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André Raimbourg, dit "Bourvil"  27 juillet 1917 - 23 septembre 1970
Quarante-trois ans déjà ! De ce jour-là, de ce maudit mercredi 23 septembre 1970 je me souviens comme si c'était hier. J'étais au travail, et la radio installée dans mon bon vieux Mercedes avait annoncé la triste nouvelle. Pour moi c'est un monde qui s'effondrait. Un monde de rires mais aussi de tendresse et d'émotion. Car si tu savais faire rire André, tu parvenais aussi à nous tirer des larmes. J'avais seize ans et, émergeant de la triste grisaille de l'enfance, mes distractions c'est le samedi que j'en profitais. Dans les cinémas de la ville, là où étaient en principe joués les grands films populaires. Toi et ton compère de Funès aviez mes faveurs en ce temps-là. Toi surtout. J'adorais tes films et les situations cocasses dans lesquelles tu excellais. Mais je ressentais aussi l'émotion que diffusaient d'autres séquences où là, l'immense acteur donnait une véritable dimension à toute l'étendue de son talent. Dans ce registre, l'une des plus magnifiques scènes que tu aises jamais jouées se situe dans "le Corniaud". Lorsque, dans le restaurant romain où tu as invité la jeune manucure de son hôtel, tu te rends soudain compte que celle-ci s'est jouée de toi et n'a accepté ton invitation que pour rendre jaloux son fiancé. Ce moment-là, cet instant précis où, debout devant la table, assiette et fourchette en main et désirant terminer ton repas, tu prends conscience qu'on s'est joué de toi, c'est un monument dont on devrait se servir comme exemple dans tout cours de comédie digne de ce nom.

Cinquante-trois ans ! Plus de cimq décennies que l'eau coule sous le pont, sans que le sang ne passe plus dans tes veines. Ta disparition n'a pas empêché le monde de tourner, mais elle me l'a fait voir d'une autre façon. En relisant dernièrement l'une de tes biographies, j'ai été très ému par une déclaration dans laquelle tu disais combien tu aimerais devenir vieux, avoir quatre-vingts ans et profiter de ta retraite, entouré de ta famille, de tes enfants et de tes petits enfants. De ces quatre-vingts ans, tu n'auras vécu que les deux tiers. Il s'en est fallu de vingt-sept années pour que tu les atteignes. Une paille ! Une broutille ! Une injustice ! Une de plus d'un destin aveugle, inique et partial...
En mai 2006, pour la première fois de ma vie, je suis parti visiter la Normandie. Pour voir Honfleur, Le Havre et l'estuaire de la Seine, les plages du débarquement, pour visiter Etretat et les ports de la Seine-Maritime, pour admirer la mer et m'imprégner du cri des goélands. Mais aussi et surtout, André, pour rendre visite à ton beau Pays de Caux. Alors j'ai vu Prétôt-Vicquemare, Fontaine-le-Dun et Bourville. J'ai vu la petite école sur les bancs de laquelle tu usais tes fonds de culotte. En face d'elle, j'ai osé entrer dans l'impressionnante église aux splendides vitraux, devant laquelle, dans le petit cimetière, reposent les Raimbourg et les Ménard, ceux qui furent ta famille et que tu aimais. Dans cette très verte campagne normande parsemée d'immenses champs cultivés, là où tes racines demeurent ancrées pour toujours, là où l'on prétend qu'il ne cesse de pleuvoir, le soleil m'a fait l'honneur de sa présence et le séjour s'est déroulé comme dans un rêve. J'ai vu Tonneville, le petit hameau voisin de Bourville. C'est là que tu as passé ton enfance. Et j'ai vu ta maison. Une bâtisse très sobre faite de briques rouges et entourée de verdure, d'arbres et de prés sur lesquels il m'a semblé te voir jouer, courir et t'entendre crier. Je suis resté là longtemps, ne pouvant plus me détacher de cet endroit. Sur le fil de la clôture, une bergeronnette est venue se poser. Tout près de moi et chantant de toute la puissance de sa voix mélodieuse, parée de son soyeux plumage jaune, tranquille sur son fil, confiante malgré ma présence toute proche. Et je me suis dit que cet endroit avait quelque chose de magique, que cet oiseau, d'habitude si farouche, était peut-être une réincarnation de toi, André. Toi qui étais venu me dire que ma visite te touchait. Toi qui avais peut-être senti à quel point tu as compté dans mon existence et combien un homme comme toi, honnête, sincère, droit, fidèle et jamais corrompu par le star-système, a pu me faire rêver dans l'accomplissement d'une vie. Je crois bien que jamais je ne suis resté si longtemps immobile en ayant les yeux ouverts. Dans mon esprit, défilaient des images ; un film, le film de ton enfance, des jeux qui furent les tiens et qui, même si ce fut trente-sept ans plus tôt, ne devaient pas être très différents des miens. Je suis venu ici pour toi, André. Et j'ai senti ta présence. Et je me suis senti bien...
Rentrant de ce voyage, par un premier jour de juin radieux, j'effectuais un petit détour pour m'arrêter dans ton dernier village, au nom sonnant comme dans ce beau Pays de Caux que je venais de quitter. Comme Bourville, on pourrait croire que Montainville se trouve en Normandie. Eh bien non ! Ce n'est pas bien loin de Paris, et c'est là que tu reposes, aux côtés de Jeanne, le seul, l'unique amour de ta vie. Celle que tu as aimée, celle que tu as su rendre pleinement heureuse, malgré les vicissitudes de la vie d'artiste que tu menais. Avant de pénétrer dans ton petit cimetière, je suis allé, dans le champ voisin, cueillir un petit bouquet de coquelicots et je te l'ai apporté, fébrile et tremblant quelque peu. J'ai mis un peu de temps à trouver ta sépulture, mais lorsqu'elle s'est offerte à mon regard, j'ai senti comme une onde de chaleur, mêlée d'émotion et de soulagement : il y a tellement longtemps que j'attendais ce moment-là ! Au front de ta dernière demeure et avec précaution, j'ai déposé ces quelques pavots rouges, emblèmes colorés de ces terres rurales que tu chérissais. J'ai pensé que tu apprécierais ces quelques fleurs car elles sont fidèles à ton image, du moins à celle que je garde de toi : belles, fragiles, attachantes, aux couleurs intenses mais à la durée de vie tellement dérisoire une fois cueillies.

Et je suis resté là. Immobile. Pendant de longues minutes. Regard accroché à cette pierre tombale toute simple et pensées oscillant entre injustice de mourir si jeune et fragments de films, entre ton image souriante, réconfortante et ce qu'il doit rester de toi sous cet amas de terre. Et j'ai eu très mal. Car jamais autant qu'à ce moment-là, je n'ai mesuré à quel point, et comme personne d'autre, tu as contribué à égayer l'adolescence d'un gamin battu par un père aveuglément violent. Tu avais onze de plus que lui, et en toi André, j'ai vu le père idéal. Pas très loin, par-delà le mur du cimetière, entre les branches des arbres, penchée à sa fenêtre, une très vieille dame n'a cessé de m'observer. Qu'a-t-elle bien pu penser de moi lorsqu'elle m'a vu tenter d'essuyer furtivement mes yeux devenus humides ? T'a-t-elle connu jadis ? A-t-elle été la voisine que tu saluais le matin en allant acheter ton pain ? J'aurais aimé qu'il en soit ainsi. J'aurais aimé qu'elle vienne me parler de toi. Me conter le bonheur qui était le sien et celui de ce petit village dont tu partageais encore simplement la vie à la fin des années soixante...
Depuis que tu es parti, André, depuis ce triste jour d'automne, je n'entre plus dans une salle obscure sans avoir une petite pensée pour toi. Une pensée qui me ramène toujours vers Neuchâtel et le cinéma "Palace" qui, malheureusement, n'existe plus. Une salle obscure dans laquelle tu donnais à mes années d'alors quelques tons chauds, drôles et émouvants, quelques parcelles d'un bonheur rare que je retrouve à chaque fois que les lumières s'éteignent et que l'écran se pare de lumière...

27 juillet 2024 _______________________________________________

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16 juillet 2024 - A Patrick Dewaere, 42 ans après sa disparition...

Memory, de Michel Franco

Sylvia (Jessica Chastain) est une Newyorkaise travaillant dans le domaine social. Élevant seule sa fille Sara (Elsie Fisher), adolescente, elle affiche un tempérament peu expansif. Un soir, lors d'une soirée réunissant d'anciens élèves du collège, elle s'y rend seule. Elle ne danse pas, et demeure dans son coin. Un homme vient s'asseoir en face d'elle et la dévisage avec insistance. Très mal à l'aise, elle quitte alors la salle et rentre chez elle. Mais l'homme la suit. Jusque chez elle. Elle se barricade dans son appartement et se met au lit. Le lendemain matin, elle jette un œil anxieux à sa fenêtre : l'inconnu est toujours là, couché par terre et recouvert de sacs en plastique qui l'ont à peine protégé d'une forte pluie. Sylvia sort de chez elle et, prudemment, s'approche de l'homme, qui ne réagit pas. Avec le smartphone du gaillard, elle appelle un numéro d'urgence. Quelques minutes plus tard, une voiture s'arrête, un homme en descend et prend en charge le type. Un peu plus tard, Sylvia rappelle celui qui s'est occupé de l'étrange personnage. Ce dernier est en fait son frère et il se prénomme Saul (Peter Sarsgaard). Elle lui demande si elle peut venir le revoir. Demande accordée. L'homme va mieux, et ne semble pas du tout dangereux. Sylvia et lui partent se balader. Elle apprend ainsi qu'il souffre de démence sénile. Il ne se souvient plus de son passé récent. Son interlocutrice, lui dit alors qu'elle le reconnait : ils ont fréquenté la même école, lorsqu'elle avait 12 ans, alors que lui en avait 17 ou 18. Et à cette époque, affirme-t-elle, il s'était livré sur sa personne à des violences sexuelles qu'elle ne peut oublier. Mais lui ne se souvient de rien…

Memory (Mémoire), traite des souvenirs, de celle qui veut en oublier, et de celui qui lutte contre ces maladies (Alzheimer et démence sénile) qui tendent à les effacer. Je ne connaissais pas le metteur en scène, j'ai découvert un talent évident et une sensibilité rare. Aucune violence dans ce film, du moins physique. Une douceur émouvante et des personnages au top dans leur rôle respectif. Peter Sarsgaard est très émouvant dans son impuissance à lutter contre la maladie, et Jessica Chastain est absolument comme je l'aime, et comme elle a fait de moi son premier admirateur : exceptionnelle ! Peu maquillée, et sans talons hauts, elle fait vraiment sa taille (1m63), et je ne la trouve que plus grande pour ce qui est de son talent. Je le dis et le répète, cette rousse Californienne de 47 ans est la meilleure actrice du monde (avec l'Allemande Nina Hoss). Elle a tourné 34 longs métrages (j'en ai vu une quinzaine), et a remporté 33 récompenses internationales (Oscar, Golden Globe et Festivals internationaux) entre 2012 et 2024.

Le magnifique "Memory" (mon 19ème et meilleur film de l'année) figure désormais parmi mes longs-métrages préférés de cette immense actrice, aux côtés de "Lawless", "The Help", "Miss Sloane", "The Dept", "A Most Violent Year", "Molly's Game", "The Zookeeper's Wife" et, surtout, "Zero Dark Thirty", la passionnante traque de Ben Laden, dans lequel elle est absolument époustouflante.

30 mai 2024 ____________________________________________________

Jean-Pierre Léaud : Antoine Doinel a 80 ans !
Il nait le 28 mai 1944 à Paris. En septembre 1958, François Truffaut l'auditionne pour jouer le personnage d'Antoine Doinel, un adolescent de 14 ans, frondeur, à la répartie fulgurante et turbulent en classe. Choisi parmi cent candidats au premier rôle de "Les 400 coups", le réalisateur retrouve en lui le garçon qu'il était à plus ou moins le même âge. J'ignore si le metteur en scène a déjà en tête l'épopée, sur 20 ans, de ce personnage original, drôle et très attachant. Toujours est-il qu'on retrouvera le jeune comédien en 1962 dans "Antoine et Colette", "Baisers volés" en 1968, "Domicile conjugal" en 1970, et "L'Amour en fuite" en 1979. Si "Antoine et Colette" est une partie du film à sketches "L'Amour à vingt ans", tous les autres sont des longs-métrages à part entière, et je adore tous.
Jean-Pierre Léaud est un comédien exceptionnel, sans aucun doute l'un des 4 ou 5 meilleurs de toute l'histoire du cinéma français. Si Truffaut l'a fait tourner dans sept de ses films, Goddard lui a fait cet honneur neuf fois. On peut donc considérer que l'acteur a joué un rôle prépondérant dans ce renouveau du cinéma hexagonal que l'on appelait "La Nouvelle Vague". Cinéma sérieux, dans lequel il ne s'est finalement pas cantonné. Je me souviens particulièrement de son rôle dans la comédie de Josiane Balasko "Les Keufs", en 1987. Il y interprétait un commissaire complètement déjanté, hallucinant supérieur de la réalisatrice et comédienne principale de ce film dramatique, auquel il avait mis en oeuvre tout son talent pour le rendre un peu moins sérieux (voir les deux premiers extraits ci-dessous).
Palme d'honneur au Festival de Cannes en 2016, et César d'honneur en 2000, le tout pour l'ensemble d'une carrière tout à fait exceptionnelle, Jean-Pierre Léaud fête aujourd'hui son 80ème anniversaire. Il fait déjà pour moi partie des immortels du 7ème art, qu'il a servi de façon magistrale durant 60 ans, puisque son dernier long-métrage date de 2018 (Alien Crystal Palace, d'Arielle Dombasle).  

28 mai 2024 ____________________________________________________

Par un jour de Pâques ensoleillé, le 24 avril 2011, Marie-France Pisier tirait son ultime révérence, à deux semaines de son 67ème anniversaire. Faisant partie de mes actrices préférées, voici l'hommage que je lui rendais le jour même, sur mon site d'alors, "Ciné-Blog" :

 

"Le plus beau sourire du cinéma français s'est éteint...

Jadis, lorsqu'un grand comédien ou une actrice adulée nous quittait, la télévision chamboulait ses programmes. Pour diffuser un de leurs films. Hommage mérité et attendu par beaucoup. Aujourd'hui, envolée la tradition ! Les sponsors paient longtemps à l'avance pour des émissions fixées à des heures définies. Toute entorse à l'accord n'est plus négociable…

A l'heure où d'aucuns prétendent à la vie éternelle, d'autres se meurent. Sur la pointe des pieds, sans faire de bruit. D'elle, je retiendrai surtout ce rire aux sonorités à nulles autres pareilles. D'une beauté unique et d'un talent très au-dessus de la moyenne, elle a rayonné pendant plus de 45 ans sur des écrans qui, quelque part, garderont tous une fraction, même infime, de son envoûtant sourire imprimé sur la toile blanche. Marie-France Pisier, dans tous ses rôles, sans exception, m'a fait rêver. Avec elle, pas de prestation en demi-teinte. Une immense actrice ! Que j'ai découverte dans "Baisers volés", de François Truffaut en 1968. Et qui s'en est allée lorsque d'autres atteignent à peine l'âge de la retraite. Injustice du destin ! Qui l'a empêchée de donner tout ce qu'elle avait encore en elle, tout ce qui aurait pu nous conforter dans l'idée que cette femme intelligente et discrète, faisait partie de celles qui servent ou ont servi le cinéma avec la plus grande des sincérités.

En apprenant sa disparition, ce matin, je me suis senti très triste. Parce que sa mort est une perte cruelle et parce que l'hommage qu'on espérait que la télé lui rende n'aura pas lieu. Ou alors, dans trois ou quatre jours, en fin de programme, dans un créneau horaire que ceux qui paient pour nous fourguer leur daube quotidienne, auront délaissé sous prétexte que l'audimat, à des heures aussi tardives, est aussi plat que l'électrocardiogramme d'un amputé du cœur…"

En ce 10 mai 2024, Marie-France Pisier, image parfaite de mon idéal féminin et comédienne immortelle, aurait fêté son 80ème anniversaire...

"C'e ancora domani" (Il reste encore demain), de Paola Cortellesi

Delia est une mère famille, vivant dans la ville de Rome. Mariée à un homme autoritaire, méprisant et violent, le couple a cinq enfants, dont la fille aînée est sur le point de se marier. Delia vit sa vie monotone de femme au foyer. Ses journées sont bien remplies et, pour gagner quelques sous, elle rend visite à des malades afin de leur administrer les piqures dont ils ont besoin. Nous sommes en 1946, la guerre est finie depuis un an, mais l'armée américaine est toujours présente. Un jour, Delia sympathise avec un agent MP (Military Police) de couleur, surprise qu'elle est de voir un homme la respecter. En secret, elle voit aussi le garagiste du quartier, Nino, avec qui elle semble avoir eu une ébauche de relation par le passé. L'homme regrette de ne pas avoir persisté dans sa conquête et, n'ayant plus beaucoup de travail, il songe à partir vers le nord, là où la vie semble pleine de promesses. Il l'invite à partir avec lui. Chose inconcevable pour elle...

Ce film est assez déroutant. Les extraits que j'en ai vus m'ont donnée une irrépressible envie d'aller le voir. Et le fait qu'en Italie il ait connu un succès supérieur à "Barbie", proclamé plus grande sortie de la saison, n'a fait que renforcer ce désir. Tourné en noir et blanc, dans un format plus ou moins carré, ne constitue pas un défaut. Le problème se situe dans les intentions de l'héroïne et dans le scénario peu explicite en cela. Parmi une ou deux autres, la séquence la plus déroutante se situe à la fin du film. Delia semble clairement s'apprêter à fuir sa famille. On la voit laisser de l'argent à Marcella, sa fille aînée, et quitter sa maison en catimini. Sans doute, pensais-je, pour rejoindre Nino. Mais en fait, elle se rend simplement au bureau de vote local. Les femmes italiennes viennent en effet d'obtenir le droit de vote, et ce scrutin est le premier auquel elles participent. L'histoire se termine là-dessus. Frustrant...

Mais il faut bien le reconnaître, ce long-métrage contient quelques scènes magnifiques, dont certaines sont bouleversantes. La plus mémorable restera pour moi celle ou Delia et Nino demeurent face à face, comme seuls au monde, et ou des images, invisibles pour le spectateur, semblent défiler devant leurs yeux. La caméra s'attarde sur leurs visages, longuement, très longuement, et évoquant par là tout ce qu'ils auraient pu vivre dans leur passion, s'ils avaient persévéré dans cet amour jadis naissant. Dommage que ma fin espérée ne se soit pas concrétisée.

Paola Cortellesi réalisait ici son premier film. Et c'est essai est immensément prometteur ; dans le rôle de Delia, elle se révèle en plus assez exceptionnelle. Artiste que je ne connaissais pas, je vais désormais la suivre attentivement...

Note : 15/20

19 mars 2024 ___________________________________________________

49ème Cérémonie de remise des César du cinéma français

Elle s'est déroulée hier soir à l'Olympia de Paris. Voici ce que j'en ai retenu :

 

1.  Excellent(e)s

Valérie Lemercier, présidente de la soirée, assurant une présentation initiale sobre, drôle, et avec certaines piques envers le gouvernement, dont une reprise corrigée de la chanson de Gérard Lenorman intitulée "Si j'étais Président".

Le César de la révélation masculine, qui récompense un acteur que je ne connaissais pas, mais qui dans son speech de remerciements se révèle irrésistible, décontracté, drôle, provocateur, et rendant hommage à ceux et celles qui nous nourrissent, les agriculteurs. Ovation du public (et de moi devant ma téloche). Il se nomme Raphaël Quenard, il a été récompensé pour "Chien de la casse", de Jean-Baptiste Durand.

Jamel Debouze, remettant un César d'honneur à Agnès Jaoui (avec Maïwenn ma réalisatrice préférée, toutes nationalités confondues). Magnifique hommage de ce comédien qui a tourné avec elle et Jean-Pierre Bacri "Parlez-moi de la pluie", en 2008. Drôle et tendre, avec deux imitations exceptionnelles de Bacri. Agnès Jaoui remerciant le public et l'académie par une petite chansonnette en s'accompagnant au ukulélé. Sublime moment et hommage mille fois mérité à celle qui demeure la seule femme titulaire de 6 statuettes, obtenues entre 1994 et 2018 dans diverses catégories (4 scénarios, 1 film, 1 meilleur second rôle). Ça lui en fait désormais sept.

 

2.Très bien

Judith Godrèche, nommée nulle part, mais évoquant cette calamité que sont les abus sexuels gangrénant le cinéma hexagonal (et pas seulement). Touchante et indispensable, le public ne s'y est pas trompé. Même si je ne l'apprécie guère en tant qu'actrice, je la soutiens totalement dans son combat.

Les six César que remporte le film magnifique de Justine Triet, "Anatomie d'une chute". Meilleur film, meilleure réalisation, meilleur scénario, meilleur montage ; ceux gagnés par Swan Arlaud (meilleur second rôle masculin) et Sandra Hüller (meilleure actrice) m'ont fait particulièrement plaisir. J'en profite pour relever la performance de cette actrice allemande, exceptionnelle dans tout ce qu'elle joue. Avec Nina Hoss et Paula Beer, l'Allemagne peut être fière de détenir trois phénomènes cinématographiques d'exception.

Paul Mirabel, l'un des meilleurs humoristes français actuels, qui remet trois César. Drôle de bout en bout avec de très fins clins-d'yeux à Virginie Efira, présente dans la salle et arborant un peu la même coiffure que le comique.

 

3. Bien

Adèle Exarchopoulos, César du meilleur second rôle pour "Je verrai toujours vos visages", chef-d'œuvre de Jeanne Herry (la fille de Miou-Miou). Bien seulement car, fait unique, elles étaient quatre dans ce film à avoir été nommées dans la même catégorie (Leïla Bekhti, Elodie Bouchez, Miou-Miou et la gagnante) ; les quatre auraient mérité de l'avoir.

 

4. Bof !

Ce téléprompteur très présent et apparemment indispensable à certain(e)s remettants, dont Marion Cotillard et Juliette Binoche, officiant respectivement dans ce rôle pour le César d'honneur remis à Christopher Nolan, et de la meilleure actrice pour Sandra Hüller.

Dany Boon et Diane Kruger remettant je ne sais plus quels César. Elle dans une robe rose bonbon, moche comme ça n'est pas permis, lui tentant de distiller un humour tombant totalement à plat. Une double grosse tache dans la catégorie des remettants

5. Consternante

La séquence d'hommage à celles et ceux qui ont quitté le 7ème art durant ces 12 derniers mois. Consternants sont les applaudissements pour certains, alors que rien pour les autres. Jadis, il était recommandé très justement de ne pas applaudir cette séquence. Et puis, la longue suite finale d'images en l'honneur de Jane Birkin, bonne actrice certes, alors que Micheline Presle, immense comédienne ayant tourné avec les plus grands metteurs en scène, et décédée deux jours plus tôt à l'âge de 101 ans, n'a bénéficié que de quelques minuscules secondes d'écran. Ça m'a profondément déçu.

 

6. Nullissime

Pas de César pour Camille Cottin, parce que pire encore, pas de nomination pour cette fabuleuse comédienne qui, dans "Toni en famille", de Nathan Ambrosioni, délivre une performance qui lui aurait certainement permis d'être nommée, si ce n'est de décrocher l'Oscar, au cas où le film avait été produit aux States.

Et puis rien pour Jeanne du Barry, de Maïwenn, un film que j'ai adoré, mais seulement nommé pour les meilleurs costumes et décors.

24 février 2024 __________________________________________________

"The Zone of Interest", de Jonathan Glazer.
La famille Höss coule des jours tranquilles dans une grande maison placée au centre d'un grand carré de verdure, avec jardin potager et abondamment fleuri. De hauts murs cernent en partie la demeure. Des murs au sommet desquels on distingue des barbelés, une clôture infranchissable pour tout ce dont on ne veut pas, pour tous ceux qui, malvenus ici, vivent un peu, travaillent beaucoup et meurent en masse. Il y a là Rudolf (Christian Friedel), le père, sa femme Hedwig (Sandra Hüller), leurs cinq enfants, et plusieurs domestiques. En dehors de ce qui ressemble à un éden préservé, on ne voit rien, ou pas grand-chose : des volutes de fumée, mais on entend des bruits, un bruit de fond, comme le ronronnement feutré d'une usine qui semble fonctionner à plein régime, mais dont on dissimule l'activité et atténue le niveau sonore. Parce que son travail n'est pas digne d'être montré, ni même évoqué, surtout aux yeux des enfants, dont aucun d'entre eux n'est encore en âge de se poser des questions. Leur père, l'Obersturmbannführer SS (lieutenant-colonel) Rudolf Höss, est en poste depuis plus ou moins trois ans. En serviteur zélé de son Führer, il accomplit sa tâche de commandant avec ardeur et ferveur. Sa mission ? Débarrasser le Reich de la plèvre qui le ronge depuis trop longtemps. Depuis sa prise efficace de fonction, plusieurs centaines de milliers de "pestiférés" sont passés entre ses mains. Enfin, dans celles de ceux qui occupent leurs journées à remplir de fausses salles de douche, à les fermer hermétiquement, puis à y déverser les cristaux de Zyklon B, ensuite à les vider et, pour finir, à nourrir les fours crématoires d'un combustible humain qui a définitivement cessé de nuire à la nation (prétendue) supérieure, et cela pour les siècles des siècles.
Images glaçantes d'une page parmi les plus sombres de l'histoire de l'humanité. Mise en scène magistrale d'un réalisateur, anglais et très inspiré. Beau travail quotidien des interprètes, tous remarquables, même si aucun gros plan ne montre leurs visages, comme si les traits des personnages qu'ils interprètent ne présentaient pas le moindre intérêt. Du plus gigantesque camp de la mort du 3ème Reich, aucune image, si ce n'est celles du toit des bâtiments. A l'opposé, la rivière Sola tient son rôle, celui de cadre bucolique nécessaire au délassement de la famille. Auschwitz (aujourd'hui Oswiecim), ville presque anonyme de Haute-Silésie polonaise, vit sa vie de petite cité occupée en temps de guerre. Entre ses murs, les habitants (mais pas les occupants) ignorent que quelques années plus tard, elle prendra une importance capitale dans l'histoire multimillénaire de la barbarie humaine. Grand-Prix du jury à Cannes en mai dernier, "La zone d'intérêt" est un film exceptionnel, qui mérite d'être vu par le plus grand nombre, qu'il soit instruit ou non de ce qui s'y est passé il y a une quatre-vingtaine d'années. Je lui accorde la note de 18/20.

2 février 2024 ___________________________________________________

Celles et ceux qui ne m'attireront jamais dans une salle de cinéma par leur seul nom.

Dans toute la partie cinématographique de ce site, je n'ai parlé, et je ne parle encore que de ce qui m'attire et m'a attiré dans un cinéma, des films, actrices, acteurs et cinéastes que j'aime et admire profondément. Mais, puisque toute règle peut (et parfois doit) avoir une exception, en voici une, et elle est de taille. 

J'avoue que ce qui m'attire en tout premier lieu dans une salle obscure, et avant même celui ou celle qui met en scène, ce sont les comédiennes et les comédiens. Sur ces pages figurent une multitude d'hommages que je leur ai rendu. Alors cette fois-ci je vais citer celles et ceux que je n'irai jamais voir dans un film dont elles ou ils sont les têtes d'affiche (pour autant qu'ils ou elles ne soient pas entouré(e)s de celles et ceux que j'aime. 

Je précise que si je ne les apprécie pas, c'est avant tout pour leur manque de talent, mais parfois aussi parce que leurs têtes ne me reviennent pas, ou par leur comportement avéré dans divers domaines de la vie courante A ces dernier(ère)s concernés, j'ajouterai un commentaire. En voici la double liste rédigée par ordre alphabétique. Je commence par les mecs :

 

​Kev Adams

Pierre Arditi - Son amour absolu de la tauromachie, exprimé un jour sur une chaîne de TV, me dégoûte totalement. Cela sous le regard approbateur de Dupond-Moretti, sinistre Garde des Sceaux (ou plutôt des Sots) tricolore. 

Richard Berry

Dany Boon - Son phénoménal succès qu'a constitué "Bienvenue chez les Chtis" lui a gonflé le melon. Ses cinq derniers films réalisés sont d'abominables navets !

Nicolas Cage

Guillaume Canet - Très mauvais comédien. Ses premières réalisations étaient remarquables ("Ne le dis à personne", "Les petits mouchoirs", "Blood Ties"). Les suivants se sont résumés à une monumentale dégringolade. Je n'ai pas supporté son dernier Astérix & Obélix plus de 15 minutes.

Christian Clavier - Le cabotin parfait, l'anti-De Funès tellement ridicule que c'est vraiment gênant pour lui.

Tom Cruise – Le succès d'un beau gosse faisant fantasmer énormément de femmes. Même le gain d'un Oscar ne me ferait pas changer d'avis : il est à chi.r, point barre !

Gérard Depardieu - Grand comédien dans ses 20 premières années. Après quoi, une sévère rentrée dans le rang. Le pote de Poutine et le macho totalement irrespectueux des femmes me fout littéralement la gerbe. Ça fait 12 ans que je n'ai pas vu ce c.nnard au cinéma, et croyez-moi, ça va se prolonger...

Franck Dubosc - Absolument, en tous cas et de tous temps, insupportable à l'écran !

Mel Gibson

Marc Lavoine

Fabrice Luchini - L'allumé de service. Bon dans certains rôles, majoritairement ringard dans tous les autres. De plus, le culte qu'il voue à l'écrivain "Céline", ignoble antisémite dans certains de ses écrits, collabo et lèche-bottes de Pétain et de Laval, me hérisse le poil au plus haut niveau.

Kad Merad - Le bienvenu chez les Chtis ? Apparemment, il n'en est jamais reparti.

Will Smith

Sylvester Stallone - Incompréhensible de le voir élevé à un tel niveau de déification. Tout ce que je déteste chez un acteur.

Ben Stiller

Omar Sy - Comédien moyen, adulé pour son seul rire (gigantesque il est vrai), mais cela ne suffit pas.

Bruce Willis - Le regard qui toise de haut son auditoire. Une fois ça va, 600 non merci.

Michael Youn - Consternant dans tout ce que j'ai vu de lui. A la télé ou au cinéma, même combat. Totalement dénué de talent !

 

Au tour des filles :

 

​Fanny Ardent - Son ton monocorde et précieux, lourdement m'insupporte.

Patricia Arquette

Monica Bellucci - La Bardot italienne. Une carrière par ses seuls arguments physiques. Tellement mauvaise dans tout ce qu'elle joue que ceux qui l'ont fait et la font encore tourner discréditent honteusement leur art.

Valeria Bruni-Tedeschi

Sandra Bullock

Cécile de France

Catherine Deneuve - La blonde dans tout son froid manque de charisme. Une impostrice (ou -euse) régnant à la place de sa soeur aînée Françoise Dorléac, comédienne débordante de talent, mais hélas tuée dans un accident de voiture en 1967, à l'âge insupportable de 25 ans.

Emmanuelle Devos

Cameron Diaz

Angelina Jolie - Fade et sans charisme. Aurait-elle connu le même succès si elle n'avait été la meuf de Brad Pitt ? Je ne le crois pas...

Keira Knightley - Un visage et un sourire sublimes. Apparemment ça suffit à tous ceux et toutes celles qui l'adorent. La pire comédienne anglaise de tous les temps !

Michèle Laroque

Jennifer Lopez - Un physique, une paire de fesses finement moulée. What else ?

Sophie Marceau - L'enfant prodige du cinéma français. Mais c'était il y a 40 ans. Depuis, circulez, y'a plus rien à zieuter ! Le fait qu'elle soit depuis si longtemps l'actrice préférée des Shadocks (français très moyens), prouve à quel point ces derniers son ignares dans le domaine du 7ème art.

Julia Roberts - Pretty Woman, encore, toujours et uniquement, hélas.

Emmanuelle Seigner

Mathilde Seigner - Insupportable à l'écran. Ridicule et odieuse dans une cérémonie de remise des César il y a quelques années, dans laquelle elle a carrément insulté le jury pour ne pas avoir récompensé son chouchou personnel (JoeyStar en l'occurrence).

Sharon Stone

Audrey Tautou - Bonne, sans plus dans "Amélie Poulain". La seule fausse note dans la sublime trilogie de Cédric Klapisch ("L'auberge espagnole", "Les poupées russes" et "Casse-tête chinois").

Charlize Theron

28 janvier 2024 __________________________________________________

Statistiques d'une vingtaine d'années de films vus en salles

Depuis 2002, année de mon divorce, j'ai recommencé à fréquenter assidûment les salles de cinéma. Sur Excel, j'ai créé un répertoire de tous les films visionnés, avec date, titre, réalisateur/trice, distribution, et note attribuée (sur 20 points). A ce 31 décembre 2023, et donc avec 22 années répertoriées, j'en suis à 1162 longs-métrages, ce qui nous fait une moyenne de 52,82 films vus annuellement, soit en gros un par semaine.

 

2002 est l'année record, avec 102 films, suivie de 2003 avec 96, puis 2016 avec 81, et 2017 avec 80. 2020 détient le record inverse avec 20 films vus (Covid oblige).

Pour ce qui est de la moyenne des notes attribuées, 2016 arrive en tête avec 14.99 points ; 2018 atteint 14.94, et 2020 14.90. En bas de classement on trouve 2009 avec 13.15 points, 2008 avec 13.06, et 2004 avec 12.93.

Seuls quatre films ont obtenu la note maximum de 20 points : The Hours (2003), Polisse (2011), Spotlight (2016), Et les mistrals gagnants (doc, 2017).

15 longs métrages ont obtenu la note de 19 : Bowling for Columbine (doc), Les Invasions barbares, Les Poupées russes, La Môme, After the wedding, Le Ruban blanc, L'Enfance volée, Manchester by the Sea, Lion, Pupille, Les Éblouis, Animal (doc), En corps, La Nuit du 12, The Quiet Girl.

 

The Hours détient le record de vues en salle, soit 8 entre le 25 mars et le 10 juin 2003. Avant cette année-là, je n'appréciais que très peu Nicole Kidman, trop sous l'emprise de son mari scientologue. Deux ans après leur séparation, la première fois que je suis allé voir The Hours, c'est uniquement pour Julianne Moore et Meryl Streep, que j'aimais et aime toujours beaucoup. Elles ne m'ont pas déçu, bien au contraire. Et Nicole Kidman, dans le rôle difficile de Virginia Woolf, m'a surpris en bien. Et si j'y suis retourné 7 fois, c'est pour m'imprégner du jeu époustouflant de l'Australienne. En fin de compte, force m'a été de constater que jamais une comédienne ne m'a autant impressionné dans un rôle. Son (seul) Oscar, remporté pour cette performance, ne pouvait pas être attribué à une autre actrice en 2003. Durant cette vingtaine d'années écoulée, trois autres comédiennes m'ont très fortement impressionné : Marion Cotillard, géniale dans La Môme, Nina Hoss, divine dans Barbara, et Jessica Chastain, sublime dans Zero Dark Thirty.

 

Pour ce qui est des rôles marquants des acteurs au cours de cette double décennie, cinq d'entre eux se partagent la palme : Jack Nicholson dans Les Infiltés, Christoph Waltz dans Inglourious Basterds et Django Unchained, Jean-Pierre Bacri dans Comme une image et Cherchez Hortense, Casey Affleck dans Manchester by the Sea, et Joaquin Phoenix dans Walk The Line et Joker.

Pour terminer et pour ce qui concerne la mise en scène, durant la même période (2002-2023 donc), j'ai vu 12 films de Woody Allen, 10 de François Ozon, 9 de Cédric Klapisch, 8 des frères Coen et de Clint Eastwood, 7 de Pedro Almodovar, 6 de Jean Becker et de Steven Spielberg, et 5 de Christian Petzold.

8 janvier 2023 ___________________________________________________

Soutien à Depardieu : LA GERBE

 

Victoria ABRIL                      64 ans

Yvan ATTAL                           58

Nathalie BAYE                       75

Dominique BESNEHARD   69

Bertrand BLIER                    84

Carole BOUQUET                 66

Clémentine CÉLARIÉ          66

Gérard DARMON                 75

Jacques DUTRONC              80

Patrice LECONTE                 75

Vincent PEREZ                      59

Benoît POELVOORDE         59

Charlotte RAMPLING          77

Pierre RICHARD                   89

Emmanuelle SEIGNER        57

Nadine TRINTIGNANT       89

Jacques WEBER                    74

  

Moyenne d'âge :                     71 ans

 

La tribune de soutien à Depardieu, publiée dans le Figaro le 25 décembre 2023, a réuni 56 signatures. Nulle part je n'en ai trouvé la liste complète. Je me suis donc contenté de réunir ici les 17 personnalités cinématographiques connues mentionnées dans cet inventaire. Que remarque-t-on ? Il y a 10 hommes et 7 femmes. Leur âge va de 57 à 89 ans, pour une moyenne de 71 ans. Le 3ème âge est donc majoritaire ici ; j'ignore si c'est aussi le cas dans la liste complète, mais je suis prêt à parier que oui. Où sont les jeunes dans cette tribune ? Je ne sais pas, mais je pense qu'ils sont peu nombreux. Globalement parlant, la jeunesse actuelle ne connaît tout simplement pas cette génération de conservateurs et trices ringards. Un récent sondage (mentionné dans C dans l'air, sur France 5) indique que 66 % des Français condamnent Depardieu. Mais cette condamnation concerne les propos sexistes et humiliants envers les femmes (et même une enfant de 10 ans), de l'acteur divulgués par le magazine "Complément d'enquête" récemment, et pas les 13 accusations de viol commis par l'intéressé. S'il est juste que la présomption d'innocence doit être appliquée dans tous les cas non jugés, l'inculpation du comédien, en 2018, n'a toujours pas été jugée. Et c'est inadmissible. C'est un manque total de respect pour la supposée victime, qui n'a que deux choses à faire dans sa douleur : attendre et la boucler !

J'ai 69 ans et, dans ce genre d'affaires, je me rallie aux jeunes. A celles qui osent parler, briser ce silence insupportable porté par une génération dominée par les vieux cons, héritage direct du Moyen-Âge, ou les couillus se demandaient si les femmes avaient une âme. Cette attitude me révolte et me met hors de moi. Si l'homme est devenu ce qu'il est aujourd'hui, et qu'il se rattache à de tels comportements, eh bien 300'000 ans de son histoire n'ont servi à rien. Il aurait mieux fait de demeurer le grand singe qu'il était, sautant d'arbres en arbres, le cul à l'air vivifiant des forêts, et occupé à cueillir fruits et baies pour nourrir sa famille.

Personnellement, je n'étais admirateur que de quatre personnalités figurant ci-dessus : Dominique Besnéhard (ex-agent, producteur), Bertrand Blier (réalisateur), Carole Bouquet (actrice) et Benoît Poelvoorde (acteur). Désormais, et définitivement, je ne le suis plus. Quant à Macron, 30 ans plus âgé qu'il n'y paraît, et ignoble leader du soutien à un infâme cabotin d'acteur (dont je n'ai plus vu le moindre de ses films depuis 2012), il se montre sous son vrai jour : n'ayant strictement plus rien à foutre de ses promesses électorales (dont le soutien aux femmes victimes de toutes violences), il terminera son mandat, sans réélection à assurer, dans la colère sans cesse grandissante du peuple français. Maudit soit-il, et pour les siècles des siècles !

Aux dernières nouvelles, plusieurs personnes figurant dans les 17 mentionnées ci-dessus, se sont rétractées (ou justifiées) : Weber, Trintignant, Richard, Leconte, Bouquet, Attal. Leur raison principale consiste à affirmer qu'ils et elles ignoraient que Yanis Ezziadi, l'obscur comédien qui est à l'origine de la tribune de soutien, est un sympathisant de l'extrême-droite, proche de la grosse tache que représente Eric Zemmour dans ce domaine. Une excuse qui se situe à sa juste place, c’est-à-dire au niveau de bêtise des signataires…

6 janvier 2024 ___________________________________________________

"Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages"

Audiard aux dialogues, mais aussi à la réalisation (pour la 1ère fois). Tourné en 1968, avec Bernard Blier, André Pousse, Marlène Jobert et Françoise Rosay. Plusieurs scènes-cultes, dont celle-ci, sans doute la meilleure...

"Rapito" (L'enlèvement), de Marco Bellocchio

En 1858, dans la ville italienne de Bologne, la famille Mortara vit des jours paisibles, jusqu'au moment où le Père Feletti, en charge de l'Inquisition dans la ville, décide de retirer à ses parents le petit Edgardo, âgé de six ans, l'un des neuf enfants du couple. Raison : le bambin a soi-disant été baptisé, alors que la famille est de religion juive. Pour le pape et le clergé catholique, une personne acquiert automatiquement cette confession si elle est baptisée. Cette affirmation étant à leurs yeux entièrement erronée, Salomone et Marianna ont beau protester, la décision est irrévocable, et leur enfant est emmené par des religieux. Séjournant d'abord dans la ville, celui-ci est plus tard emmené à Rome, afin d'être présenté au pape Pie IX, et pour qu'il y subisse un éducation catho pure et dure. La douleur de la famille est terrible, et le père met tout son courage en œuvre afin de faire annuler cette décision, sans aucun fondement.

Les années passent, et l'enfant se fait peu à peu à sa nouvelle vie, contrairement à ses parents, qui militent toujours pour le faire revenir. En vain, même si l'affaire fait grand bruit à l'étranger. Dix ans plus tard, on retrouve Edgardo aspirant prêtre (peut-être y a-t-il un autre terme…), et il côtoie toujours le pape de près. Mais la Révolution arrive à grands pas, et la prise de Rome marque l'annexion de la ville au Royaume d'Italie, ainsi que la fin des Etats pontificaux et du pouvoir temporel des papes. Edgardo, va enfin pouvoir retrouver les siens. Son frère Riccardo, en tête des troupes ayant marché sur la ville, se réjouit déjà mais, contre toute attente, le jeune religieux refuse de quitter Rome et son statut de serviteur du Christ. Le matraquage en règle des valeurs chrétiennes a fait une victime de plus. Huit ans plus tard, sa mère étant sur son lit de mort, il consent à aller lui rendre une dernière visite. A son chevet, il se livre alors à un acte incroyable, lequel met un terme inattendu et bouleversant à ce long-métrage absolument magnifique.

En achetant mon ticket d'entrée, je me suis demandé ce que je pouvais bien aller faire dans une salle obscure qui, je le savais, allait beaucoup parler de cette religion catholique qui m'a jadis totalement dégoûté pour m'avoir fait subir, de la part de l'un de ses représentants à soutane, des gestes inqualifiables. Mais, et je l'espérais, le film n'en fait pas l'apologie, bien au contraire. Cette histoire vraie m'a tenu en haleine durant les 125 minutes de sa projection. La seule grande surprise qu'elle m'a apporté est le fait que, au milieu du 19ème siècle, cette abominable Inquisition sévissait encore. Je pensais qu'elle n'avait été qu'une pratique du Moyen-Âge. Mais non ! Quand la secte tient un os, quelle que soit sa nature, elle ne le lâche pas si facilement. Pour le reste, tout s'est plus ou moins déroulé comme je m'en faisais l'idée : un volet majeur du christianisme dominateur, intolérant, méprisant, un pape ignoble et ses fidèles serviteurs passant un max de temps à lui baiser les pompes. A gerber !

Heureusement, il y a la mise en scène (sublime), les acteurs et trices (exceptionnel-le-s), les images (superbes), et le scénario (fabuleux). Bref, un film de plus à mériter au moins 17 points (18 pour celui-ci), le 11ème en 38 séances de cinéma cette année.

3 novembre 2023 _________________________________________________

Elle cause plus, elle flingue !

Après avoir écrit les délicieux dialogues d'un nombre incalculable de films, Michel Audiard (1920-1985) se lance dans la réalisation de ses propres oeuvres. Huit longs-métrages voient ainsi le jour, tournés entre 1968 et 1974. Celui-ci date de 1972, et il est la suite de "Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais… elle cause !", sorti sur les écrans deux ans plus tôt. Aux côtés de l'excellente Annie Girardot, les meilleurs serviteurs du plus grand dialoguiste du cinéma français de tous les temps, Bernard Blier et André Pousse s'unissent pour donner vie à ce qui demeure la plus magnifique séquence de cette mythique comédie un peu (beaucoup) loufoque sur les bords...

"Toni, en famille"
Antonia, dite Toni est une mère au foyer. Elle élève seule ses cinq enfants, qui lui apportent de grandes satisfactions, mais aussi quelques soucis. Les deux aînés, Mathilde et Marcus envisagent de poursuivre leurs études à haut niveau, ce qui fait prendre conscience à leur mère que, les trois autres ne tarderont pas à suivre leurs traces, et donc à la rendre plus indépendante dans sa responsabilité parentale. Elle envisage donc de se reconvertir. Mais dans quoi ? Ancienne chanteuse ayant connu un grand succès vingt ans plus tôt, elle refuse de retourner dans ce milieu, qu'elle a fréquenté pour faire plaisir à sa mère. Et, à 42 ans, reprendre des études pour devenir enseignante s'avère compliqué pour elle, comme pour ceux qui pourraient l'aider dans ce domaine. Peu de choses sont révélées concernant le destin du père des enfants, totalement absent à l'image, et pour cause…
Nathan Ambrosioni est un metteur en scène français de 24 ans (mois de 23 lorsqu'il a débuté le tournage de ce film magnifique). Mais quelle maîtrise dans sa direction d'acteurs(trices). Une sensibilité et une maturité étonnantes, pour un sujet pourtant pas évident. Il faut dire que dans Camille Cottin (45 ans le 1er décembre prochain), le rôle-titre, il trouvé la comédienne idéale. Quelle performance extraordinaire de cette femme ayant déjà une belle carrière derrière elle, mais que j'ai toujours trouvée sous-employée dans le 7ème Art. Ici, elle explose littéralement ! Et dans tous les domaines de son jeu de maman : amour, tendresse, disponibilité, tolérance, mais aussi colère (une seule, mais quelle vérité dans son expression). Découverte en 2013 dans les courts épisodes de "Connasse", sur Canal +, elle fut aussi exceptionnelle dans la seule série télé que j'ai vraiment aimée, "Dix pour cent", ceci dans quatre saisons successives. Sur grand écran, à part "Connasse, princesse des cœurs", le film inspiré par ses performances en caméra cachée sur la chaîne cryptée, elle n'a eu que des rôles secondaires, sauf pour ce qui concerne "Les Eblouis", en 2019, où elle interprétait à la perfection une illuminée au service d'une secte religieuse dissimulant d'insupportables actes pédophiles (entre autres).
"Toni, en famille" est mon 33ème film de l'année, et il figure dans le trio de tête. Je lui accorde 16 points sur 20, plus 2 pour la performance éblouissante de Camille Cottin (les enfants sont tous très bons aussi) qui, je le souhaite vivement, se verra récompensée pour ce premier rôle, en février prochain, lors de la cérémonie de remise des César du cinéma français…

22 septembre 2023 ______________________________________________

Roter Himmel (Le Ciel rouge), de Christian Petzold

Leon, Felix, Nadja et Devid partagent une maison de campagne située au bord de la Mer Baltique. Les deux premiers (amis), rencontrent les deux autres (amants). Leon est là pour terminer l'écriture d'un roman, Félix pour préparer un examen dans ses études. Devid est le surveillant de la plage toute proche ; quant à Nadja, elle passe ses vacances là et vend des glaces sur le port. Si les trois derniers s'amusent et jouissent de l'été, Leon demeure renfermé, doutant de lui et de ses qualités d'écrivain. Nadja tente de le décoincer un peu, mais le jeune homme peine à aller à sa rencontre, même si, très vite, il est convaincu que rien de sérieux n'existe entre Devid et elle. L'été est caniculaire, et les incendies de forêts font rage et se rapprochent. Leur maison, située en lisière d'un bois très dense, risque de devoir être évacuée. Son manuscrit terminé Leon accepte que Nadja le lise, en craignant le pire. Lequel se produit : la jeune femme n'aime pas du tout, et elle lui dit sans ménagement. L'éditeur de Leon est de passage, soi-disant pour lire le texte, mais il s'intéresse davantage à Nadja qui, apprend-on, est en train de rédiger une thèse universitaire. Leon le prend très mal. Le feu gagne les environs. Felix et Devid, partent sur un tracteur afin de ramener la voiture du premier, tombée en panne à quelques kilomètres de la villa, alors qu'il arrivait en compagnie de son pote Leon. Tous deux sont surpris par l'incendie. Pris au piège, ils meurent dans la fournaise. Nadja et Leon sont dévastés. Plus tard, le jeune homme déclare son amour à celle qui ne l'écoute pas et qui quitte les lieux sans lui dire au revoir. Pour un adieu définitif ?...

 

Christian Petzold signe un petit chef-d'œuvre de film. Pas le premier, et sans doute pas le dernier. J'ai vu tout ce que ce metteur en scène allemand a tourné (7 longs métrages) depuis 2007, et tous m'ont enthousiasmé. Au point que je le l'élève aujourd'hui au même rang que mes réalisateurs français et américains préférés, Cédric Klapisch et Joël Coen. Dans les rôles principaux, je ne connaissais que Paula Beer. Les acteurs qui l'entourent (Thomas Schubert, Langston Uibel et Matthias Brandt) sont excellents, mais elle évolue à un niveau encore supérieur. Quelle présence à l'écran ! Epoustouflante de talent, de beauté et de rayonnement. Et elle n'a que 28 ans. Déjà que sa compatriote allemande Nina Hoss (cinq films tournés avec Christian Petzold) est l'une des mes deux actrice préférées (avec Jessica Chastain), elles seront bientôt trois à partager mon piédestal personnel dans ce domaine. Ours d'argent à la dernière Berlinale, ce long-métrage au dénouement magnifique (constante chez Petzold) mérite la note de 18/20.

6 septembre 2023 ________________________________________________

"Calmos"

Court extrait du 3ème long-métrage de Bertrand Blier, tourné en 1975. Jean-Pierre Marielle et Jean Rochefort, fatigués de leur vie de couple, décident de fuir leurs femmes, et la gent féminine en général, de se retirer à la campagne et de gueletonner à longueur de jour, et même de nuit.

Attention, film un peu (beaucoup dans cette séquence) miso-macho sur les bords. Cet extrait est là pour démontrer, si besoin est, le talent exceptionnel de ces deux comédiens contemporains et de légende, aujourd'hui disparus et qui aimaient beaucoup les femmes...

8 août 2023 _____________________________________________________

Oppenheimer, de Christopher Nolan

Biographie partielle de celui que l'on nomme encore aujourd'hui le "père de la bombe atomique". Juif américain d'une intelligence largement supérieure à la moyenne, Robert Oppenheimer opte naturellement pour des études scientifiques. Brillant élève partout où et pour tout ce qu'il étudie, la physique quantique devient sa passion. Le nazisme faisant des ravages en Europe, et conscient que son peuple est persécuté par ce régime, il sait que les scientifiques allemands travaillent sur l'élaboration d'une bombe atomique. Il empoigne donc le problème et, entouré de plusieurs cerveaux américains, il se lance dans une course au départ de laquelle, tous ont entre 12 et 18 mois de retard sur leurs homologues du vieux continent. A Los Alamos, ville du Nouveau-Mexique créée expressément pour tous ces hommes et leur famille, ils se lancent dans une compétition effrénée pour remporter l'enjeu. Enjeu n'engageant rien moins qu'un désastre planétaire qui leur serait promis si les rivaux au service d'Hitler emportaient la mise.

En parallèle, et tout au long du film, le metteur en scène revient sur les problèmes que connait Oppenheimer après la guerre, lorsque le maccartisme, phobie de gouvernants amerloques craignant le communisme comme la peste, s'intéresse à son cas, et celui de sa femme Kathy, qui n'en représente finalement pas un. A cela il faut ajouter un troisième volet, très important dans le film, concernant la réticence du scientifique à la création de la bombe H (hydrogène). Lewis Strauss, président de la Commission de l'énergie atomique américaine, s'en prend à lui pour ce fait, et le fait comparaitre, en 1954, devant une sorte de tribunal (qui n'en est donc pas officiellement un), mis en place par ses soins, et à l'issue duquel il perdra son habilitation à œuvrer dans le domaine nucléaire.

Ce très long-métrage (180 minutes), est passionnant de bout en bout. Pas étonnant lorsque l'on connaît la réputation dans ce domaine de son réalisateur. Pourtant, monté de façon non linéaire, et si l'on ne connait pas du tout le sujet, on aurait tendance à se perdre facilement. Je connaissais un peu le destin du héros, mais j'avoue avoir un peu erré parfois. Surtout dans les deux volets parallèles. L'histoire proprement dite de la conception de la première bombe atomique est très claire. Et elle est finalement terrifiante, surtout au moment du son tout premier essai, quelques jours avant que la seconde soit larguée sur Hiroshima. Elément hallucinant à ce propos, personne ne pouvait, parmi tous ceux qui l'on créée, affirmer être certain à 100 pour 100 que l'explosion de la bombe ne déboucherait sur un embrasement général de l'atmosphère terrestre, signifiant ainsi la fin de toute vie sur la planète. Le risque était évalué proche de zéro, mais il n'était pas de zéro !

Au niveau de l'interprétation des personnages, rien à redire. Tous sont parfaitement à leur place. Spécialement Cillian Murphy (rôle-titre), Robert Downey Jr (Lewis Strauss), Matt Damon (colonel Groves, responsable militaire du projet) et Emily Blunt (épouse d'Oppenheimer), principal rôle féminin dans cette histoire très majoritairement masculine. Au final, je suis personnellement ressorti de la salle de projection avec un malaise certain, tant la folie des hommes à avoir créé cette arme terrifiante est évidente. Et l'est encore plus aujourd'hui, lorsque l'on entend le taré du Kremlin menacer le monde de s'en servir pour régler le cas de l'Ukraine.

Note : 17/20

25 juillet 2023 ___________________________________________________

oppenheimer.jpg

Mes actrices préférées.

Si celle ou celui qui met en scène sont déterminants dans mes choix de films, les comédiennes le sont tout autant. Si beaucoup d'hommes s'identifient à un quelconque héros sauvant la planète, ou (pire et plus courant) les Etats-Unis, personnellement ça n'a jamais été le cas. Dans une salle obscure, mon rêve ultime est de prendre dans mes bras celle qui pleure et/ou que l'on persécute. Dans le domaine du chagrin, il est une actrice qui me fend le coeur à chaque larme qu'elle verse : Mélanie Laurent, dont les capacités et son naturel dans cet art très difficile sont exceptionnels. 

Les 40 comédiennes, de 9 nationalités différentes, figurant dans ce clip sont aujourd'hui celles que je ne raterais sous aucun prétexte dans une performance à l'écran. Il y a 16 Française, 9 Américaines, 3 Allemandes, 3 Australiennes 3 Canadiennes, 2 Britanniques, 1 Danoise, 1 Espagnole, 1 Italienne et 1 Polonaise. Je profite de ce 15 juin pour souhaiter à Helen Hunt un très heureux 60ème anniversaire.

Remarque : Si certaines "grandes stars" ne figurent pas dans cette vidéo-hommage, c'est délibéré de ma part, n'appréciant guère, par exemple Sophie Marceau,  Catherine Deneuve, Fanny Ardent, Audrey Tautou, Scarlett Johansson, Sandra Bullock, Sharon Stone, Angelina Jolie, Julia Roberts, Jennifer Lopez, Keira Knightley, Charlize Theron, ou encore Monica Bellucci, la pire de toutes (avec Sophie Marceau)...

15 juin 2023 ____________________________________________________

Mes acteurs préférés. 

13 juin 2023

Mes réalisateurs et réalisatrices préféré(e)s. 

12 juin 2023

Pauvre Bob...

En 1976, par le biais d'un chef-d'œuvre (Taxi Driver), je découvrais un acteur exceptionnel : Robert de Niro. Deux ans plus tard, c'était le choc du "Voyage au bout de l'enfer". Ce film et cet acteur m'ont marqué à tout jamais. Encore deux ans après, dans "Raging Bull", le comédien obtenait enfin l'Oscar du meilleur premier rôle. Mais pour moi, Bob de Niro deviendra le plus grand acteur du monde en campant "Noodles", dans l'un de mes dix films préférés, "Il était une fois en Amérique", de l'immense Sergio Leone. Un long métrage de trois heures quarante, une fresque monumentale, une saga de quarante années retraçant la vie des jeunes membres d'un gang new-yorkais, de leur enfance dans le quartier juif de Lower East Side, au début des années 20, jusqu'à la Prohibition et leur extermination par la police, lors d'une opération ayant mal tourné...

Dans ce péplum des temps modernes, Robert de Niro jouait le rôle de sa vie. Le film portant jusqu'en 1968, il avait dû prendre du poids pour camper un époustouflant Noodles vieilli, retournant seul dans les pas de ses jeunes années et cherchant à comprendre ce qui avait bien pu se passer pour qu'il demeure le seul (du moins le pense-t-il) survivant de la bande trente ans après… Un rôle taillé à sa mesure par un Leone au sommet de son art, et pour un film unique quant à la façon de traiter les souvenirs et le bon temps passé qui ne revient jamais. De Niro, dans ce long métrage jamais égalé dans le genre, donnait à son métier de comédien une dimension absolument gigantesque. Un exemple à citer dans tous les cours d'art dramatique !

 

Mais aujourd'hui, que demeure-t-il de cet immense acteur ? Rien, ou presque ! Est-ce le fait de ne plus disposer de scripts dignes de son talent, ou de se complaire dans l'alimentaire ? Le fait est que, en tournant des stupidités du genre des trois "Fokers" (en compagnie de ce débile profond qu'est Ben Stiller), après le consternant "The Intern " (Le nouveau stagiaire), après la daube que constituait "Mon grand-père et moi", voilà que sort aujourd'hui sur les écrans "Mon père et moi", dont la bande-annonce donne juste envie de demander son internement dans un asile de débiles, tant sa performance est nulle. Robert de Niro en est devenu pitoyable. Réduire son propre jeu jusqu'à le résumer à une suite ininterrompue de grimaces de cabotin stupide et ridicule, revient à constater que ce génie d'antan a perdu tout son aura, son talent et, plus grave encore, tout le crédit ayant fait de lui l'un des meilleurs comédiens du monde et de tous les temps.

- Prends exemple sur Jack Nicholson, lui qui n'est jamais tombé aussi bas que toi. Prends ta retraite Bob ! Tu vas avoir 80 balais, il est largement temps…

3 juin 2023 _____________________________________________________

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The Quiet Girl, de Colm Bairéad

Irlande, été 1981. Cáit est une petite fille d'une dizaine d'années vivant dans un petit village de la campagne. Calme, réservée, effacée, l'enfant subit l'indifférence de ses parents, cette vie terne qui ne la fait jamais sourire. Son père est agriculteur, sa mère s'occupe d'elle et de ses trois frère et sœurs. La famille est pauvre, et une cinquième naissance se profile à l'horizon. Débordés pas cet augure, les parents décident, durant les vacances scolaires, d'envoyer Cáit auprès d'un couple de leur lointaine famille. C'est l'été, il fait excessivement chaud, et le voyage en voiture dure trois heures. Arrivés à destination, froid, distant, voire méprisant envers sa fille, le père ne reste que quelques minutes et reprend la route. Sans embrasser ni même saluer Cáit, ni sa fille ni ses nouveaux hôtes, qu'elle ne connaît pas. Oubliant en plus de laisser sur place la valise de la petite.

Auprès de Sean et Eibhlin, Cáit prend lentement ses marques. Couple d'agriculteurs vivant dans une ferme isolée, lui fait la gueule et ne parle pas, elle est prévenante, gentille et pleine d'attentions. Cette visite la ravit totalement. Avec patience, elle s'occupe de celle que j'appellerai sa nièce (aucune précision à ce sujet dans le film). Petit à petit, Cáit esquisse quelques sourires. Mais l'oncle demeure froid et distant. Un jour, une voisine du couple à laquelle Eibhlin avait confié sa nièce, lui raconte une histoire dont furent victimes sa tante et son oncle. Une douleur expliquant peut-être la réserve de Sean envers la petite Mais le temps passe, et Sean commence à s'intéresser à sa jeune invitée. Ça la ravit, et bientôt elle aide son oncle à balayer l'écurie et même à mettre en place la traite des vaches. Un jour, leur complicité nouvelle ouvre l'homme aux confidences. Il lui confie alors un terrible secret…

Tourné en format 4:3, et interprété en dialecte irlandais (VO), ce long métrage du cinéaste Colm Bairéad est une pure merveille. Désespérant au début, en raison de la froideur entourant Cáit dans tous les domaines, y compris l'école, le climat s'améliore heureusement au fur et à mesure qu'on avance dans cette magnifique histoire. De laquelle émergent deux personnages exceptionnels : la fragile petite demoiselle et sa douce et très aimante tante ; Sean aussi, plus tard, lorsque l'on aura compris la raison de son mutisme initial. La mise en scène est sobre, mais parfaitement en accord avec le thème, la photographie superbe. D'un casting totalement inconnu pour moi, émerge la jeune Catherine Clinch, extraordinaire découverte ! Quelle présence et quel talent de comédienne ! Sa tante (Carrie Crowley) n'est pas en reste du tout, et sa performance digne d'éloges.

Note : 19/20 (meilleur des 19 films visionnés cette année).

23 mai 2023 ____________________________________________________

Jeanne du Barry, de Maïwenn

Ayant vu et adoré les cinq longs-métrages précédents de la réalisatrice franco-algérienne, je n'allais évidemment pas rater le dernier en date, sorti le 16 mai dernier. "Jeanne du Barry" se déroule durant la seconde moitié du XVIIIème siècle. Sous le règne de Louis XV, la petite Jeanne Bécu naît en 1843, de père inconnu et d'une mère couturière. Intelligente et jolie, elle donne du fil à retordre à sa génitrice, qui l'envoie au couvent lorsqu'elle devient adolescente. Elle s'en fait expulser peu de temps après, pour avoir osé lire autre chose que la bible en prenant son bain. Joviale, espiègle et n'ayant pas froid aux yeux, l'ambition ne lui manque pas et, pour goûter à ce que son destin de roturière ne lui permettra jamais, Jeanne fricote, butine de mâle en mâle, de préférence dont le nom est précédé d'une particule. C'est ainsi qu'elle rencontre le comte Jean-Baptiste du Barry. Dans le couple non officiel qu'ils forment, chacun est libre de mener sa vie sexuelle comme il/elle l'entend.

Un jour, le Comte l'emmène à Versailles. De sortie et lors d'une balade à pied, Louis XV, la remarque dans la haie que forment ses soupirant(e)s sur le royal chemin qu'il emprunte. Le soir-même, Jean-Benjamin de La Borde, premier valet de chambre du roi, et sur demande de celui-ci, la convie à un rendez-vous secret avec sa majesté. Ainsi débute une liaison qui, devenue officielle après le décès de Marie Leszczynska, épouse du souverain, va durer six ans. Évidemment, parmi le grand nombre des courtisans de Louis, beaucoup ne vont pas apprécier l'intrusion de cette pimbêche dans le palais de Versailles. Les trois filles du roi seront au premier rang dans cette exercice : elles la détestent cordialement. Mais Jeanne n'a que faire de leur haine et de leurs langues de vipères. Elle aime le roi, et se rend compte que cela devient vite réciproque. La favorite de la Cour ne va donc pas se laisser intimider aussi facilement. Plus tard, elle trouvera un allié inattendu en la personne du Dauphin, le futur Louis XVI. Rien de tel pour ce qui concerne la fiancée de ce dernier, la princesse Marie-Antoinette d'Autriche, qui l'ignore totalement. Finalement, la romance amoureuse du couple ne se terminera que lorsque le roi sera allongé sur son lit de mort.

Par le narrateur du film, on apprend que Jeanne sera guillotinée le 8 décembre 1793, quelques mois après Louis XVI et Marie-Antoinette. Révolution française oblige…

 

Décor posé, que dire du film, de son scénario, de cette histoire et de tout ce qui la constitue ? J'aurais tendance à ne donner qu'une réponse, sous la forme d'une affirmation, d'une fervente déclaration : cinématographiquement parlant, je vous aime Maïwenn ! Après le couronnement de l'autre croulant de Britton, on aurait pu croire qu'un film contant la vie d'une femme amoureuse d'un monarque allait me rebuter. Eh bien non. J'y suis allé sans arrière-pensée, certain que la réalisatrice ne me décevrait pas. Elle m'a enthousiasmé cinq fois (entre 2006 et 2020) avec autant de longs-métrages, la sixième a eu lieu le 19 mai 2023, entre 15 heures 30 et 17 heures 25. Ce film est tout simplement génial. Encore rehaussé à mes yeux par l'impertinence de son héroïne, qui prend un malin plaisir à bousculer certains codes, protocoles, certaines traditions et règles de la monarchie de cette époque, et cela sans que son chef suprême ne s'en émeuve pour autant. Jouissif pour cela, passionnant, captivant, émouvant, drôle souvent pour le reste, j'ai l'impression que dans ce joyau j'aurais reconnu la patte de Maïwenn sans savoir qu'elle en était l'autrice. Quel talent habite donc cette artiste extraordinaire, cette cinéaste de génie ? C'est hallucinant ! De plus elle joue le rôle-titre à la perfection. Et ses choix concernant le reste de la distribution sont parfaits. Acteurs et actrices, tous méritent l'éloge, avec une mention particulière à Benjamin Lavernhe, incroyable valet de chambre du roi. Et Johnny Depp dans tout cela ? Rien à redire, il colle à son personnage à la perfection. Ayant peu de dialogue, même son petit accent américain ne m'a pas gêné. Les costumes sont magnifiques, la mise en scène exceptionnelle, je ne vois pas le moindre bémol à signaler dans cette souveraine (c'est le cas de le dire) et sublime partition cinématographique. Présenté à Cannes en qualité de film d'ouverture mercredi dernier, la projection en salle a été suivie d'une ovation du public longue de 7 (sept) minutes. So, what else ?...

Note : 18/20

20 mai 2023 ____________________________________________________

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Cannes 2023

Le plus grand festival de cinéma du monde vient d'ouvrir ses portes, par l'attribution d'une palme d'honneur à Michael Douglas. Lauréat de deux César d'honneur (1998 et 2016), je me demande ce que les organisateurs et décideurs de ces deux manifestations annuelles ont dans le cigare. Quel manque d'imagination, et de reconnaissance envers celles et ceux qui, jamais récompensés pour leur immense talent, mériteraient dix fois plus un tel honneur. Depuis 1997 et la création de cette palme, seule Agnès Varda en a bénéficié pour ce qui est de la France. Tous les autres sont étrangers, et majoritairement américains. Au risque de passer pour une sale langue, je me demande vraiment ce que le comédien et producteur Douglas a accompli pour mériter un tel léchage de boules. Certes oscarisé pour son rôle dans Wall Street en 1988 (par défaut de grandes performances des autres dans leurs films respectifs), le principal mérite de cet acteur très moyen est d'avoir co-produit, en 1975, le chef-d'œuvre de tous les chefs-d'œuvre du cinéma mondial "Vol au-dessus d'un nid de coucou". Pas de quoi le placer sur un piédestal pour ça, alors que des cinéastes tels que les frères Coen, Tarantino, Scorsese, ou encore Kathryn Bigelow et bien d'autres, pour ne parler que des amerloques, sont royalement ignorés depuis des lustres. Et je ne cite pas celles et ceux d'une nationalité différente, qui pourraient se révéler au moins cinq fois ou six fois plus nombreux(ses). Triste constatation pour ces prétendus académiciens du cinéma, qui ne valent pas mieux que la majorité de ceux qui œuvrent (avec le même titre) dans d'autres domaines dans ce foutu pays de France qui (malgré la sécheresse) prend l'eau de toutes parts…

19 mai 2023 _____________________________________________________

Le meilleur Festival de "Cannes", c'est celui-ci !

Le film du jour : "A Forgotten Man", de Laurent Nègre.

La Suisse dans ses errements coupables lors de la Seconde Guerre mondiale. La bande-annonce de ce film m'a évidement donné envie d'aller le voir. Mais les extraits n'indiquaient pas de qui il parlait en réalité. Surprise incroyable : cet "homme oublié" est un personnage qui figure dans un manuscrit personnel (en recherche d'éditeur il y a quelques années) ; son titre : "Profit, Ordre, Morale". Une histoire de mon pays, ramenée à ses heures majoritairement les plus sombres. Cet homme, ce héros renié par son pays, se nomme Maurice Bavaud, un jeune Neuchâtelois de 22 ans qui, en novembre 1938 à Munich, a tenté d'assassiner Adolf Hitler. Son projet a malheureusement échoué, alors que le Führer était à portée de revolver. Arrêté et remis à la Gestapo, il a été jugé, condamné à mort, et guillotiné à Berlin le 14 mai 1941. La Suisse, son pays, le Conseil fédéral, et l'ambassadeur helvète en poste à Berlin, n'ont pas esquissé le moindre geste pour tenter de le faire libérer. Il faudra attendre 70 (!) ans après sa tentative d'assassinat de l'un des pires tyrans de l'histoire de l'humanité pour que, en 2008, Pascal Couchepin et le CF le réhabilitent enfin.

Le long-métrage de Laurent Nègre m'a déçu. Parce qu'il ne fait qu'effleurer le triste destin de Maurice Bavaud. L'accent est mis sur celui qui était le plus susceptible d'intercéder en sa faveur, le Ministre de Suisse à Berlin (titre officiel des ambassadeurs à cette époque) Hans Frölicher (dont le nom a été changé en Heinrich Zwygart), admirateur d'Hitler, personnage froid, antipathique et dévoré d'ambition (il désirait devenir conseiller fédéral après la guerre). Dès lors, je ne comprends pas pourquoi le metteur en scène à appelé son film "Un Homme oublié". Le véritable héros, renié et trop longtemps oublié, c'est Maurice Bavaud. Quant à Frölicher, ignoré par le conseil fédéral après la défaite allemande, il se verra néanmoins confier la direction du groupement pour la sauvegarde fiduciaire des intérêts allemands en Suisse. En 1961, peu après sa mort, sa ville natale de Soleure baptisera l’une de ses rues du nom de "Frölicherweg" (Chemin Frölicher) ; preuve que,  malgré leur passé, certains personnages sont toujours honorés dans ce pays, à la mémoire très courte sur certains sujets.

A part ça, et pour revenir au long-métrage, Michael Neuenschwander interprète de façon très convaincante le personnage de Zwygart. Les autres rôles demeurent sans grande consistance.

Note : 12/20

Remarque : à la place de l'affiche du film, voici la photographie d'un jeune homme qui, s'il avait pu concrétiser son projet, aurait peut-être contribué à changer la face du monde…

9 mai 2023 _____________________________________________________

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Jack Nicholson

Je l'ai découvert dans ce qui fut son meilleur rôle, celui de Randall McMurphy, héros présumé fou dans "Vol au-dessus d'un nid de coucou", de Milos Forman, en 1975. Et ça m'a donnée envie de voir ses deux films précédents les plus fameux : "Easy Rider", de Dennis Hopper (1969), et "Chinatown", de Roman Polanski (1974). Après quoi, je l'ai régulièrement vu dans une vingtaine de ses films, majoritairement en salle, mais aussi en VHS, DVD et BluRay. Et je peux affirmer que, avec Bourvil et Jean-Pierre Bacri, il est le seul acteur à ne jamais m'avoir déçu. Quel exceptionnel comédien ! Le meilleur de tous les temps. Capable de tout jouer, crédible dans tous ses rôles. 12 nominations aux Oscars (3 fois gagnant) ; nommé 17 fois aux Golden Globes (6 victoires), une présence à l'écran unique, la fascination qu'il a toujours exercée sur moi est unique. Des comédiens de ce gabarit, on en trouve un par génération, et encore… Malheureusement, mais c'est la vie, depuis 2010 il ne tourne plus. Et, en ce 22 avril 2023, King Jack fête son 86ème anniversaire. Happy Birthday 2 U McMurphy !

22 avril 2023 ____________________________________________________

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Le Film du jour : "Je verrai toujours vos visages", de Jeanne Herry

En France, depuis une petite dizaine d'années, il existe un service appelé "Justice restaurative". Il propose (et non pas impose) à des personnes victimes et auteurs d’infractions graves, de dialoguer dans des dispositifs sécurisés, encadrés par des professionnels et des bénévoles bien formés. Dans le film, condamnés pour vols avec violence, on trouve trois délinquants, qui font face à une femme et deux hommes, victimes de homejacking, de braquage et de vol à l'arraché. Aucune victime n'est en présence de son propre agresseur. Les réunions sont organisées dans un local de la prison dans laquelle sont internés les condamnés. Tout le monde est réuni en cercle, médiateurs compris ; ils (elles) se font face et racontent le vécu qui les a amenés là. En fil rouge, on trouve une jeune femme victime de viols de la part de son grand frère, lorsqu'elle était enfant. Apprenant que ce dernier est de retour dans la ville qu'elle habite, elle désire rencontrer (en privé) une médiatrice, afin de mettre au point une stratégie de rencontre avec lui pour qu'elle puisse éviter de croiser ce frère à qui elle n'a jamais pardonné. Dans les récits, on trouve de la colère, des déchirements, des silences et des espoirs. Et, parfois, au bout de cette thérapie de groupe pas évidente, des prises de conscience (pour les agresseurs) et un peu de confiance retrouvée (pour les victimes).

 

Jeanne Herry est la fille de Miou-Miou (dont le véritable nom est Sylvette Herry) et de Julien Clerc. Elle réalise ici son 3ème long métrage. Je n'ai vu que le deuxième "Pupille" (2018), auquel j'avais attribué la note de 19/20. Celui-ci, également scénarisé et dialogué par la réalisatrice, atteint le même score. Quelle merveille de film ! Et quel travail de recherche de documentation concernant ce service, essentiel à mes yeux. Deux heures haletantes, sans temps mort, débordant (malgré le sujet) d'humanité, de retenue, de justesse, tout est exceptionnel dans ce scénario. Et les interprètes dans tout cel ? Eh bien parlons-en, car toutes et tous sont à la hauteur de ce chef-d'œuvre. En voici la liste complète des rôles de premier rang :

Élodie Bouchez : Judith, médiatrice (pour moi la meilleure)

Adèle Exarchopoulos : Chloé, violée par son frère

Leïla Bekhti : Nawelle, victime

Dali Benssalah : Nassim, agresseur

Suliane Brahim : Fanny, médiatrice

Gilles Lellouche : Grégoire, victime

Miou-Miou : Sabine, victime

Jean-Pierre Darroussin : Michel, médiateur

Fred Testot : Thomas, agresseur

Birane Ba : Issa, agresseur

Denis Podalydès : Paul, instructeur

12ème film vu cette année, nul doute que ce chef-d'œuvre figurera dans mon trio favori à fin décembre. Et ce qui me ravit encore davantage, c'est que ce soit l'œuvre d'une femme qui, comme tant d'autres, représente l'avenir le plus crédible et enthousiasmant dans ce domaine. 

 

Remarque : il m'a fallu plusieurs gros plans sur son visage pour reconnaître Fred Testot (le Blanc du SAV de Canal+, il y a quelques années) ; ayant pris du poids et de la carrure, cheveux abondants et en bataille, barbe taillée à coups de sécateur à tuyas, il n'a que peu de dialogues, mais s'avère tout à fait excellent dans ce rôle d'ancien junkie, trop longtemps accro à la coke.

12 avril 2023 ____________________________________________________

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Le Film du jour : "La Ligne", de Ursula Meier

Ce soir a eu lieu la remise des Quartz, récompenses du cinéma rouge et blanc. Cérémonie insignifiante concernant un art dans lequel la Suisse, malgré quelques belles réalisations, joue toujours dans la cour des nains de jardin.  

Ursula Meier, est une cinéaste franco-suisse (ce que nos médias chauvains oublient toujours de préciser). Né à Besançon le 24 juin 1971, elle vit à Bruxelles et représente la Suisse dans les festivals du cinéma. "La Ligne" est son troisième long-métrage. J'avoue n'avoir pas beaucoup aimé les deux premiers ("Home" en 2008, et "L'Enfant d'en-haut" en 2012). Mais le dernier m'a radicalement retourné. Filmé au Bouveret, il raconte l'histoire de Margaret, une jeune femme qui un jour agresse violemment sa mère, professeure de piano, laquelle porte plainte contre elle. Dans l'attente d'un procès, Margaret est interdite de présence dans un rayon (la ligne) de 100 mètres autour de la maison de sa maman. Regrettant son acte de violence, elle fait tout son possible pour se rapprocher de sa famille. Sa soeur cadette joue les arbitres, la maman refusant catlgoriquement de pardonner à son aînée.   

"La Ligne" est le troisième film que j'ai vu (le 23 janvier) cette année. Et il est pour l'instant toujours le meilleur. Surtout pour la performance des deux soeurs, Stéphanie Blanchoud et Elli Spagnolo. Aux Quartz la première a obtenu le titre de meilleure actrice dans un premier rôle, la deuxième dans un second rôle. Egalement scénariste de ce film mangnifique, Stépanie Blanchoud est une actrice helvético-belge tournant peu, mais qui se révèle exceptionnelle dans son rôle de "Maragaret la paumée". Rien que pour elle, ce long-métrage, également interprété par Valeria Bruni-Tedeschi (bof !) et Benjamin Biolay (bon !), mérite d'être visionné.

Note : 17/20

24 mars 2023 ___________________________________________________

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Rien à déclarer, de Dany Boon, 2010

- Il est où le U ?

- Quel U ?

- Le U de AMBULANCE !

- Y'a un U dans AMBLANCE ?...

Alejandro Mogollo...

... est un artiste peintre espagnol qui travaille principalement sur des portraits féminins, des actrices ayant évolué dans de grands films de toute l'histoire du cinéma. Ses caricatures, très colorées et fidèles aux modèles originaux, sont toutes plus magnifiques les unes que les autres. En voici quelques exemples que j'ai particulièrement appréciés et, pour la plupart, replacés par mes soins dans le cadre des films qu'ils sont censé représenter...

9 mars 2023 ____________________________________________________

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Nina Hoss

Comédienne allemande née le 7 juillet 1975 à Stuttgart, Nina Hoss est peu connue dans les pays francophones. Elle est pourtant une actrice tout à fait remarquable, avec une présence rare à l'écran. Lauréate de quatre prix de la meilleure comédienne dans les Festivals internationaux de Berlin (2007), Seattle (2015), San Sebastian et Stockholm (2019), chacune de ses interprétations vaut le détour. Au cours de ces onze dernières années, je l'ai vue dans une dizaine de films qui, dans leur totalité, m'ont subjugué comme rarement devant un grand écran. Au point que je n'hésite pas une seule seconde pour affirmer qu'elle est aujourd'hui la digne héritière de l'inoubliable Romy Schneider. En 2012, dans "Barbara", de Christian Petzold (son metteur en scène fétiche, lauréat de l'Ours d'or à Berlin pour ce film), elle interprétait une pédiatre exerçant à Berlin, en 1980. Déplacée dans un petit hôpital situé sur la côte sud de la Mer Baltique après une demande refusée de passage à l'ouest, sans cesse surveillée par la STASI, son rêve demeure toujours présent et, malgré les risques, elle parvient à organiser sa fuite. Mais au moment même où elle va réussir, un événement inattendu dans sa vie professionnelle la fait renoncer, se sacrifiant au profit de l'une de ses jeunes patientes. Ce film bouleversant demeure aujourd'hui encore l'une des dix plus grandes œuvres cinématographiques jamais vues dans ma vie. Et à 47 ans, Nina Hoss est, avec Jessica Chastain, pour moi la meilleure actrice du monde. Son dernier film en date, "Tár", de Todd Field (16/20), dans lequel elle partage l'affiche avec Cate Blanchett et Noémie Merlant, est toujours visible dans les salles de Suisse romande.

Artiste  engagée, Nina Hoss est ambassadrice de "Terres des Femmes", une ONG militant contre les mutilations génitales féminines.

27 février 2023 __________________________________________________

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48ème cérémonie de remise des César du cinéma français

Ça commence mollo-mollo, avec un Jamel Debbouze qui, s'il est toujours un excellent acteur, plafonne au rez-de-de chaussée pour ce qui est de son pseudo-humour sur scène. Son remake de dialogue avec Adriana Karembeu (sa tête à la hauteur de la poitrine du mannequin), vieux de 24 ans (!) tombe à plat, d'autant plus qu'en face de lui, il a Monica B., l'une des plus mauvaises actrices du monde. Au niveau des présentations, à noter surtout les speeches de (l'inattendu) Brad Pitt, pour la remise d'un César d'honneur à David Fincher, de Marina Foïs, évoquant la carrière exceptionnelle du regretté Jean-Louis Trintignant et, surtout, celui de l'actrice iranienne Golshifteh Farahani, réfugiée en France pour fuir un régime d'ayatollah assassins, et pour lesquels la femme a moins de valeur qu'une chèvre ou qu'un chameau. La comédienne a rappelé que l'Iran, c'est avant tout ses habitants. (De la graine pour le CF Berset et l'ambassadrice suisse dans cette dictature de vilains cafards, très aptes à courber l'échine devant les misérables fossoyeurs de ce peuple.)

 

Du côté des récompenses, de belles satisfactions personnelles. Mais surtout une injustice flagrante, ou plutôt deux :

Aucun César pour "En Corps", de Cédric Klapisch, pourtant nommé 9 fois. Aucune femme nommée dans la catégorie des meilleur(e)s réalisateurs(trices).

Les récompenses suivantes m'ont enchanté :

Meilleure comédienne dans un second rôle pour Noémie Merlant, dans "L'Innocent", de Louis Garrel. Premier César pour celle qui deviendra très vite la meilleure comédienne française.

Son pendant masculin, Bouli Lanners, césarisé époustouflant dans "La Nuit du 12".

Toujours pour le même film, et toujours aussi mérité : Bastien Bouillon, meilleur espoir masculin.

"La Nuit du 12" encore : meilleur film, meilleur scénario adapté, et meilleur réalisateur, Dominik Moll, sans oublier le meilleur son. Ce long-métrage, tiré d'un fait divers réel, le plus beau que j'ai vu en 2022 (avec "En Corps"), est le grand gagnant de la soirée, avec six César récoltés.

Meilleure actrice : Virginie Efira, pour "Revoir Paris", d'Alice Winocour. L'artiste belge (comme Bouli Lanners), excellente dans ce film, enfin récompensée après quatre nominations sans succès.

Pour le reste, je ne peux pas juger le meilleur acteur, Benoît Magimel, récompensé pour "Pacifiction – Tourment sur les Îles, n'ayant pas vu ce long métrage. Déjà césarisé l'an dernier pour "De son vivant", d'Emmanuelle Bercot, l'acteur est à mon goût surévalué par l'académie des César…

25 février 2023 __________________________________________________

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Noémie Merlant, meilleure second rôle féminin. A chaque prestation cinématographique, cette comédienne de 34 ans m'impressionne par son talent, sa présence, son charme et sa prestance. Une future grande du cinéma, non seulement français mais international aussi. Digne successeuse de Marion Cotillard (encore loin d'être une has-been)...

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Audrey Hepburn

Voilà exactement l'image que je garde de cette femme admirable. L'une des plus grandes actrices de tous les temps, égérie de Hubert de Givenchy, lançant "L'Interdit" en 1954, parfum créé à son intention. Mais aussi Ambassadrice spéciale pour l'Afrique et l'Amérique latine auprès de l'UNICEF, organe dédié aux enfants défavorisés, au sein duquel elle s'est dépensée sans compter durant les quatre dernières années de sa vie. Elle vivait en Suisse, dans le canton de Vaud, à Tolochenaz, petit village situé au-dessus de Morges. Ainsi, elle voyageait beaucoup, raison pour laquelle je l'ai eue plusieurs fois en face moi, dans une fonction exercée à l'aéroport de Genève entre 1975 et 1989. Elle voyageait toujours seule, du moins sans le moindre recours au service VIP auquel elle aurait pu avoir droit. Avec son regard d'une profondeur sans égale, son sourire et son inclinaison de la tête lorsque je ne lui faisais pas l'affront de contrôler la pièce d'identité qu'elle me présentait, elle demeure dans ma mémoire la comédienne la plus féminine, charmante et d'une classe que peu de ses consœurs (j'en ai vu bien d'autres) pouvaient égaler. Née à Ixelles (Belgique) le 4 mai 1929, elle a tourné avec les plus grands metteurs en scène, joué avec les plus grands acteurs. Elle demeure pour moi la plus belle et l'une des trois ou quatre meilleures comédiennes de tous les temps. Elle est décédée le 23 janvier 1993, à l'âge indécent de 63 ans. Dans "Always", de Steven Spielberg, son dernier film, tourné en 1989, elle tenait le rôle d'un ange que les pilotes d'avions luttant contre les feux de forêts, et décédés dans cette activité, rencontraient après leur arrivée au "paradis". Un rôle court, mais magnifique, qu'elle tient peut-être encore aujourd'hui pour de vrai, qui sait ? Bien sûr, je suis allé lui rendre visite dans le petit cimetière vaudois où elle repose, ensevelie sous une sépulture simple, mais qui saute aux yeux dès que l'on y pénètre. Tout à son image, finalement.

10 février 2023 __________________________________________________

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Dans le jardin de sa maison de Tolochenaz, baptisée "La Paisible".

Le cimetière dans lequel elle repose depuis plus de trente ans.

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Il était une fois dans l'Ouest

Mon premier chef-d'œuvre vu au cinéma. Tourné en 1968, sorti un an plus tard en Suisse. J'avais 15 ans et je découvrais la beauté époustouflante et le sex-appeal ébouriffant de Jill McBain, sous les traits de Claudia Cardinale. L'ex-entraîneuse de La Nouvelle-Orléans venait rejoindre son mari (épousé un mois plus tôt) dans un ranch établi sur un terrain convoité par le promoteur d'une voie de chemin de fer. Jill quitte le train et se fait amener là ou elle pense que son mari Peter (Frank Wolff) l'attend en compagnie de ses trois enfants, nés d'un précédent mariage. Vision d'horreur : leurs quatre corps gisent à côté de leur habitation, assassinés par Frank (Henry Fonda), à la solde du promoteur du chemin de fer.

Séquence magnifique, encore réhaussée par l'une des trois ou quatre plus belles musiques de film jamais composées, signée du grand maître en la matière, Ennio Morricone. Sergio Leone met en scène le premier de ses deux monuments du 7ème Art, le second étant, 16 ans plus tard. "Il était une fois en Amérique". En 1968, Claudia Cardinale avait 30 ans ; elle en aura 85 le 15 avril prochain. Et puis, le réalisateur, le compositeur de la musique, et les 12 premiers rôles masculins de ce chef-d'œuvre absolu sont aujourd'hui tous décédés. Heureusement, il reste les images, et le son de la bande originale, réunis ici dans l'une des plus émouvantes séquence du film. En Italie, Allemagne et France, "Once Upon a Time in the West" (car tourné en anglais) a réuni 37 millions de spectateurs en salle.

1er février 2023 __________________________________________________

Touch of Evil

Los Robles, petite ville frontalière entre les États-Unis et le Mexique. Une bombe explose dans le secteur américain de la ville, susceptibles de créer des complications entre les deux pays. Mike Vargas (Charlton Heston), policier mexicain alors en voyage de noces avec sa femme Susan (Janet Leigh), décide de mener l'enquête de son côté. Il découvre alors les méthodes plus que douteuses de son homologue américain Hank Quinlan (Orson Welles). Vargas et sa femme se retrouvent aux mains d'un gang de la région, et face à une police locale corrompue, dont Quinlan est le parfait exemple.

Réalisé en 1957 par Orson Welles, "Touch of Evil" ("La Soif du mal" en français) est un film magnifique, pour moi encore meilleur que "Citizen Kane". Les trois séquences constituant la vidéo ci-dessous sont destinées à mettre en exergue le fabuleux acteur qu'était aussi Orson Welles (méconnaissable ici), et la présence lumineuse de l'immense Marlene Dietrich, dans un petit rôle qui lui fait pourtant crever l'écran. Pour le tournage, celle qui se nomme Tana a été physiquement transformée en une magnifique tenancière mexicaine d'un petit boui-boui local. Alors âgée de 55 ans, jamais cette artiste n'a été aussi belle dans un film, "L'Ange bleu" y compris. A cela, il convient d'ajouter la bande sonore intitulée "Tana's theme", un sublime air de piano mécanique signé du multi-oscarisé Henri Mancini. La dernière séquence marque la fin du film, et elle est pour moi l'une des plus belles scènes de l'histoire de "mon" cinéma…

28 janvier 2023 __________________________________________________

Le Héros de la famille

Dénouement d'un film magnifique de Thierry Klifa, réalisé en 2006, doté d'un fabuleux casting. On y voit tous les protagonistes de cette histoire familiale tournant autour d'un cabaret niçois, dont Marianne, qui interprète la version française de "The Rose", le succès mondial de Bette Midler (1979). Le film s'appelle "Le Héros de la famille", lequel provoque, dans son entourage, un raz de marée par le testament qu'il laisse après son décès. Géraldine Pailhas, sublime comédienne, nous offre ici un autre volet de son immense talent.  

23 janvier 2023 __________________________________________________

Les Poupées russes

Deuxième volet d'une trilogie incluant le premier "L'Auberge espagnole" (2002), et avant le dernier "Casse-tête chinois" (2013), "Les Poupées russes" (2005) est mon préféré. Il est même pour moi l'un de dix plus beaux longs-métrages français jamais vus en salle. Et cette séquence est la plus géniale des 125 minutes de pellicule constituant le film. Tout est dit dans cette extraordinaire déclaration d'amour, que tout homme rêverait un jour d'entendre. Xavier l'infidèle laisse son amoureuse Wendy sur un quai de la gare de Saint-Petersbourg, pour aller rejoindre, à Moscou, une top-model dont il est en train de rédiger la biographie. Il en reviendra la honte au front et la queue entre les jambes, cependant que Wendy errera dans une ville où tout lui semble soudain gris et sans la moindre saveur. Cédric Klapisch, metteur en scène et co-scénariste, crée un chef-d'oeuvre absolu dans le genre, encore sublimé par la bande sonore que constitue ici la magnifique chanson "Mysteries", interprété par Beth Gibbons. Une musique qui colle aux images et à la détresse de Wendy comme rarement dans un drame amoureux. Kelly Reilly et Romain Duris, sont au sommet de leur art dans tout le film. J'avoue qu'à chaque visionnage de cette séquence, mon regard devient flou avant qu'elle ne se termine...

Si j'aime à ce point le 7ème Art, c'est avant tout pour des scènes telles que celle-ci, qu'elles concernent l'amour ou quel qu'autre sujet que ce soit. Et dans ce domaine, Cédric Klapisch, mon cinéaste français préféré (avec Maïwenn), est passé maître dans la façon de transmettre des émotions aux spectateurs de ses films.

VIVE LE CINEMA EN SALLE !

20 janvier 2023 __________________________________________________

Géraldine Pailhas

César du meilleur espoir féminin en 1992 pour "La Neige et le feu", de Claude Pinoteau, je l'ai découverte dans "Le Garçu", de Maurice Pialat, en 1996, où elle donnait la réplique à Gérard Depardieu. Ont suivi une quinzaine de longs métrages visionnés, dont aucun ne m'a jamais déçu. Cette Marseillaise (qui fête son 52ème anniversaire aujourd'hui), belle femme brune aux magnifiques yeux noisette, est une comédienne qui mériterait que les réalisateurs lui confient davantage de rôles de premier plan. Parce qu'elle peut tout jouer. Des films tels que "Les Randonneurs", "La Chambre des officiers", "Le Coût de la vie", "Une Vie à t'attendre", "Le Héros de la famille", "Le Prix à payer", "Les Yeux de sa mère", "Tout s'est bien passé", éblouissante dans chacun d'eux, ont fait d'elle aujourd'hui mon actrice française préférée. En épousant Christopher Thompson, fils de Danielle Thompson, elle-même fille de Gérard Oury, elle est entrée de plein pied dans une grande famille du cinéma de l'Hexagone. Mais elle n'avait vraiment pas besoin de cela pour percer, tant son talent est une évidence qui saute aux yeux (de ceux qui veulent bien les ouvrir)…

8 janvier 2023 ___________________________________________________

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Mon palmarès cinématographique 2022

The Banshees of Inisherin, de Martin McDonagh

Dans la légende irlandaise, les "Banshees" sont des esprits féminins dont les gémissements avertissent d'une mort imminente dans une maison. En 1923, durant la guerre civile en Irlande, sur l'île d'Inisherin, le violoniste folk Colm Doherty (Brendan Gleeson) commence brusquement à ignorer son ami de longue date, Pádraic Súilleabháin (Colin Farrel). Celui-ci, bien que gentil et apprécié des insulaires, se révèle finalement trop ennuyeux pour Colm, beaucoup plus âgé, et qui souhaite passer le reste de sa vie à composer de la musique, et à faire des choses dignes de laisser une trace de lui sur l'île. Alors que Pádraic est de plus en plus affligé par ce rejet, Colm devient réfractaire aux tentatives de son ancien ami de lui parler. Il lui adresse finalement un ultimatum : chaque fois qu'il l'abordera verbalement, il s'amputera de l'un de ses propres doigts. Pádraic tente de se résigner mais, n'ayant sans doute pas compris la froide détermination de celui qu'il considère toujours comme son pote, il revient à la charge. Peu après, on frappe à la porte de sa maison. Il va ouvrir et voit Colm s'éloigner. Devant lui, sur le sol, il découvre alors avec horreur l'index sectionné du violoniste. Dans le film, sous ses airs de vieille sorcière, il a une Banshee, dont les prédictions s'avèrent finalement assez justes et précises…

Martin McDonagh est un réalisateur d'origine irlandaise de 52 ans. Ce long-métrage est le 4ème qu'il met en scène. J'en ai vu deux autres, le génial "In Bruges" (avec les mêmes acteurs principaux), et l'extraordinaire "Three Billboards", avec la fabuleuse Frances McDormand, oscarisée pour ce rôle. Deux raisons pour aller voir le dernier, au lendemain de sa sortie sur les écrans suisses. Je ne pensais pas être déçu… et je ne l'ai pas été. Sur cette île (fictive) austère et très peu peuplée, les amitiés sont essentielles, et le Pub local idéal pour y boire une pinte de bière ensemble. Dans ce domaine, la rupture décidée par Colm, fait jaser, et chacun y va de son commentaire. Vivant avec lui, Siobhán (Kerry Condon), la gentille sœur de Pádraic, fait de son mieux pour arranger les bidons, mais en vain. Même le curé de la paroisse s'en mêle, alors que Colm est, auprès de lui, en séance de confession. Une séquence hallucinante et extrêmement drôle, qui finit par une sévère engueulade dans laquelle les deux hommes se traitent de divers noms d'oiseaux peu recommandables dans un tel endroit.

Au niveau de l'interprétation, tout le monde figure au top. Tant Brendan Gleeson, l'Irlandais de service et comédien exceptionnel, que Colin Farrell, époustouflant dans cette histoire glauque, mais magnifique. Et puis la touche féminine indispensable évolue sous les traits de Kerry Condon, une actrice que je découvrais, et qui m'a totalement conquis par son talent. "The Banshees of Inisherin" est mon 49ème et dernier film visionné cette année, et il figure incontestablement parmi les seize ayant obtenus une note égale ou supérieure à 16 sur 20.

Note : 16/20

30 décembre 2022 ________________________________________________

Maïwenn, ma cinéaste préférée

En octobre 2011, sur mon blog cinématographique de l'époque, j'évoquais la découverte d'un film exceptionnel : "Polisse". Un coup de poing à l'estomac, conséquence bien connue de ce que produit souvent un chef d'œuvre du 7ème Art sur moi. Dès lors, intrigué et totalement admiratif de la jeune réalisatrice, je découvrais, par DVD interposés, ses deux autres longs métrages, réalisés en 2006 et 2009. Le premier a pour titre "Pardonnez-moi", le second s'appelle "Le bal des Actrices". Evidemment, vu mon (coupable) manque d'intérêt pour la metteuse en scène à l'époque, je suis passé totalement à côté de la sortie en salle de ces deux films. Visionnés sur disques, je suis tombé sur autant de fabuleuses découvertes, auxquelles j'adjoins le sentiment en moi que le vieux con bourré de préjugés que j'étais (et que je suis peut-être encore, on ne peut jurer de rien) serait bien inspiré d'aérer régulièrement son crâne afin de laisser l'air frais ventiler la masse difforme qui se fait outrageusement passer pour sa matière grise. Parce que Maïwenn, avant 2011, ne représentait rien pour l'ignare que j'étais. Mais bon, à l'âge qui était alors le mien, on peut encore rêver de progresser...

Dans cette optique débordante d'espoir, j'ai très vite commencé à étudier le cas "Maïwenn Le Besco". Les Lilas, dans la banlieue parisienne, est sa ville natale. Née le 17 avril 1976, la petite est poussée dès son plus jeune âge vers le cinéma. Par qui ? Par sa maman, Catherine Belkhodja, elle-même comédienne (franco-algérienne) peu connue. Dès l'âge de sept ans, Maïwenn est battue régulièrement par son père (franco-vietnamien), parfois très violemment. Plus tard, c'est sa mère qui prend le relais, voyant soudain en elle une possible rivale (eh oui !) dans le métier qu'elles exercent toutes les deux. Conséquences de tout cela : une enfance malheureuse et une adolescence des plus pénibles. Mais, comme elle le dit elle-même, elle n'en a pas vraiment conscience sur le moment, parce qu'elle pense que cela se passe de la même façon pour toutes les filles de son âge (en voilà un sentiment qui me parle…) Devenue adulte, et après la naissance de ses deux enfants : une fille avec Luc Besson – à moins de 17 ans – et un fils avec Jean-Yves Le Fur (célèbre homme d'affaires) en 2003, elle se lance dans la réalisation…

"Pardonnez-moi" raconte l'histoire d'une jeune femme enceinte qui désire tourner un film sur sa famille, afin de le montrer plus tard à son enfant. Si la violence de sa mère est occultée, il n'en va pas de même de celle de son père. La fiction est donc partiellement d'inspiration autobiographique, et le traitement qu'en fait Maïwenn est bouleversant. Ce thème de l'enfance maltraitée reviendra dans "Polisse", preuve peut-être que l'on ne se remet sans doute jamais de certaines blessures subies dans cette période si importante de la vie. Dans "Le bal des Actrices", la réalisatrice change de registre, souhaitant filmer, sous la forme prétendue de documentaire, la vie hors plateau de plusieurs comédiennes. Le film est tellement réussi que l'on se laisse prendre au jeu ; car tout est écrit, mis en scène, tourné et joué comme si le spectateur assistait à la projection d'un documentaire. Ces deux magnifiques longs métrages, ajoutés à "Polisse", ont deux points communs : premièrement, dans chacun d'eux Maïwenn tient, tout au long de l'intrigue, une caméra ou un appareil photo ; deuxièmement, si le premier et le dernier ont un thème plus ou moins commun, les trois sont pour moi de véritables chefs-d'œuvre, le second étant de plus constellé d'actrices toutes plus magnifiques les unes que les autres…

A la fin de "Pardonnez-moi", film dans lequel Maïwenn, qui tient le rôle principal, cherche le repentir de son papa, on voit sa psychothérapeute lui affirmer :

- "N'attendez pas que votre père vous demande pardon. Il ne le fera pas ! Pardonnez-lui et servez-vous de ce traumatisme de l'enfance pour construire quelque-chose de positif"...

A deux mots près ("Pardonnez-lui"), elle a raison ! Au point de croire peut-être que si elle avait vécu parfaitement heureuse dans ses jeunes années, cette femme admirable n'aurait jamais pondu deux des trois œuvres majeures citées dans cet hommage. Aujourd'hui, à 46 ans, elle a ajouté deux autres films à sa carrière de réalisatrice : "Mon Roi" (2015) et "ADN" (2020). Je les ai évidemment vus tous les deux et, sur des sujets moins graves et interpellateurs à mes yeux que "Pardonnez-moi" et "Polisse", je les ai beaucoup aimés.

Dès lors, ce qui me tient le plus à cœur, dans un domaine qui a bercé ma vie à coups répétés de cent minutes de bonheur vécus dans la salle obscure, c'est que Maïwenn n'en reste pas là (il n'y a d'ailleurs aucune raison qu'il en soit ainsi). Réalisatrice, scénariste et interprète, il faut qu'elle continue de tourner. Encore et toujours. Car je suis persuadé que la santé morale de mes dernières années d'existence (fortement conditionnée par le cinéma depuis plus de 55 ans), tiendra grandement à la pellicule que, telle cette femme exceptionnelle, les grands cinéastes voudront bien faire dérouler devant mes yeux. Lesquels ne brillent jamais autant que lorsque certain(e)s se servent de ce moyen pour dévoiler toute la profondeur de leur humanité, l'éclatante richesse de leur âme et la grandeur insoupçonnable de leur cœur.

Aux dernières nouvelles, 2023 devrait voir la sortie de son 6ème long-métrage, "Jeanne du Barry" (maîtresse de Louis XV), film historique dans lequel elle donnera la réplique à Johnny Depp. Malheureusement, financé par Netflix, on ne devrait pas avoir la chance de le voir en salle…

6 novembre 2022 _________________________________________________

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Marlène Jobert

Comment ne pas être séduit par un tel visage ? C'est ce que je me disais en découvrant, à l'âge de 16 ans, l'affiche du "Passager de la pluie" ou de "Dernier domicile connu". A la même époque et sans équivoque, Claudia Cardinale, la très pulpeuse vedette féminine de "Il était une fois dans l'Ouest", bousculait mes juvéniles pulsions sexuelles. Marlène Jobert, elle, évoquait la douceur, la tendresse, à mes yeux beaucoup plus nobles et durables, indispensables à mon cœur en état de manque. Si, par défaut de films à voir, j'ai un peu oublié l'Italienne, je n'ai jamais renié la Française.

Marlène Jobert voit le jour à Alger le 4 novembre 1940, d'un père français, militaire en poste en Afrique du Nord, et d'une mère juive algérienne. De son enfance, très dure par l'extrême sévérité paternelle, elle gardera une timidité et une réserve qui, longtemps vont la caractériser. L'adjudant-chef Jobert étant plus tard muté à Dijon, Marlène, l'aînée de cinq enfants, débarque en Côte-d'Or au début des années 50. Sa scolarité terminée, elle met tout en œuvre pour devenir comédienne. Elle débute au théâtre en 1962, au cinéma quatre ans plus tard, dans l'un des meilleurs films de Godard : "Masculin, Féminin", aux côtés de Jean-Pierre Léaud et de Chantal Goya.

Je m'arrête là dans sa biographie ; si vous êtes fan autant que je le suis, achetez le livre, il en vaut la peine, parce que Marlène raconte énormément de choses, sans concession pour certains de ses partenaires à l'écran ou au théâtre, et avec une franchise qui impose le respect. Autrice, depuis tant d'années, de contes pour enfants, sa plume est alerte, précise, et elle livre sans déballage racoleur ni pudeur excessive, une autobiographie instructive, touchante et parfois très poétique. Toute à l'image, finalement, de cette femme qui, du jour au lendemain, a décidé de cesser de tourner pour se consacrer à l'éducation de ses deux filles, les jumelles Eva et Joy, nées le 6 juillet 1980...

Marlène Jobert fête aujourd'hui-même son 82ème anniversaire. Elle est restée très belle et possède toujours dans le regard, cette flamme intense qui, il y a plus de 50 ans, a tant contribué à allumer celle qui en moi brûle toujours pour elle. J'ai vu la presque totalité de ses films, et ne supportait pas (surtout dans ceux que je découvrais à l'adolescence) de la voir en larmes à l'écran : elle avait de trop beaux yeux pour ça, et ceux qui la faisaient pleurer étaient des salauds ! J'aurais voulu être près d'elle et la prendre dans mes bras pour la consoler. Eva Green, comédienne aussi belle et douée que sa maman, même si elle évolue dans un registre différent, me fait un peu le même effet à l'écran. Surtout parce qu'il y a, dans certaines intonations graves de sa voix, une similitude très troublante avec celle de sa mère. En 1988, alors que Marlène Jobert quitte au matin son appartement pour se rendre sur le tournage de "Les cigognes n'en font qu'à leur tête", ses jumelles, âgées de 8 ans, se jettent à ses pieds en la suppliant de rester avec elles. Leur dépit, leur insistance, la "mise en scène" destinée à influencer leur mère est si touchante et efficace que la comédienne leur donne sa parole : ce film sera le dernier qu'elle tournera. Et elle tiendra sa promesse ! Pour l'amour de ses filles, mais aussi parce que, elle le reconnaît dans le livre, elle n'avait plus le feu sacré pour son métier d’actrice. Au cours des années suivantes et jusqu'en 1998, on la verra encore dans quelques téléfilms et séries télévisées, mais plus jamais sur grand écran. L'écriture de ses contes pour enfants prendra la relève d’un besoin vital de s'exprimer, conséquence d'une enfance au cours de laquelle personne n'était jamais là pour l'écouter. Comme je la comprends...

Marlène Jobert - "Les baisers du soleil" - Plon, 2014 - ISBN 978-2-259-22342-3

Si aucun de ses films ne m'a déplu, mon préféré demeure, aujourd'hui encore "Nous ne vieillirons pas ensemble", de Maurice Pialat, tourné en 1972, où elle partage l'affiche avec Jean Yanne, Prix d'interprétation masculine à Cannes cette année-là. Exceptionnelle dans ce film où elle subit, à l'écran, les humeurs souvent odieuses de son partenaire, Marlène Jobert en aurait mérité tout autant. Niveau récompenses, les César n'ayant été créés qu'en 1976, cette merveilleuse comédienne ne sera jamais récompensée, si ce n'est en 2007, où elle se voit décerner un César d'honneur (ô combien dérisoire) pour l'ensemble de sa carrière. Avec Bourvil, Marlène Jobert est celle qui est à l'origine de ma passion pour le cinéma. Un besoin vital qui dure depuis 57 ans, et qui ne s'est jamais démenti.

4 novembre 2022 _________________________________________________

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L'Innocent, de Louis Garrel

Abel (Louis Garrel) est un trentenaire encore traumatisé par la mort accidentelle de sa femme, tuée dans la voiture qu'il conduisait. Lorsque sa mère Sylvie (Anouk Grinberg), qui enseigne la comédie, lui avoue qu'elle va se marier avec Michel (Roschdy Zem), un repris de justice encore en prison, c'est un peu la panique pour lui. Bourré de préjugés, il va tout mettre en œuvre pour lui prouver qu'elle a tort d'unir sa vie à celle d'un homme dont le passé est synonyme d'instabilité et, forcément, de manque d'honnêteté vis-à vis du monde entier. Mais le mariage à lieu, il y assiste, et les louanges de sa mère concernant son nouvel homme n'y font rien. Avec l'aide de Clémence (Noémie Merlant), sa meilleure amie, il met au point une stratégie afin de confondre son nouveau beau-père. Mais rien ne se passe comme il l'espérait…

Quatrième long-métrage d'un acteur très en vogue actuellement, L'Innocent a reçu un accueil dithyrambique de la part de la critique. Mais ce n'est pas là une raison suffisante pour que j'aille le voir. En fait, j'y suis allé pour une double raison : la présence dans les deux rôles féminins principaux de Noémie Merlant, en train de devenir la meilleure actrice française, et le retour (dans un rôle majeur) d'Anouk Grinberg, éternel second rôle ayant toujours mérité bien mieux que cela. Comme je m'y attendais, aucune des deux ne m'a déçu ! J'ai déjà eu l'occasion de dire ici tout le bien que je pense de la première, âgée de 33 ans. Au tour de la seconde, 59 ans, elle aussi fabuleuse comédienne. Dotée d'un talent évident, elle possède une autre immense qualité : à Paris, dans le Mémorial de la Shoah, consacré aux déportations et à la mise à mort, par les nazis, des 76'000 Juifs de France entre 1942 et 1944, il existe une partie consacrée aux enfants qui, contrairement aux 11'000 d'entre eux ayant péri dans cette tragédie des plus barbares, en ont réchappé, sauvés pour la grande majorité par des Français non juifs, les ayant cachés durant cette période. C'est là qu'intervient Anouk Grinberg, lisant un grand nombre de lettres que ces malheureux ont écrit à leurs parents durant ces années. Et la lecture, le timbre voix, et l'émotion que dégage cette comédienne, juive elle aussi, en lisant ces messages tous plus poignants les uns que les autres, m'ont, lors de mes deux visites du Mémorial, en 2014 et 2018, irrépressiblement tiré des larmes. Jamais, de ma vie tout entière, je n'ai éprouvé pareille émotion provenant d'une "simple" lecture. Nulle autre qu'Anouk Grinberg n'aurait été capable de donner telle foi à ses propos, j'en suis convaincu. Et cela est la preuve du talent incroyable de cette femme…

Mais, revenons au film. Bon à très bon dans son ensemble, malgré quelques invraisemblances assez criardes et, surtout, un épilogue ignorant le destin de Michel. Roschdy Zem, fabuleux comédien, ne méritait pas ça.

Note : 15/20

1er novembre 2022 _______________________________________________

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SIMONE – Le voyage du siècle.

Histoire de la plus grande femme politique française de tous les temps. Pour avoir tant et tant lu et appris de la Shoah et des crimes nazis, je connais assez bien le parcours de Simone Veil, du moins jusqu'au vote de novembre 1974 sur la dépénalisation de l'avortement en France. Une loi qu'elle a défendue corps et âme, affrontant une majorité déchaînée de députés, majoritairement conservatrice, ringarde, misogyne et, parfois même, antisémite. Une petite partie du film relate cette bataille courageuse d'une femme qui compte parmi les figures féminines que j'admire le plus au monde. Pour moi, la partie la plus importante de ce long métrage est celle qui relate ce que les flics français de l'époque, les collabos de Vichy (Pétain Laval et Darnand en tête), la Gestapo et la SS nazies lui ont fait subir pendant un an, à partir d'avril 1944. Douze mois dantesques pour elle et toute sa famille : âgée de 16 ans et demi, Simone Jacob est arrêtée le 30 mars à Nice, déportée dès le 13 avril en compagnie de sa sœur Milou et de sa mère Yvonne à Auschwitz d'abord, puis à Bergen-Belsen, où sa maman meurt du typhus deux mois avant l'arrivée des troupes britanniques de libération (15 avril 45). Au bilan, ses parents et son frère ont été assassinés. A noter que son père André et son frère Jean ont également été déportés, mais à Kaunas, en Lituanie, où ils ont été assassinés. Avec ses sœurs Milou et Denise (résistante et arrêtée elle aussi, puis déportée dans le camp de Ravensbrück), Simone en réchappe et rentre en France. Commence alors une longue et très difficile période de reconstruction, durant laquelle elle devient avocate. En 1952, sa sœur Milou, ainsi que le bébé de celle-ci, perdent la vie dans un accident de voiture. Une tragédie de plus, que Simone vivra très mal. Plus tard, elle se lance dans la politique et deviendra deux fois ministre. Elue présidente du Parlement européen en 1979, elle devient encore membre de l'Académie française en 2008.

Le film, réalisé par Olivier Dahan, résume assez bien le destin de cette grande dame. Rebecca Marder incarne l'héroïne adolescente et jusqu'à l'âge de 40-45 ans. Elsa Zylberstein prend le relais jusqu'à la fin de l'histoire. Les deux comédiennes sont aussi remarquables l'une (peu connue) que l'autre (plus célèbre). A noter également Judith Chemla, interprétant Madeleine (surnommée Milou), sœur de Simone, ainsi qu'Elodie Bouchez, incarnant Yvonne, leur maman. Le film est beau, parfois magnifique, bouleversant dans certaines scènes. Mais il n'atteint pas, à mes yeux, le niveau du chef-d'œuvre "La Môme", du même réalisateur, en 2008. Il manque un je ne sais quoi pour toucher à la grâce ou à la perfection. Et puis, petit bémol assez incompréhensible : une musique qui, trop souvent, atteint un niveau sonore assourdissant, là où le silence aurait été plus approprié. Exemple : à l'arrivé du convoi ferroviaire à Auschwitz, le débarquement des déporté(e)s et leur marche vers les baraquements ou les centres de mise à mort ; un boucan d'enfer sur pas loin de dix minutes, inutile et que j'ai dû atténuer partiellement en me bouchant les oreilles. Dommage. Finalement, Simone Veil aurait mérité mieux, même si le film est à voir en raison d'un personnage hors du commun, d'une femme ayant marqué l'histoire de son pays, du féminisme, et pour les combats qu'elle a menés sans jamais renoncer.

Note : 15/20

26 octobre 2022 __________________________________________________

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"Maria rêve", de Lauriane Escaffre et Yvo Muller

Une femme de ménage (Karin Viard) et un gardien/homme à tout faire (Grégory Gadebois) mènent une vie tranquille, sans grande saveur, banale mais pas malheureuse pour autant. Ces deux-là se rencontrent sur leur lieu de travail, une école des Beaux-Arts parisienne. Il vit seul, dans un travail loin d'être passionnant, mais qui lui laisse le temps, parfois d'apprendre à danser, seul dans bureau. Elle est mariée à un homme confortablement installé dans la routine du temps qui passe, et qui pour elle éprouve plus de tendresse que d'amour passionné. Histoire relativement banale d'une femme et d'un homme, assez différents l'une de l'autre, mais qui vont se découvrir des atomes crochus, des affinités que le lieu de travail qui leur est commun va sans doute favoriser.

Karine Viard est, comme à son habitude et depuis tant et tant d'années, exceptionnelle dans le rôle-titre, alors que Grégory Gadebois, au fil de longs-métrages toujours de qualité, prouve qu'il fait maintenant partie des plus grands comédiens actuels du cinéma français. La réalisatrice Lauriane Escaffre, et le réalisateur Yvo Muller, (deux inconnus pour moi), mettent en scène une romance douce et sans violence, touchante, magnifique, presque inattendue tant elle déborde de justesse. En plus ils ont eu l'inspiration géniale d'inclure à leur petit chef-d'œuvre, une bande originale absolument magnifique. En voici pour moi le plus beau morceau (portant le même titre que le film et signé de René Aubry), une petite ballade d'instruments à cordes collant à ce point aux images que j'en suis encore tout bouleversé.

Note : 18/20

28 septembre 2022 ____________________________________________________

"ENNIO", de Giuseppe Tornatore (doc)

Portrait d'un compositeur hors pair, rétrospective d'une carrière vouée principalement à la musique de film. Documentaire donc, signé Giuseppe Tornatore, sur l'œuvre d'Ennio Morricone (1928-2020), dans lequel le Maestro est omniprésent, racontant son parcours de vie exceptionnel. Et ils sont innombrables les metteurs en scène, les compositeurs, les musiciens (y compris Bruce Springsteen et Quincy Jones), à lui rendre un hommage appuyé, mille fois mérité. Le tout, bien entendu, parsemé d'extraits de ses œuvres, notamment celles qui ont contribué à faire du western-spaghetti, un genre majeur des années soixante. C'est ainsi que sur l'écran, sont apparues les scènes mémorables telles que celles de "Il était une fois dans l'Ouest", chef-d'œuvre de Sergio Leone, qui ne serait pas ce qu'il est sans la contribution essentielle du génial compositeur italien. Idem pour, quinze ans plus tard, le dernier volet de la trilogie du réalisateur, celle des "Il était une fois", qui en 1984 concernait l'Amérique. Là aussi, la musique d'Ennio Morricone a contribué à faire de ce chef-d'œuvre, pour moi l'un des dix plus beaux longs-métrages jamais visionnés dans mes 57 années (depuis "Le Corniaud" en 1965) passées à fréquenter assidûment les salles obscures.

Au milieu de ce film passionnant de 156 minutes, un moment particulier, amené par une séquence du western cité plus haut : Claudia Cardinale, débarquant du train et rejoignant, en calèche à travers Monument Valley, celui qu'elle trouvera mort à son arrivée. Plus belle scène du film (déjà citée ici il y a quelques jours), avec le plus beau morceau de la partition musicale, revue sur grand écran pour la première fois depuis 1969. Cinquante-trois ans plus tard, ce fut la même émotion, le même battement de cœur pour la comédienne, avec en plus un regard voilé en mesurant (avec effarement) le chemin parcouru et le temps écoulé entre ces deux instants de grâce absolue…

Note : 17/20

24 septembre 2022 ____________________________________________________

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"La nuit du 12", de Dominik Moll

Etude du comportement de policiers enquêtant sur un crime atroce, mais qui doutent au fil des jours que le coupable ne soit jamais découvert. Un traumatisme auquel chacun d’entre eux craint de se voir confronté un jour. Nuit du 12 au 13 octobre 2016, dans la banlieue de Grenoble, Clara rentre chez elle à pied, après avoir passé une soirée entre filles chez l’une de ses copines. Dans un endroit peu éclairé, elle est soudain accostée par un homme au visage dissimulé derrière une cagoule. Très vite, l’individu l’asperge d’un liquide, sort un briquet et met le feu aux vêtements de la jeune fille. Embrasement immédiat, car le liquide est en fait de l’alcool, et Clara meurt de la plus horrible des façons. Chargé de l’enquête, la PJ de Grenoble met plusieurs agents sur le coup. L’enquête est difficile, plusieurs hommes connaissant la victime sont interrogés mais, faute de preuves, aucun des suspects n’est mis en examen. Au grand dam de Marceau, l’un des inspecteurs, qui a la conviction qu’il tient le coupable. Déçu que la brigade ne le suive pas, il quitte la police sur un coup de tête. Trois ans plus tard, affaire non résolue et rétrogradée au plus bas d’une pile de dossiers similaires, une juge d’instruction relance l’enquête…

Fiction élaborée sur la base d’une histoire vraie, Dominik Moll, son réalisateur met en scène un scénario cousu de fil blanc, tenant en haleine le spectateur de bout en bout. Un drame psychologique comme j’en ai rarement vu, dans lequel se côtoient des policiers, forts pour quelques-uns de grande expérience, de jeunes gars (amants ou non de la jeune fille) qui donnent l’impression que, pour certains, la mort de Clara n’est qu’un banal fait divers. Mais il y a aussi Nanie, bouleversante dans la défense de sa meilleure amie, en fustigeant les préjugés de toute cette caste de mâles, dont certains (y compris l’un ou l’autre policier) auraient un peu trop tendance à penser que Clara était une ’’fille facile’’. Bastien Bouillon interprète Yohan, le chef de la brigade, Bouli Lanners (quel acteur !) est Marceau, et tous deux représentent pour moi le meilleur choix du réalisateur. Pauline Serieys, comme évoqué plus haut, est magnifique dans le rôle (court mais hyper important) de Nanie. En juge d’instruction relançant l’enquête, Anouk Grinberg est parfaite, comme elle l’est toujours dans les seconds rôles auxquels, hélas, elle est trop habituée malgré son talent.

27ème film vu en salle cette année. Le meilleur ("avec En corps"), le plus prenant, le plus interpellant, même si très dur par moments. Un vrai coup de poing dans l’estomac.

Note : 19/20

19 juillet 2022 _______________________________________________________

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Dominique Laffin

A mes yeux, Dominique Laffin, comédienne française née il y a aujourd'hui 70 ans, était l'équivalente féminine de Patrick Dewaere. Dans la plupart de ses rôles, sa douceur fragile, sa tendresse, mais aussi son désarroi, crevaient l'écran. Les plus belles preuves se trouvent dans "Dites-lui que je l'aime", "La Femme qui pleure", "L'empreinte des géants", "Les petits câlins", "Garçon", ou encore "Chiedo asilo", tournés entre 1977 et 1983. Ensuite, et neuf jours après son 33ème anniversaire, elle décédait, officiellement d'une crise cardiaque, mais plus certainement d'une lassitude irrésistible de vivre. En cela, elle rejoignait Patrick Dewaere, parti trois avant elle. A Paris, dans le cimetière de Montmartre, elle repose aux côtés de François Truffaut...

3 juin 2022 _____________________________________________________

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Norma Jeane

Le 1er juin 1926 naissait le plus grand sex-symbol de toute l'histoire du cinéma." Phrase classique et à la mode d'un temps qui n'a plus cours. Répétée, formatée par des machos dont les yeux sortaient de leurs orbites en plongeant dans son décolleté. Rengaine ringarde et insultante à l'égard d'une femme sensible, à l'enfance malheureuse, et au besoin gigantesque d'être aimée. Cette photo de Marilyn, volée en 1956 sur le tournage de "Bus Stop", pour moi son meilleur film, montre l'essentiel de ce que portait en elle cette épatante comédienne, cette poétesse extrêmement douée, cette mère potentielle qui ne s'est jamais remise de ne pas avoir pu offrir la vie à un enfant. L'anxiété, la douleur qu'on lit sur son visage résument à elles seules le drame d'une vie passée à demeurer petite fille perdue dans un corps adulte. Madame, depuis que je vous ai vue pour la première fois sur un écran de cinéma, il y a plus de 50 ans, jamais je n'ai cessé de vous aimer et de vous admirer. Happy Birthday to You, Norma Jeane ! 

1er juin 2022 

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Romy - 23 septembre 1938 - 29 mai 1982 

40 ans déjà ! Quarante ans que son étoile a quitté la voute céleste de la salle obscure, pour gagner celle beaucoup plus vaste de l'éternité. Dans un firmament sans limites, la "Passante du Sans-Souci" arpente un ciel illuminé de son unique et  regard. Toutes les étoiles finissent un jour par disparaître. La sienne brillera encore lorsque l'univers nous aura livré le tout dernier de ses secrets, c'est à dire bien au-delà de la fin des temps...
Romy, merci de m'avoir un jour permis de vous rencontrer. Ce petit poème vous est dédié.

29 mai 2022 ____________________________________________________

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"A plein temps", d'Eric Gravel

Julie Roy est une maman vivant seule avec ses deux enfants dans la banlieue parisienne. Titulaire d'un Master en économie, elle a auparavant abandonné son métier pour se consacrer à l'éducation de sa fille et de son fils. Après quatre ans et un divorce consommé, elle a repris une activité, mais pas dans la branche qui est la sienne. Première femme de chambre dans un palace parisien, elle mène la vie effrénée d'une banlieusarde, souvent en train de courir pour rejoindre son travail ou récupérer sa progéniture. Et lorsqu'une grève des transports publics survient, elle se trouve plongée dans une sorte de cataclysme. Toujours en recherche d'emploi dans son domaine de prédilection, elle entrevoit une issue favorable à son effarant quotidien : ex-mari qui peine à payer sa pension alimentaire, nounou de ses enfants désirant lâcher l'affaire, très forte mise à contribution dans le palace qui l'emploie. Et cette grève qui amplifie tous ces problèmes. Pour se rendre aux deux rendez-vous que son potentiel futur employeur lui a fixé, elle se voit contrainte de contourner le règlement très strict d'un hôtel cinq étoiles peu tolérant sur le sujet…

"A plein temps" dans un monde de fous ! Tel aurait pu être le titre de ce long-métrage passionnant de bout en bout, et parfaitement mis en scène par Eric Gravel. Le quotidien d'une femme dans cette fourmilière frénétique moderne qui s'agite dans tous les sens à grand renfort de n'importe quoi. Hallucinant ! Et même pas caricatural. Dans le rôle principal, Laure Calamy est éblouissante. Depuis que je l'ai découverte dans l'excellente série télé "Dix pour cent", je l'ai vue dans plusieurs films. Elle a une façon, un talent inouï pour se glisser dans chaque personnage qu'elle interprète. Dans ce film édifiant, magnifique et parfois bouleversant, on ne voit qu'elle. Impliquée à la perfection dans ce drame de la folie humaine, la Mostra de Venise 2021 ne s'y est pas trompée, et lui a décerné le prix de la meilleure actrice. Une récompense méritée, comme le fut aussi quelques mois plutôt, un César dans la même catégorie pour sa prestation, là aussi magnifique, dans le rôle-titre de "Antoinette dans les Cévennes". Laure Calamy, fait aujourd'hui partie de mes trois ou quatre comédiennes françaises préférées…

Note : 17/20

19 avril 2022 ________________________________________________________

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"En Corps", de Cédric Klapisch

Passionnée de danse classique, Elise est une jeune femme, brillante 1ère danseuse de ballet. Un soir, lors d'un spectacle qui fait salle comble, elle chute et se blesse gravement à la cheville droite. Le corps médical demeure plus que réservé quant à une issue lui permettant d'envisager reprendre la danse un jour. Cette triste nouvelle la bouleverse, et la fait pénétrer dans une période de doute et de profonde réflexion, soutenue qu'elle est par son kinésithérapeute. Un jour, alors qu'elle doit trouver une issue à son éventuelle reconversion, elle se rend avec deux de ses amis en Bretagne pour plusieurs jours. Là, dans une grande maison servant de hall de répétition à divers artistes, elle découvre une troupe de danse contemporaine. Intriguée et émerveillée par le travail des ces jeunes danseurs (euses), elle tente de s'en rapprocher. Le directeur du ballet, conscient de son talent, lui tend une perche qu'elle ne saurait éviter de saisir. Mais parviendra-t-elle à se lancer dans cette aventure qui, même si elle demande les qualités qui ont fait sa gloire dans sa carrière précédente, ne paraît pas vraiment évidente ? Mais elle veut y croire et se lance à corps perdu dans cette bataille vitale pour elle.

"En Corps" est le 14ème long métrage réalisé par Cédric Klapisch. Le premier (Le Péril jeune) est le seul que je n'ai jamais vu. Les treize autres ont fait de lui mon metteur en scène français préféré. Ce cinéaste est un génie ! De grande finesse, d'immense sensibilité, et doté d'un sens du spectacle exceptionnel, tout ce qu'il dirige est digne d'éloges. Et son petit dernier, que j'irai sans doute revoir, va peut-être passer devant "Les Poupées russes", chef-d'œuvre absolu du Maître, et qui fait partie de mes dix films préférés, tous réalisateurs (trices) confondus, et de quelque nationalité qu'ils (elles) soient. "En Corps" est un film extraordinaire, bouleversant mais drôle aussi, synonyme de 120 minutes de bonheur intense avec, dans le rôle principal, Marion Barbeau, première danseuse du ballet de l'Opéra de Paris, éblouissante dans son premier rôle au cinéma. Pour moi, qui suis pourtant passionné de musique classique et d'opéra, le ballet et la danse moderne ne représentaient pas vraiment ma tasse de thé. Aujourd'hui, j'ai effectué un virage à 180 degrés. Grâce aussi à Hofesh Shechter, danseur et chorégraphe israélien très réputé, qui est l'auteur de tout ce qui concerne la danse et la musique figurant dans ce bijou de film.

Note : 19/20

11 avril 2022  ________________________________________________________

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Nobody has to Know (titre français "L'Ombre d'un mensonge"), de Bouli Lanners

Phil est un Belge ayant quitté son pays sur un coup de tête pour s'en aller vivre seul sur une île du nord de l'Ecosse. Chez un éleveur de bétail, il est employé à ériger des clôtures sur les vastes plaines venteuses et peu hospitalières dans lesquelles paissent des moutons. Un jour, après avoir subi un AVC, il est hospitalisé à Inverness. S'en tirant sans trop de mal, sa mémoire semble la seule avoir souffert de l'accident vasculaire. A sa sortie de clinique, une femme le prend en charge. Mais il ne la reconnaît pas. Mystérieuse et réservée, Millie s'occupe de lui avec persistance et grande gentillesse. Troublé, Phil désire en savoir davantage sur leur relation antérieure à son gros problème de santé. Avec grand-peine, Millie finit par lui avouer qu'ils étaient secrètement amants. Et en lui demandant de n'en parler à personne. Emu et touché par cette douce et belle femme du même âge que lui, il accepte et finit par tomber amoureux d'elle. Mais, dans la communauté presbytérienne qu'il côtoie sur cette île, le dialogue, les confidences sont tout sauf aisés. Pourtant Phil et sa compagne s'en accommodent, jusqu'au jour où le frère de l'homme vient lui rendre visite, dans l'espoir de le ramener dans leur pays...

Bouli Lanners est un acteur belge connu, mais pas star du tout. Le cinquième film qu'il met en scène, qu'il a écrit lui-même et dans lequel il tient le premier rôle masculin, est un pur chef-d'oeuvre, le meilleur qu'il m'ait été donné de voir depuis Nomadland, il y a un an. Histoire magnifique, émouvante et bouleversante, entre deux êtres faits l'un pour l'autre, et vivant un amour constitué de douceur, de pudeur et de respect. Dans le rôle de Phil, l'acteur et réalisateur est exceptionnel. Dans celui de Millie, interprété par Michelle Fairley, une Nord-Irlandaise que je ne connaissais pas, la comédienne m'a subjugué de la première à la dernière seconde. Découverte éblouissante d'une actrice époustouflante de vérité (célèbre, paraît-il, pour avoir tenu un rôle majeur dans la série "Games of Thrones) qui, par certains côtés, m'a un peu rappelé l'extraordinaire et inoubliable Audrey Hepburn. Immense compliment que je lui fais, mais qu'elle mérite amplement, tant son charisme et sa présence à l'écran sont évidents. Cette œuvre de fiction, dans laquelle tout n'est que tendresse et délicatesse, fait du bien, beaucoup de bien, par ces temps d'une folie humaine bien loin d'être arrivée au terme de son odieuse et lamentable démonstration.

Vive le Cinéma en salle !

Note : 18/20

31 mars 2022 ___________________________________________________

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La Panthère des Neiges, de Marie Amiguet et Vincent Munier

Documentaire tiré du livre homonyme de Sylvain Tesson, Prix Renaudot en 2019. Quête lente et longue d'un félin devenu mythique, pour moi le plus beau vivant sur cette planète. Lente parce qu'à plus de 5'000 mètres d'altitude dans l'Himalaya, le souffle a de la peine à suivre, et longue parce que la recherche des deux hommes n'est récompensée qu'à la fin du long-métrage. Vincent Munier emmène Sylvain Tesson sur le chemin hasardeux d'une hypothétique rencontre. Tout au long de ce voyage initiatique pour l'écrivain, les animaux rares (à observer) se succèdent : Yak, Renard du Tibet, Loup de l'Himalaya, Ours noir d'Asie, Chat de Pallas, etc...

Des rencontres magnifiques, envoûtantes, évoluant dans un monde préservé, loin, si loin des humains-saccageurs auquel j'ai de plus en plus honte d'appartenir. Ajoutez à cela le magnifique texte de l'écrivain, les images exceptionnelles de l'un de meilleurs photographes animaliers du monde, et celles, tout aussi belles, de la réalisatrice Marie Amiguet, et vous obtiendrez 92 minutes d'un dépaysement total et bienfaisant. Ce que le film ne dit pas, c'est que la population sauvage de cette espèce protégée, classée "vulnérable" par l'UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) est estimée entre 4 500 et 9000 individus (une différence aussi grande s'explique par l'altitude à laquelle elle vit, et par sa grande discrétion). Malheureusement, elle est encore aujourd'hui braconnée pour sa fourrure ou pour ses os (médecine chinetoque), et tuée lorsqu'elle s'attaque aux animaux domestiques...

16 décembre 2021 _____________________________________________________

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Mes feuilletons (aujourd'hui "séries"), avant mon cinéma.

Pas du tout accro à cette déferlante actuelle de séries télé ("Dix pour cent" exceptée), je ne l'ai pas toujours été. Qui se souvient de ce que l'on appelait jadis les "feuilletons télévisés" ? Chez moi, la télé est arrivée en 1965. J'avais 11 ans et, avant cela, j'allais la regarder chez des camarades de classe qui l'avaient déjà. C'est ainsi que j'ai découvert "Thierry la fronde", "Rintintin", "Zorro" et "Ivanhoé". Dès 65 donc, je me souviens de plusieurs séries (certaines en rediffusion) ayant connu un grand succès.

"Allo Police", "Le Temps des copains", "Janique aimée", "Belle et Sébastien", "L'Homme du Picardie", "Vive la vie !", "Belphégor", "La Porteuse de pain", "Bob Morane", "Rocambole", "Rouletabille", "Vidocq", "Les Chevaliers du ciel", "Les Faucheurs de marguerites", "Le Temps des as", "Lagardère", "Les Secrets de la Mer Rouge", "Les Saintes chéries", "Arsène Lupin", "La Demoiselle d'Avignon", "Les Gens de Mogador", "La Mer est grande", "La Dame de Monsoreau", "Les Brigades du Tigre", "Les Dames de la côte", "Claudine", "Le Saint", "Amicalement vôtre", "Les Champions", "Perdus dans l'espace", "Chapeau-melon et bottes de cuir", "Mannix", "Ma Sorcière bien-aimée", "Les Rues de San Francisco", "Les Envahisseurs", "Starsky et Hutch", "Kojak", "Holocauste", et ceux (sans doute peu nombreux) que j'ai oubliés…

A l'instar de Marlène Jobert et Claudia Cardinale, les premières à m'avoir fait vibrer sur grand écran dans les années 60-70, Paloma Matta (Belle et Sébastien), Céline Léger (Thierry la fronde), Michèle Grellier (Lagardère), Janine Vila (Janique Aimée), Lyne Chardonnet (Allo Police, Les gens de Mogador, Claudine), Marie-Hélène Breillat (Claudine), Claire Maurier (Bob Morane, Vive la vie), Danielle Volle (Vive la vie), Martine Sarcey (La Porteuse de pain), Marthe Keller (La Demoiselle d'Avignon), Corinne Le Poulain (Arsène Lupin), France Dougnac (La Mer est grande), Alexandra Bastedo (Les Champions), Linda Thorson (Chapeau-melon et bottes de cuir), Elizabeth Mongomery (Ma Sorcière bien-aimée), Meryl Streep (Holocauste), font partie des premières comédiennes à m'avoir conquis sur le petit écran…

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Paloma Matta

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Janine Vila

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Lyne Chardonnet

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Michèle Grellier

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France Dougnac

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Danielle Volle

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Alexandra Bastedo

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Linda Thorson

Entre le 7 décembre 1969 et le 3 mars 1970, sur la 2ème chaîne de télévision française, les téléspectateurs(trices) découvrent la 3ème et dernière saison des "Chevaliers du ciel". Treize épisodes leur sont proposés. Les quatre derniers ont pour cadre le Pérou, où Michel Tanguy (Jacques Santi) et Ernest Laverdure (Christian Marin) s'en vont tester les Mirages III acquis par les Forces aériennes du pays. Si l'on se souvient que, dans la série, le blond passait beaucoup de temps à jouer les jolis cœurs auprès de la gent féminine, le brun semblait plus sérieux. Cette fin de série le verra pourtant tomber raide dingue d'une jeune femme autochtone prénommée Maria. Sa passion pour elle ira jusqu'à l'épouser. Maria est incarnée par une jeune comédienne péruvienne nommée Claudia Olaechea. Elle a 23 ans et c'est à cette occasion que le public francophone la découvre. Ainsi se termine ce magnifique "feuilleton", le préféré de mon adolescence, dont je n'ai pas raté un seul épisode. Et je me souviens assez bien de la jolie Maria/Claudia. A noter qu'une 4ème saison avait été envisagée, mais qu'elle ne sera jamais tournée en raison de l'accident de voiture arrivé à Jacques Santi, qui le laissera défiguré durant de longs mois.

Vingt et quelques années plus tard, en 1992 ou 93, mon ex-femme pratique l'équitation dans un manège de la région genevoise. Un jour, rentrant du travail de bonne heure, je la trouve dans notre salon, en train de boire le thé avec une dame, passionnée elle aussi d'équitation et rencontrée dans le même manège. Blonde, la quarantaine épanouie, très classe, charmante et charismatique, je me joins au goûter et nous parlons de choses et d'autres. S'exprimant avec un léger accent espagnol, elle se nomme Claudia K. et elle est d'origine péruvienne. Elle nous parle de sa jeunesse et de son métier de comédienne, et nous confie avoir été engagée pour tourner dans des spots publicitaires. Exemple : sur la TSR, elle vantait la chair juteuse d'oranges provenant d'Israël. On la voyait embrasser l'un de ces fruits ; le gros plan de la caméra nous montrait alors que, à la place de la marque de ses lèvres, apparaissait le label de l'orange : JAFFA (je me souviens très bien de cette pub). Et puis, remontant un peu plus loin dans sa carrière, elle se remémore un tournage qu'elle avait adoré, et pour lequel elle avait été, dans son pays natal, choisie pour jouer la fiancée de l'un des deux "Chevaliers du ciel" (en l'occurrence le lieutenant Michel Tanguy), dans le fameux feuilleton français. Bouche bée, pour ne pas dire sur le cul, tout me revient alors. La jeune et jolie Maria, c'était elle et, vingt et quelques années plus tard, elle était domiciliée en Suisse et mariée à un banquier genevois (ou vaudois, je ne sais plus). J'ai alors saisi instantanément le poids des années écoulées et, surtout, mieux compris pourquoi le lieutenant Tanguy avait succombé au charme irrésistible de la jeune demoiselle qu'elle était alors…

27 octobre 2021 __________________________________________________

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Claudia Olaechea et Jacques Santi Matta

Bébel  (9 avril 1933 - 6 septembre 2021)

Au cinéma, quand j'avais 11 ou 12 ans, ce sont Bourvil et de Funès qui me fascinaient. Le rire que me procuraient leurs rôles représentait un véritable bien-être, dans une enfance pas des plus drôles. L'adolescence venue, intéressé mon regard s'est porté sur les femmes, sur les actrices. Bien plus que rire, Marlène Jobert et Claudia Cardinale m'émouvaient et me faisaient rêver. Age adulte atteint, elles (et quelques autres) étaient toujours celles qui, de préférence, m'attiraient dans les salles obscures. Belmondo est arrivé plus tard. Je pense que "L'homme de Rio" fut le premier long métrage dans lequel je l'ai vu jouer. C'était sur le petit écran, parce que le film a été tourné en 1963. Bourvil mourut en 1970 et, après "Les aventures de Rabbi Jacob", de Funès devint moins drôle. Gabin, Ventura et Belmondo, dans un autre registre, prirent le relais. Dès 1987, les deux premiers n'étaient plus là. Dès lors, le troisième devint la référence française masculine de mon 7ème art personnel.

S'il a tourné environ 80 films, je pense en avoir vu près de 60, dont les quatre cinquièmes sur grand écran. Aucun autre acteur ne peut se prévaloir d'un tel succès à mes yeux. Jean-Paul Belmondo, sur écran, c'était mon modèle masculin. Tout ce que je n'étais pas : sûr de lui, décontracté, charmeur, drôle, audacieux, téméraire, casse-cou, victorieux. Un James Bond à la française, l'équivalent de Roger Moore dans ce rôle d'agent secret. Des raisons qui, finalement, ont fait de lui le comédien le plus populaire et aimé dans son beau pays de France. Vingt ans après son tragique AVC, réduit à l'inaction par ses conséquences, il s'en est allé. Sur la pointe de pieds. Sans bruit. Discrètement. Et contrairement à tout ce qu'il représentait pour son public, et pour lui aussi.

Le 6 septembre 2021, sa mort m'a fait très mal. Parce que sa vie avait embelli la mienne. A l'image de ce que tout le cinéma représente pour moi. Dans son article relatant ce "fait divers", un journaliste évoquait son talent, gâché à donner dans le populaire, dans le commercial d'un cinéma ignoré, méprisé par les intellectuels de sa race. Un cinéma donneur de leçons et faiseur de morale, opposé à celui égayant les soirées de dizaines de milliers de prolos se faisant chier, à longueur de journée, sur les chaînes de montage des usines automobiles de l'Hexagone. Spectateur, fais ton choix ! Le public a fait le sien : raison pour laquelle il s'est aujourd'hui réparti en millions de fans pleurant la disparition d'un ami, d'un pote qui les faisait rêver. Le 6 septembre 2021, je me suis senti très vieux. Réalisant que, 60 ans plus tôt, il tournait "Cartouche" (photo) aux côtés de Claudia Cardinale. Bébel décédé, c'est un peu (et même beaucoup) de ce bon temps qui ne reviendra plus…

10 septembre 2021 ________________________________________________

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Dorothée, cette magnifique comédienne...

Etant son contemporain, je suis beaucoup trop vieux pour avoir été fan de ses émissions pour la jeunesse. Par contre, sa (trop) courte carrière cinématographique me laisse bien des regrets. Parce que Frédérique Hoschedé avait en elle tout le potentiel pour devenir une grande actrice. En 1979, pour sa première expérience au cinéma, devant la caméra de Truffaut (qui ne s'y était pas trompé), elle se révélait très prometteuse dans "L’amour en fuite", en donnant la réplique à ce génial "Antoine Doisnel" des "400 coups", interprété par Jean-Pierre Léaud, fabuleux acteur (photo). L’année suivante, dans "Pile ou face", entre les deux géants qu’étaient Noiret et Serrault, elle donnait un bel aperçu de ses capacités. Cet excellent film de Robert Enrico reste dans ma mémoire en grande partie grâce à sa (trop courte) prestation. Très belle jeune femme, servie par un timbre de voix qui me touchait particulièrement, j’ai beaucoup aimé Dorothée sur grand écran, et je regrette qu’elle n’ait pas persévéré dans le 7ème art. Aujourd’hui, à l’abri du besoin et des critiques, elle se console sans doute en se souvenant qu’elle est toujours l’artiste de variétés qui (loin devant Johnny) a amené le plus de spectateurs à Bercy, toutes catégories d'âge confondues…

6 février 2021 ___________________________________________________

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Adieu Jean-Pierre !

C'était une belle journée. Ponctuée par un coucher de soleil somptueux. J'étais dans la montagne, enneigée comme jamais depuis des lustres. Quatre heures passées en pleine nature. Dans la neige, le froid vivifiant, et sans cette saleté de masque qui m'empêche de respirer normalement. Je m'étais arrêté, et m'étais extrait de ma voiture. Demeurant dans l'ombre, mais faisant face à un paysage qui méritait d'être fixé sur la carte mémoire de mon Canon. Il était tout près de 17 heures, et j'avais laissé l'autoradio allumé. En écoutant le flash info, je mitraillais ce paysage qui ne m'avait pourtant rien fait. La baffe, la douleur, c'est par la radio qu'elles m'ont touché : le speaker, ou le journaliste, peu importe, venait d'annoncer ta mort, Jean-Pierre Bacri. Coup de poignard en plein cœur. Le mien, pas le tien. Toi, l'acteur que j'admirais comme nul autre en Europe depuis 40 ans, tu venais de t'ajouter au nombre incalculable des victimes de cet saloperie de cancer.

"Le Crabe et la Grande Faucheuse", titre hypothétique d'une dernière pièce de théâtre, d'un dernier scénario de film. Un ultime rôle, le plus tragique, celui que tu joueras là-haut, ou là-bas, sur une piste aux étoiles, ou dans une salle si obscure que la mort en aura honte d'avoir accompli son œuvre, cette fois plus infâme encore que révoltante. Depuis la mort de Bourvil, il y a plus de 50 ans, jamais je n'ai pénétré dans une salle de cinéma sans avoir eu une petite pensée pour lui. Dorénavant, il ne sera plus seul à passer sur l'écran de ma mémoire. Tu seras là aussi Jean-Pierre, crois-moi, tu seras bien là…

Jean-Pierre Bacri, 24 mai 1951 - 18 janvier 2021

Tes films que je n'oublierai jamais :

Le goût des autres (le meilleur), Comme une image, Parlez-moi de la pluie, Au bout du conte, Place publique, Un air de famille, Cuisine et dépendances, Smoking no smoking, On connaît la chanson, L'été en pente douce, Cherchez Hortense, Kennedy et moi, Didier, Le sens de la fête, La vie très privée de monsieur Sim, Photo de famille, Le Grand Pardon, La 7ème cible, La Baule-les-Pins, Subway, Les sentiments, Une femme de ménage, Grand Froid, Mort un dimanche de pluie, Tout de suite maintenant.

19 janvier 2021  __________________________________________________

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