout chamboulé par cette incroyable aventure, je parviens néanmoins à me concentrer pour l'intégration dans le circuit VFR du terrain de Meythet, et pour les checks précédant l'atterrissage. Peu avant de contourne, par l'ouest Annecy-la-Belle, je remets un peu de puissance, et c'est à ce moment précis que le moteur du Cub s'arrête sans crier gare.
Deux secondes de panique ! Je pousse sur le manche, afin de garder une vitesse suffisante. Même si j'ai encore assez d'altitude, j'évalue rapidement que celle-ci ne me permettra pas de faire l'approche la plus directe vers la piste de Meythet. Trop lointaine encore ! Je regarde alentour. De l'eau, rien que de l'eau et des arbres sur les rives. J'éprouve un instant de sueur intense, pensant à mes filles et à Jennifer. Le moteur de mon Cub n'est pas pourvu d'un démarreur ; l'hélice doit être lancée à la main. Impossible donc de tenter une remise en marche. Par conséquent, je vais devoir procéder à un atterrissage de fortune. Mais où me poser ? Un fol espoir m'envahit soudain à la pensée que mon appareil est équipé de skis. Le lac ! J'aperçois quelques bateaux de plaisance amarrés le long de la rive est ; j'entame un virage destiné à me présenter sur une surface libre de toute embarcation, le plus près possible de la rive car, en cette période, l'eau doit être très froide. Je me trouve à moins de cent mètres de la surface du lac, perpendiculaire au rivage, sur lequel quelques passants profitent nonchalamment du soleil, sans se douter du drame qui est peut-être en train de se jouer tout près d'eux. Le cœur en surrégime, j'entame le dernier virage qui doit me faire longer la rive. Trop brutalement, me dis-je. Décrochage rapide, impossible de redresser la machine. Je me sens basculer sur la droite et plonger presque à la verticale dans l’eau. Impact, violent, perte de conscience, trou noir.

 

Le Dauphiné Libéré, édition du vendredi 27 février 2004.
Du nouveau dans l'affaire de Pegasus, ce petit avion de tourisme, ainsi baptisé par Curtis Birech, son propriétaire et pilote, qui s'est abîmé de façon inexpliquée dans le lac d'Annecy le 16 janvier dernier, et dans lequel l'homme aux commandes a perdu la vie. Les premiers éléments de l'enquête tendraient à prouver que l'hélice du monomoteur ne tournait pas au moment de l'impact avec les flots. Le défunt pilote aurait donc été victime d'une panne-moteur, ce que des témoins flânant sur la rive du lac ont pu corroborer. D'autre part, on vient d'apprendre que les deux pièces métalliques retrouvées sur le siège avant du Piper Cub, et dont la présence à bord demeure inexpliquée, ont bien séjourné dans la glace pendant plusieurs décennies. L'étude et les analyses ont démontré que la jambe de train et la dérive en question proviennent d'un chasseur américain P-38 Lightning, lequel a dû s'abîmer dans les montagnes pendant la guerre. Apparues dès la découverte des pièces dans l'épave du Piper, les conjectures selon lesquelles ces deux éléments appartenaient à l'appareil d'Antoine de Saint-Exupéry n'ont pas été confirmées, mais estimées plus que probables. L’appareil et l'écrivain pilote, dont la dernière mission de guerre du 31 juillet 1944 consistait en un vol de reconnaissance devant le mener de Borgo (Corse) jusqu'aux alentours de Chambéry (Savoie) et retour, se seraient donc écrasés dans un massif alpin. Si l'expertise poussée plus avant se confirme, elle mettra fin à la légende selon laquelle le pilote français et son appareil auraient disparu en Méditerranée, entre Corse et continent. Voici la description des deux pièces retrouvées à bord du Piper Cub de l’infortuné pilote, auteur de cette incroyable découverte :

    a) Elément en grande partie rouillé d'une jambe de train avant d'un Lockheed P-38J "Lightning. Pas de numéro de série visible.
     b) Partie supérieure de la dérive ovale droite (incomplète) du même type d'appareil. Sur cette pièce, à peine abîmée par trois décennies de séjour forcé dans la glace, figure une petite cocarde rectangulaire, écusson de trois couleurs ou l'on devine du bleu, du blanc (grisâtre) et ce qui a dû être du rouge. Au-dessus de ce blason, figure le nombre "223", à peine effacé et qui, jadis, devait être peint en blanc. 

Aux yeux des spécialistes, ce numéro précis est la preuve irréfutable que cette pièce provient bien du Lockheed F-5B Lightning, version de reconnaissance du chasseur américain P-38, utilisée par le Groupe de Reconnaissance 2/33 français en 1944, matricule 42-68223 dans lequel Antoine de Saint-Exupéry a effectué sa dernière mission de guerre, son dernier vol du 31 juillet 1944. Mais voilà, personne ne sait où ces précieux objets ont été retrouvés par Curtis Birech, le pilote du Piper. La compagne de ce dernier, elle aussi au bénéfice d'une licence de vol du même type, ignorait l'endroit exact où son conjoint allait se poser. Celui-ci, titulaire d'une qualification lui autorisant l'atterrissage sur glaciers et en ayant plus de 800 à son actif, a simplement confié à la femme partageant sa vie qu'il allait, ce jour-là, effectuer un vol dans les Alpes et se poser sur quelques surfaces de montagne…

Quelques mois après la découverte de diverses pièces d'un P-38 non-loin de l'île de Riou, au sud de Marseille, pouvant appartenir à l'appareil de l'écrivain et pilote, mais pas encore certifiées comme telles, tout est donc remis en question. Ainsi, la disparition d'Antoine de Saint-Exupéry vient de s'entourer d'un nouveau mystère. Mais le dénouement et la vérité demeurent très incertains. Parce qu'on ne découvrira peut-être jamais rien d'autre dans les montagnes, aucun nouvel indice. Passer au peigne fin une si vaste région (rien n’a encore été décidé à ce sujet) prendra des mois, voire des années, et ceci sans avoir aucune certitude de faire progresser l’enquête. Comme si, en s'abîmant dans le lac d'Annecy, Curtis Birech avait voulu apporter sa propre contribution (bien involontaire, hélas pour lui) à entretenir un mystère qui dure depuis près de soixante longues années, et qui ne se trouve pas à la veille d'être totalement élucidé…
6 mai 2025 __________________________________________________

​Le dernier vol d'Icare


Rome, Cité du Vatican, dimanche 31 mars 2019, 1 heure 30 du matin. Dans la vaste et magnifique salle de bains de ses appartements privés, le vieil homme est étendu dans sa baignoire, aux trois-quarts pleine. Un léger sourire aux lèvres, il semble somnoler. Un fin jet d’eau brûlante coule du robinet doré, et la vapeur qui s’en dégage recouvre entièrement la grande glace surplombant les lavabos. L’homme ne bouge pas. Les yeux immobiles, grand ouverts, semblent fixer avec douceur le linge de bain posé sur la petite armoire blanche aux montures de portes elles aussi dorées. L’eau de son bain, quelque peu souillée par de la matière sans doute issue de son estomac, le vieillard a le teint blafard, et son menton est couvert de traces légèrement jaunâtres. Puis, lentement, son corps glisse vers le fond de la baignoire. Le menton entre en contact avec l’eau, puis la bouche et le nez. Aucune réaction. Maigre, presque rachitique, le corps amaigri continue de s’enfoncer dans le liquide. Bientôt ce sont les yeux, puis le front et la racine des premiers cheveux de l'homme qui passent sous le niveau de l’eau. Le robinet continue de couler, réchauffant cette masse inerte immergée dans son dernier bain. Le corps se stabilise alors, mais aucun mouvement ne vient le secouer, comme la possible noyade aurait été censée le faire. Par une tiède fin de soirée de printemps, alors qu’il prenait son bain quotidien, l'ultraconservateur Lorimer Querez, âgé de 81 ans et 267ème pape de l’histoire, ayant choisi le nom de Jean XXIV, vient de rendre son âme à dieu. Le règne du Saint-Homme philippin à la tête de l’Eglise catholique n’aura duré que 27 mois.

Le même matin, à 8 heures 10, devant la dépouille de sa Sainteté toujours plongée dans l'eau maintenant refroidie de la baignoire, Pierre Montignez, colonel comandant la Garde suisse et Fabio Juvente, cardinal camerlingue en charge des biens du Saint-Siège pendant la vacance du pouvoir pontifical, ont le visage marqué d'une profonde gravité. Appelés une heure plus tôt par le secrétaire du défunt pape, tous deux ont immédiatement gagné les appartements de ce dernier. Le colonel, fervent croyant jurassien de 48 ans, grand et svelte, biologiste de formation, s'est vite rendu compte que les résidus jaunâtres, ayant coulé sur son menton, indiquaient que sa Sainteté, n'était pas décédée de façon naturelle. Pour lui, il est certain que Jean XXIV est mort par empoisonnement. Mais comment, et qui a bien pu commettre cet odieux méfait ? Et puis, que faire, que dire à ceux qui sont en droit de savoir ? Les deux hommes partagent un dilemme intense. Auront-ils le droit de révéler cette terrible nouvelle aux chrétiens du monde, si l'autopsie confirme ce qui n'est encore, officieusement, qu'une hypothèse ? 
     
Ile d’Elbe, jeudi 4 avril 2019. Au-dessus du terrain de Marina di Campo, de gros nuages sombres se font de plus en plus menaçants. La température est fraîche pour la saison, mais à l’approche d’un front chaud, l’orage menace. Dans le petit hangar, loué pour l’occasion, quatre hommes s’affairent autour du Pilatus PC-12. L’appareil, un petit mono-turbopropulseur à décollage court, est arrivé hier. Aussitôt, les travaux ont commencé. Afin de créer l’espace nécessaire à l’installation de l’équipement prévu, les neufs sièges, ainsi que tout ce qui était nécessaire au confort des passagers, ont été retirés de la cabine. Après quoi, sur le plancher nu, les techniciens ont fixé un simple socle, destiné à recevoir et fixer l’élément indispensable à la mission que devront accomplir l’avion et son seul pilote. A cette saison, les touristes et le trafic aérien sur l’île d’Elbe sont encore peu nombreux. Un bien pour les occupants de ce hangar mystérieux, vivant en vase clos, méfiants envers quiconque, et tous conscients de l’importance de la tâche qui leur a été confiée.
 
Lundi 8 avril. Le PC-12 étant fin prêt, les techniciens peuvent procéder à l’installation de l’élément dont dépend entièrement la réussite de la mission. Avec d’infinies précautions, la grosse capsule oblongue, de près de trois mètres de long pour soixante centimètres de diamètre, est introduite dans la cabine par la porte d’entrée, tout juste assez large pour en permettre le passage, puis déposée sur le socle spécialement construit pour elle. Afin d'arrimer la pièce à son support, les techniciens s’activent avec lenteur et précision. Sur l’île d’Elbe, des pluies diluviennes retiennent la majorité des touristes dans leurs hôtels. Depuis deux jours, elles n’ont pas cessé, et les hommes s’en accommodent aisément, n’étant pas là pour visiter les splendeurs de l’île. Dans son minuscule bureau, situé au fond du hangar, Kléber, le chef du projet, semble très confiant. Le plan de travail est pour l’instant parfaitement respecté. Ce vieux Pilatus, construit en 1997, pesait trois tonnes, dont 400 kilos de fuel, à son arrivée. Après le démantèlement de l’équipement cabine et l’installation de la capsule pesant 1’050 kilos, le nouveau poids de la machine se situe très exactement à 3'550 kilos. A sa pleine charge de 4,5 tonnes, un Pilatus PC-12 décolle, au niveau de la mer (ce qui est le cas à Marina di Campo), en moins de 800 mètres. Ici, la piste en fait 1'200, ce qui est donc parfait pour ce genre d’appareil. Avec 800 kilos de fuel (1'000 litres) et les 90 kilos du pilote, le poids maximal au décollage sera ainsi presque atteint.
 
Kléber Moustiers est un pilote de ligne québécois, exerçant ce métier depuis plus de quinze ans. Récemment promu commandant de bord sur Boeing 787, il est employé par la compagnie hongkongaise Cathay Pacific. Agé de 47 ans, il dispose en ce moment d’un congé non rémunéré de dix-huit mois. Divorcé, il est le père de deux filles qu’il ne voit plus beaucoup. Mélanie et Chloé vivent et travaillent en France, lui est basé à Hong Kong. Actuellement au quinzième mois de son congé, il en a profité pour les voir quatre fois, la dernière datant de six semaines. Ensemble, ils ont passé huit jours idylliques à Cortina d’Ampezzo, la très attrayante station de sports d’hiver des Dolomites. L'homme a toujours été un père très aimant. Contrairement au sien qui, dans l’éducation de ses quatre enfants, régnait par la terreur et l’intolérance. Kléber et son frère Justin en ont été traumatisés jusqu’à l’âge adulte, et leur blessure commune ne s’est jamais vraiment refermée. Leurs sœurs, Léa et Marie-Josée, en ont moins souffert, la violence physique du paternel étant réservée aux seuls garçons. Aujourd’hui, le pilote se sent totalement désabusé. Il ne comprend plus ce monde qui, selon lui, se trouve dans une dérive inexorable et irréversible. Ses plus beaux moments, il les a passés avec ses enfants, dès leur naissance et jusqu’à son divorce, survenu alors qu’ils n’étaient âgés que de onze et neuf ans. De ces années durant lesquelles il vivait sa passion de père de famille, il garde une profonde nostalgie. Être séparé de ses enfants est la principale cause de sa reconversion en pilote de ligne. Avant cela, il pilotait déjà, mais n’était titulaire que d’une licence de vol privée.
     
Cité du Vatican, mardi 9 avril. Après une messe de miséricorde, célébrée sur la Place Saint-Pierre devant 80'000 fidèles, après une semaine entière destinée à lui rendre l’hommage qu’il méritait, après le poignant défilé de plus d’un million de catholiques devant la dépouille mortelle du Saint-Père, les funérailles peuvent avoir lieu, conformément à la décision de l’ensemble des cardinaux. Par l’assemblée de ces derniers, au soir du 4 avril, a été également fixée la date du début du conclave. Pâques approchant à grands pas, il a paru primordial aux cardinaux que le prochain pape soit élu avant le vendredi-saint 19 avril. Le conclave se réunira donc dès le lundi 15 avril. A 16 heures précises en ce 9 avril, par un temps radieux, le corps du pape est enseveli dans la crypte de la basilique Saint-Pierre. Jean XXIV repose désormais aux côtés de bon nombre de ses prédécesseurs, dont François, son prédécesseur, décédé le 2 janvier 2017.

Lundi 15 avril. Tous les cardinaux, à l’exception de six d’entre eux annoncés malades, sont réunis dans la chapelle Sixtine. Le conclave peut commencer. Sur la place Saint-Pierre, plusieurs milliers de fidèles se sont réunis. La cérémonie débute avec une messe célébrée par le Cardinal péruvien Ernesto Vigon. Ensuite, les modalités du scrutin sont établies et, à 14 heures, le premier tour peut avoir lieu. Au dehors, le recueillement et la prière succèdent à l’excitation préalable. A 18 heures 15, après deux tours de scrutin consécutifs non couronnés de succès, la fumée noire est envoyée dans la cheminée débouchant au-dessus de la chapelle Sixtine. Point de nouveau pape élu. 
 
Mardi 16 avril. En vase clos, les cent onze cardinaux procèdent à deux nouveaux tours de scrutin le matin. Nouvel échec ! On remet ça l’après-midi. Sans plus de succès. Dehors, sous un soleil légèrement voilé, la foule, toujours plus importante, demeure calme et silencieuse.
Mercredi 17 avril. Troisième jour d'élection. Le temps est plus que maussade, et un vent violent balaie toute la ville de Rome et la Cité du Vatican. En fin de matinée, toujours pas la moindre trace de fumée. Ce n’est que vers 17 heures que celle-ci apparaît enfin. Un mince filet, partant à l'horizontale sous l'ardeur du vent, d’abord grisâtre. Sur la Place Saint-Pierre, l’espoir renaît et la rumeur s’amplifie. L'élection serait-elle réalisée ? Non, car les volutes virent rapidement au gris foncé puis au noir le plus obscur. Encore quatre tours pour rien.
 
Jeudi 18 avril. Quatrième jour, onzième et douzième tours le matin. Sans plus de succès, hélas. Certains fidèles commencent à se poser des questions, et le bruit de fond de la Sainte Place augmente insensiblement. L’après-midi, sous un soleil revenu et devant une foule incroyable, le suspens continue. Celles et ceux qui ont expressément fait le déplacement du week-end pour cette occasion, espèrent et prient de toutes leurs forces pour que le dénouement trouve grâce dans les prochaines heures. Mais l’incertitude se prolonge. A 18 heures 40, une clameur prend naissance au fond des gorges du peuple uni dans la prière. La fumée apparaît. Grisâtre à nouveau, mais de plus en plus claire. Une onde d’espoir parcourt les fidèles. C’est bien de la fumée blanche. L’élection a eu lieu. Ils ont un nouveau Pape ! Cinq minutes plus tard, les cloches de la Basilique Saint-Pierre sonnent à toute volée. L’élection, au 14ème tour, est ainsi confirmée. 
Pendant ce temps, dans son appartement privé, le colonel Montignez termine la énième lecture du rapport d'autopsie demandé confidentiellement au docteur Sandro Grecuccio, médecin personnel du pape. Malgré sa conviction apparue dès les premiers instants, il ne parvient toujours pas à croire ce que ses yeux tentent d'imposer à son cerveau. En effet, la conclusion du rapport est sans équivoque : Sa Sainteté a été empoisonnée par ingestion de trioxyde d'arsenic, un produit ne laissant aucune chance de survie à celui qui en ingurgite une dose de 100 milligrammes et plus. Mais qui a bien pu commettre cette ignominie et comment a-t-elle pu se produire ?

Cela fait près de deux semaines que l’officier et le camerlingue se posent ces questions, sans pouvoir y répondre. L’enquête, discrète et menée uniquement par ses soins, n’a donné aucun résultat. Ayant décidé, en plein accord avec le Cardinal Juvente et le docteur Grecuccio, de ne rien divulguer de leur terrible secret, la cause du décès de l’infortuné pape a été officiellement établie en une simple crise cardiaque. Sueur au front et les mains moites, le colonel ouvre alors son coffre-fort, y dépose les papiers et referme la porte. Il glisse alors la clé dans une poche de sa tunique, et quitte son bureau pour aller assister à la proclamation de l'élection du successeur de Jean XXIV. Dans les couloirs des palais du Vatican, l’un des trois seuls hommes au courant de l’empoisonnement du pape ne parvient pas à chasser cette certitude qui lui taraude l’esprit depuis une dizaine de jours : Lorimer Querez s’est tout simplement donné la mort dans sa baignoire. Même si aucune lettre, aucun message émanant de ce dernier et expliquant son geste n’ont été retrouvés, la conviction de Montignez s’avère totale et inéluctable. 
 

A 19 heures précises, ce même jeudi 18 avril, le cardinal protodiacre du conclave, Monseigneur Giancarlo Calbotta prononce, depuis la Loggia des Bénédictions de la basilique Saint-Pierre, la fameuse phrase :
- Habemus Papam !

Le saint et heureux élu se nomme Michel Surgiens. Il est Français et né le 10 janvier 1945 à Angoulême. Cardinal depuis 2010, il faisait partie des favoris mais, comme le prouvent les nombreux tours de scrutin, son élection n’a pas été si simple que cela. Peu importe, la foule exulte. Les fidèles s’embrassent et le nouveau pape élu, souriant et apparemment décontracté, apparaît soudain à la fenêtre. Acclamations interminables… Après avoir salué longuement et prononcé la bénédiction Urbi et Orbi, après que le calme soit enfin revenu sur la place Saint-Pierre, à la stupeur générale, Sa Sainteté, âgée donc de 74 ans, annonce qu’elle régnera sous le nom de Pietro Romano (Pierre Romain), premier du nom et 268ème du genre.

 

Ile d’Elbe, vendredi 19 avril, 5 heures 30 du matin. Sur le terrain de Marina di Campo, les portes du hangar s’ouvrent lentement et sans bruit. Un petit tracteur en émerge, remorquant le PC-12 dont l’immatriculation, peinte en gris clair, se détache clairement sur un fuselage entièrement noir : I-CARE. Le ciel semble limpide et sans nuages, même si la nuit est encore bien présente. Au sol, on relève un vent du sud d’une dizaine de nœuds, ce qui rassure Kléber et les hommes de son staff, le décollage pouvant ainsi avoir lieu dans le sens prévu. La lune est en début de phase décroissante, et la belle lueur qui s'en dégage aide beaucoup la petite équipe dans son discret travail. Dans la tour de contrôle, aucune lumière n’est encore visible. Le trafic n’ouvre qu’à sept heures et les services de la circulation aérienne ne devraient pas arriver avant une heure au moins. Le turbopropulseur est remorqué jusqu'au seuil de la piste 16, nez face à la mer. Après quelques instants, tracteur découplé de l’aéronef, Le pilote procède à la mise en marche du moteur. Le temps de caler ses instruments de vol et de procéder aux checks usuels avant décollage, pouce levé, le pilote indique au personnel attendant le signal, que tout est ok.
5 heures 56. Freins de sa machine bloqués, Kléber augmente lentement le régime du moteur. A pleine puissance, paré à décoller, il lâche subitement les freins. Le turbopropulseur de 1'150 chevaux se met rapidement à rouler. Tous les paramètre étant au vert, le pilote fixe son regard droit devant et distingue parfaitement les deux lampes, installées par son équipe, figurant l'extrémité de la piste. Vitesse de décollage atteinte, le PC-12 s’arrache du sol et, à 200 pieds (60 mètres) de hauteur, il est mis en palier par l'homme aux commandes. Quelques secondes plus tard, la terre fait place à la mer et, tous feux éteints, l’avion fonce dans la nuit, cap au 150 (sud-est). Moins de cinq minutes après l’envol d’I-CARE, les quatre hommes restés au sol s’engouffrent dans le Beech 200, un bi-turbopropulseur tracté une heure auparavant et garé, prêt au départ, sur la baie d’attente de la piste 16. Pilote déjà à bord et moteurs en marche, l’appareil décolle en trombe. Dès qu’il est en l’air, l’homme aux commandes entame un large virage à tribord et met le cap à l’ouest, maintenant lui aussi son aéronef à très basse altitude.
5 heures 58. Le PC-12 a un peu moins de cent vingt nautiques (220 km) à parcourir. Volant à 280 nœuds (520 km/h), le plus bas possible, dans vingt-six minutes le voyage devrait être terminé, l'œuvre accomplie. Si la mission a lieu en ce vendredi-saint de 2019, c’est ainsi qu’elle a toujours été planifiée. Mais le fait que Jean XXIV ait été, dans l’intervalle, remplacé par un nouveau pape, de plus élu la veille même de la mission, est une coïncidence incroyable et totalement imprévisible. Aux commandes de son Pilatus, Kléber se sent calme et parfaitement déterminé. L’espace de quelques secondes, son regard quitte les instruments de bord pour se fixer sur l'interrupteur rouge, installé sur le côté gauche de la console dans laquelle sont implantées les manettes réglant la puissance. A sa vue et à ce qu’il représente, il ressent un petit frisson lui parcourir l’échine dorsale, mais il se reconcentre immédiatement sur sa navigation. Encore quelques minutes à maintenir cette direction et l’aéronef entamera un virage à gauche, cap au 090. Au dehors, sur une mer calme, les reflets de la lune défilent à toute vitesse sous la machine, dont la vitesse et l’altitude demeurent stables, déterminées qu’elles sont par le pilote automatique.

 Aéroport de Rome-Fiumicino, centre de contrôle aérien, 6 heures 19. En charge de la surveillance du ciel dans la région, Giulia aperçoit soudain, surgi de nulle part, un écho s'afficher sur son écran radar. Distance 4 nautiques (7,5 km), vitesse 250 nœuds, à 800 pieds en montée, et cap au 090 (plein est). Cette direction doit mener l'aéronef, car c'en certainement un, en plein au-dessus de la ville de Rome, dont l'espace aérien est totalement bouclé en raison du conclave. Son intuition féminine en alerte, immédiatement et avant même de tenter un contact avec l'intrus, l'employée du contrôle saisit la gravité de la situation et, sans la moindre hésitation, décroche le combiné du téléphone en appuyant sur le bouton rouge de son clavier. A l’autre bout du fil et de l’aéroport, le colonel Fabio Urbani décroche avant même la fin de la première sonnerie…
 

Vatican, Place Saint-Pierre, 6 heures 23. A cette heure-ci du matin, l’immense place est presque déserte. Les derniers éboueurs en finissent avec leur mission consistant à faire disparaître les centaines de kilos de détritus, laissés derrière eux par les fidèles venus assister à l'élection et à la bénédiction du nouveau pape. Le ciel est clair, le soleil est en train de se lever et la température est encore fraîche. À l’entrée de la basilique Saint-Pierre, Ali, l'ouvrier turc, n’en peut plus. Son travail de nuit le fatigue de plus en plus, et il songe sérieusement demander à passer en équipe de jour. Appuyé contre son container aux trois-quarts plein, il baille langoureusement, le nez pointé vers le ciel, regardant en direction de l'est. Il reste ainsi, bouche bée, ne semblant pas vraiment se rendre compte qu'un avion est en train de lui foncer dessus. Ce sera là son ultime vision.

6 heures 23. Toujours en montée, et arrivé à la verticale de Rome, Kléber vire en direction du nord-ouest, de façon à avoir le soleil dans le dos. Parvenu au sommet de sa parabole, il réduit progressivement la vitesse du Pilatus, et incline alors le nez de celui-ci en direction du sol. Devant lui, la Cité du Vatican est encore plongée dans la douce torpeur de cette fin de nuit. Insensible à ce tableau, auquel n'importe quel peintre aurait succombé, il remet alors les gaz à fond, visant le dôme de la basilique, qu’il distingue parfaitement. Sa main droite quitte alors les commandes et il pose son pouce sur l'interrupteur rouge fixé sous la manette des gaz. Tenant fermement le manche de sa main gauche, lorsque son altimètre indique la valeur de 600 pieds (180 mètres) au-dessus du sol, après une dernière pensée pour ses enfants, et le vide parfaitement établi dans son esprit, le pilote appuie alors sur la commande. Le PC-12 percute la basilique à l’endroit visé, s’enfonçant en elle comme une cuillère dans une motte de beurre ramolli. Une seconde plus tard, grâce à la commande à effet différé sur laquelle il venait d’appuyer, la bombe d’une tonne installée dans l’appareil explose, réduisant son corps de kamikaze en souvenir douloureux pour tous les membres de sa famille.

 

Au même moment, sur le seuil de piste 07, les deux Tornado de l’Armée de l’Air italienne, spécialement basés sur l'aéroport de Fiumicino à l’occasion de l’élection du nouveau pape, sont prêts à prendre l'air. Après l'ordre reçu de leur colonel, il n'aura fallu aux pilotes, parfaitement entraînés, que quatre minutes pour se retrouver à l'amorce du décollage. Mise en puissance rapide des quatre moteurs des appareils. Après moins de huit cents mètres de roulage, une grosse lueur envahit le ciel, droit devant eux, suivie d’une boule de feu cernée d'une impressionnante fumée noire. Décollage effectué et post-combustion allumée, deux minutes suffisent aux appareils pour parcourir les dix-huit kilomètres qui les séparent de la Cité du Vatican. A leur approche, l’épaisse fumée a pris des proportions gigantesques. Aérofreins enclenchés, les deux pilotes exécutent alors une large volte autour de la basilique Saint-Pierre, volant à vitesse et altitude minimales. Ce qu’ils aperçoivent alors pétrifie leur regard : la basilique est en feu, apparemment entièrement détruite. Tout autour d’elle, un grand nombre de bâtiments sont dans le même état. La place Saint-Pierre paraît déserte et, au nord-ouest de celle-ci, la Chapelle-Sixtine se révèle être en piteux état, son toit ayant entièrement été emporté par le souffle de l’explosion. Ayant communiqué au contrôle aérien ce qu’ils voyaient, les deux Tornado sont envoyés en observation à plus haute altitude. Deux autres appareils du même type se joignent à eux, alors que plusieurs hélicoptères prennent, proches du sol, le relais des jets. Leurs pilotes, totalement incrédules et choqués par ce qu’ils sont en train de voir, remarquent alors que, peu à peu et surgissant de toutes parts, une multitude de véhicules, feux bleus enclenchés, se dirigent à toute vitesse vers la place Saint-Pierre.

 

Rome, vendredi 19 avril, 19 heures. Le Saint-Siège, Rome, toute l’Italie, et le reste du monde sont en état de choc. Conformément à ce que les pilotes des Tornado ont pu observer de leur cockpit, la basilique et plusieurs bâtiments l’entourant (dont la Chapelle-Sixtine) ont été détruits ou très gravement endommagés, desquels se dégage encore une fumée grise relativement épaisse ; comme si le nouveau pape n'avait toujours pas été élu… Aucune cérémonie de célébration du vendredi-saint n’a évidemment pu avoir lieu au Vatican. La Cité tout entière est bouclée, et la police a beaucoup de peine à contenir l’immense foule désireuse de gagner la place Saint-Pierre. Se trouvant dans sa résidence de Santa-Martha, située à une cinquantaine de mètres au sud de la basilique, le Saint-Père a été fauché dans son sommeil, et figure parmi le nombre des victimes. A ses côtés, dans un bilan encore très provisoire, 49 des 112 cardinaux y résidant également (à l’année ou juste pour le conclave) ont eux aussi perdu la vie dans cette tragédie, auxquels il convient d’ajouter 17 personnes, dont 3 gardes suisses, œuvrant au bien-être et à la sécurité de tous ces hommes placés à la tête de l’Eglise catholique. A cela, il faut ajouter plus d'une centaine de blessés, plus ou moins gravement atteints, dont 23 cardinaux. Tellement décriée ces derniers temps, et privée de sa substance divine, la deuxième plus importante religion mondiale se retrouve ainsi au bord du gouffre. Même si la foi, paraît-il, soulève des montagnes, il semble bien qu'elle ne s'en relèvera pas avant longtemps.
 
Le soir même de ce vendredi-saint, le bureau romain de l'hebdomadaire français "La Foi" reçoit un appel téléphonique anonyme revendiquant la responsabilité de l’attaque. Dans un français parfait, l’homme au bout du fil prétend faire partie d’une organisation, jusqu’alors inconnue, baptisée "Prêtres Abuseurs et Pédophiles en Enfer" (PAPE). Dans son message, l’inconnu annonce également que "d’autres actions de ce genre vont être menées, ceci jusqu’à la disparition totale et définitive de cette religion abominable que représente le catholicisme." 

 

Après plusieurs mois d’enquête, la police est parvenue à cerner assez précisément la personnalité de l’homme directement responsable de cet attentat. En France, le site Internet d’actualités "web-news.info" sera le premier à dévoiler des informations précises sur le sujet. Dans un article daté du 12 décembre 2019, on peut y lire :

Le pilote du Pilatus PC-12 ayant, le 19 avril dernier, percuté la basilique Saint-Pierre de Rome, se nommait Kléber Moustiers, un commandant de bord canadien employé par la compagnie aérienne Cathay Pacific, basée à Hong-Kong. L’homme est né le 24 novembre 1971 à Trois-Rivières, ville québécoise située à mi-chemin entre Montréal et Québec, était domicilié à Londres. Il aura fallu plusieurs semaines d’enquête pour établir formellement son identité. Par la suite, les choses se sont enchaînées assez rapidement. La police a ainsi réussi à obtenir l’autorisation de procéder à l’ouverture du coffre qu’il détenait dans une agence londonienne de la banque HSBC. Dans les divers documents que l'homme y avait déposé, figure une longue lettre dans laquelle il explique ses motivations, certaines datant de sa plus tendre enfance. Ce courrier fut ouvert le 25 octobre dernier, par le juge d’instruction chargé de l’enquête. On apprit ainsi que Kléber Moustiers, fils aîné d’une famille très catholique de Trois-Rivières fut, dès 1980 et pour une période de trois années consécutives, envoyé par ses parents dans un institut de redressement tenu par des prêtres et des capucins. Enfant jugé turbulent et indiscipliné par un père violent, et par plusieurs enseignants des établissements scolaires qu’il avait fréquentés auparavant, cet internement était destiné à le "remettre d’aplomb" et à lui inculquer les "valeurs les plus nobles de la religion catholique". Malheureusement pour le garçon, au cours de la deuxième année de sa présence dans l’institut Saint-Sauveur de Québec, un prêtre nouvellement arrivé abusa sexuellement de lui durant de longs mois. Terrorisé par l’augure de ne pas être crû par ses parents s’il leur en parlait, et par la violence paternelle qui en découlerait à coup sûr, l’enfant n’osa dénoncer ces faits odieux, et subit l’horreur pendant plus d’une année et demie, jusqu’à ce que, jugé plus docile, il soit rendu à sa famille. Traumatisé pour le reste de ses jours (sic), Kléber demeura muré dans le silence.

En 1989, ayant atteint sa majorité, le jeune homme quitta le domicile parental et s’installa à Montréal, afin de poursuivre ses études en ingénierie aéronautique. Cinq ans plus tard, diplôme en poche, il fut engagé par Airbus Industrie et émigra en France. A Toulouse, il rencontra rapidement celle qui allait devenir sa femme. Epousée en 1994, Michèle, la mère de ses deux enfants, fut la première personne avec qui il osa parler de la barbarie dont il avait été l’objet à l’institut Saint-Sauveur. Mais il le fit au moment où ses relations avec elle commençaient à se détériorer. Et, en 2006, divorce consommé, il redevint un être vivant seul avec son secret. A la majorité de sa seconde fille, celle-ci et sa sœur furent également mises au courant de son calvaire. Profondément choquées, les jeunes femmes l’incitèrent à porter plainte et à témoigner auprès d’une association venant en aide aux victimes d’actes pédophiles. Mais, lassé, leur père y renonça, malgré le fait qu’il ait bien-sûr été au courant de toutes les affaires de prêtres pédophiles ayant, à cette époque, éclaté aux quatre coins du monde. Dans sa lettre, malgré la haine viscérale et indéfectible qu’il vouait toujours à l’Eglise catholique, il prétend avoir voulu changer de vie et d’horizon. Il entama alors une formation de pilote professionnel, puis de ligne et, en 2009, il fut engagé par la compagnie hongkongaise Cathay Pacific. Quatorze ans plus tard, il était promu commandant de bord sur Boeing 787. Au moment de l’attentat contre la Cité du Vatican, il était au bénéfice d’un congé non rémunéré de dix-huit mois, qu’il avait lui-même demandé, peut-être pour mettre au point l’attaque du 18 avril dernier.
 
Il est bon de rappeler que, au soir-même de la tragédie meurtrière du 19 avril dernier, un correspondant anonyme avait revendiqué, au nom d’une organisation baptisée "PAPE !" (Prêtres Abuseurs et Pédophiles en Enfer !), la responsabilité de l’attentat. Dans sa lettre, Kléber Moustiers n'en parle pas et, que ce soit au niveau de la police ou des médias ayant mené leur propre enquête, à l’heure où nous rédigeons ces lignes, personne n’a réussi à en apprendre davantage sur cette mystérieuse organisation. Ni l’ex-femme, ni les enfants du pilote kamikaze, ont révélé les enquêteurs, n’ont jamais entendu parler de ce qui semble être un groupuscule extrêmement réduit. L’auteur du coup de fil revendicateur ayant précisé que d’autres actes du même genre allaient se produire là où la religion catholique est particulièrement présente à travers le monde, cette terrifiante menace n’a pas encore été mise à exécution. Il convient donc d’espérer que la poursuite de l’enquête parvienne rapidement à des résultats permettant d’en savoir plus sur ces fossoyeurs de la première religion chrétienne mondiale, afin de les neutraliser avant qu’un nouveau massacre ne se produise, dans un endroit que, bien sûr, personne n’est en mesure aujourd'hui de déterminer.

 

Remarque de la rédaction concernant le catholicisme et la papauté :

Attribuée à Saint-Malachie d'Armagh, évêque d'Irlande né en 1094 et mort en 1148, la "Prophétie des Papes" est constituée de 111 devises latines, publiées pour la première fois en 1595, correspondant aux 111 papes qui, selon le prophète, régneraient depuis Célestin II (1143-1144) jusqu'à "Petrus Romanus". Pierre-Romain serait ainsi le dernier pape élu avant la fin du monde, ou peut-être de la religion catholique…

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--- Fiction rédigée en 2006, puis adaptée en 2019 ---

4 mai 2025 __________________________________________________

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