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Cette page de TFC est destinée à mettre en lumière le comportement de certains Suisses au cours de la 2ème Guerre mondiale. Majoritairement condamnable, l'histoire de ces hommes et de cette femme n'est pas ou peu connue du grand public, surtout 80 et quelques années après les faits dont ils se sont rendus coupables.

En revanche, d'autres personnages ont eu comportement qui mérite tout autant d'être relevé ici, tant ils se sont révélées dignes d'y figurer, ceci pour leur courage, voire leur héroïsme, et leur humanité.

JUSTES PARMI LES NATIONS - Des êtres exemplaires, trop tardivement reconnus comme tels par le pays.

​En 1953, l'Etat d'Israël crée le Mémorial Yad Vashem. Situé à Jérusalem, il est le plus vaste musée du Monde consacré à la Shoah, ainsi que la plus volumineuse base de données concernant le génocide. Dans le Talmud (texte fondamental de la loi juive), il est dit : « Celui qui sauve une vie, sauve le monde ». Partant de là, est créé le titre de « Juste parmi les Nations ». Il est destiné à honorer les personnes non juives ayant, au péril de leur vie, aidé des Juifs à échapper à l'Holocauste. Titre honorifique figurant dans la Torah, il émane de la tradition destinée à reconnaître, à des pratiquants d'autres religions, le droit à la lumière divine pour autant qu'ils observent les sept commandements de base qui leurs sont réservés. Chacun peut donc, en respectant les règles édictées, revendiquer le titre de Juste. Mais, pour marquer les actes de courage, et parfois même d'héroïsme, dans la persécution et l'extermination des populations juives européennes au cours de la Seconde Guerre mondiale, Yad Vashem tient à mettre en lumière certains comportements. C'est ainsi qu'une partie du Mémorial est destinée à réunir les noms de celles et ceux grâce à qui des Juifs ont pu échapper aux massacres. Une personne reconnue « Juste » (par la cour suprême d'Israël) se voit décerner une médaille gravée à son nom, ainsi qu'un certificat officiel. De plus, son nom est gravé sur le « Mur d’Honneur », situé au cœur du Jardin des Justes. Cette inscription remplace désormais la plantation initiale d’un arbre, faute d’espace disponible sur le site. En 2016, les « Justes » étaient au nombre de 26'000 environ. La reconnaissance par Israël de faits justifiant ce titre étant très stricte et consécutive à des enquêtes poussées, il faut constater que, les témoins étant de moins en moins nombreux, ce chiffre ne va plus beaucoup progresser. Au 1er janvier 2014, parmi la cinquantaine de nations concernées, on trouve en tête la Pologne (6'532 hommes et femmes), les Pays-Bas (5'413), la France (3'853), l’Ukraine (2’515), la Belgique (1’690). Quant à la Suisse, Etat neutre et préservé, on attendait peut-être d’elle qu’elle en revendique plusieurs centaines. Hélas, elle ne compte que 64 Justes reconnus. Et encore, les Juifs n’étant pas directement menacés en Suisse, la plupart de ces Helvètes honorés l’ont été pour des actions commises à l’étranger. Parmi les plus connus figure sans doute Carl Lutz (1895-1975), qui, de 1942 à la fin de la guerre, dirige la Division des intérêts étrangers à la Légation suisse de Budapest. A ce titre, et avec son épouse Gertrud, il favorise l’immigration de 10'000 enfants juifs en Palestine, alors que la Hongrie n’est pas encore occupée par les nazis. Dès qu’elle le sera, c’est-à-dire à partir du 4 mars 1944, et alors que la SS met en œuvre la déportation de plus de 400'000 Juifs vers Auschwitz-Birkenau, Lutz parvient tout de même à répéter son action envers 8'000 Juifs, ainsi que leurs familles, en leur établissant des sauf-conduits et autres lettres de protection. Aujourd’hui, on estime que grâce à Carl Lutz, ce sont près de 60'000 Juifs qui ont ainsi échappé aux chambres à gaz. Il est honoré par Yad Vashem en 1964, alors que sa femme le sera en 1978. Pour la petite histoire, dans la même ville et à la même époque, le diplomate suédois Raoul Wallenberg procède lui aussi (et avec encore davantage de succès) au sauvetage de plusieurs dizaines de milliers de Juifs. 
 

Les soixante-quatre Justes suisses, pour la plupart, se distinguent en France ; en Zone libre pour la plupart, mais également en zone occupée pour quelques autres. Dans la première, c’est principalement en volant au secours des enfants victimes de la guerre que les Suisses contribuent à épargner les enfants juifs. En 1937, une poignée de mes compatriotes, pour la plupart membres du Secours civil international, se rend en Espagne alors en pleine guerre civile, afin de distribuer des vivres à la population et organiser le transfert d’enfants vers des zones nous soumises aux combats et aux bombardements. Après la fin du conflit, cette aide providentielle, uniquement financée par des fonds privés, se déplace dans le sud de la France, là où plusieurs camps ont été établis pour venir en aide aux réfugiés espagnols ayant fui leur pays. C’est ainsi que naît le « Cartel suisse de secours aux enfants victimes de la guerre ». Parallèlement à d’autres organismes d’entraide tels que l’Œuvre (juive) de Secours aux Enfants (OSE), la Cimade, le Secours protestant (français), ou encore les Quackers (américains), il opère dans les camps du Sud-ouest, tels que Rivesaltes, Récébédou, La Hille, Gurs, ainsi que dans la pouponnière de Banyuls-sur-Mer et la maternité suisse d’Elne. Les infirmières du Cartel suisse accomplissent un travail exemplaire en apportant, aux enfants surtout mais aux adultes aussi, divers compléments alimentaires nécessaires à combler le manque cruel de nourriture de qualité. Malheureusement (si j’ose dire), le 1er janvier 1942, la Croix-Rouge suisse prend à son compte la gestion du Cartel. Il en résulte un contrôle très strict de la distribution des denrées alimentaires et de leurs destinataires. Ainsi, les largesses et la générosité des infirmières suisses, qui avaient pris l’habitude de nourrir, autant que possible, et d’aider toutes celles et ceux qui en avaient besoin, ne seront plus vraiment de mise. Pourtant bon nombre de ces femmes, dévouées et admirables, vont se saigner aux quatre veines pour venir en aide à ces milliers de malheureux livrés à leur sort, surtout après la défaite française de juin 40. Qu’ils soient juifs, espagnols, allemands ou autres, tous étaient traités de la même façon. Dans le sujet qui nous occupe, plusieurs d’entre-elles ont ainsi contribué à sauver des Juifs et ont, pour cela, reçu la médaille des Justes de Yad Vashem. Les plus connues ont pour noms Friedel Bohny-Reiter, Elizabeth Eidenbenz, Renée Farny, Anne-Marie Piguet, Rosa Naef, Margaretha Tobler ; la liste n’est pas exhaustive. Toujours en France, il convient aussi de citer plusieurs autres Suisses, qui tous se sont distingués par leur altruisme, leur empathie et leur dévouement envers les plus démunis et menacés : August Bohny (époux de Friedel Bohny-Reiter), Daniel et Suzanne Curtet, Maurice Dubois, Walter et Emma Giannini, Albert Gross, Hans Schaffert, Sebastian Steiger. Aussi bien Maurice Dubois qu’August Bohny ont été honorés par Yad Vashem au même titre que tous les habitants du village de Chambon-sur-Lignon, une petite bourgade exemplaire de Haute-Loire s’étant particulièrement distinguée dans le sauvetage des Juifs de la région. 

 

Concernant la Zone occupée, il était naturellement plus difficile de s’investir pour sauver des Juifs. Mais certains Suisses n’ont pas hésité à le faire. Je ne citerai ici que le nom de deux hommes particulièrement courageux : Frédéric Reymond (1907-1999) et Ernest Wittwer (1922-1976). Le premier est un horloger du Sentier (canton de Vaud) qui, accessoirement, travaille pour les Services de renseignement helvètes. A travers les montagnes jurassiennes séparant la France de la Suisse, il parvient à faire passer chez lui plusieurs dizaines de résistants pourchassés par la Gestapo, et de Juifs cherchant à quitter la zone occupée. Après les avoir hébergés dans sa propre maison, il les achemine personnellement à l’intérieur du pays. Resté modeste et discret quant à ses actions humanitaires et salvatrices, en 1991 il acquiert une grande notoriété en participant, en compagnie d’autres passeurs, à une série d’émissions de la télévision française intitulée « Les passeurs du clair de lune ». Il est reconnu Juste parmi les Nations en 1998 et est ainsi honoré personnellement à Berne, un an avant sa disparition. 
 

Quant à Ernest Wittwer, jeune paysan natif d’Albligen (canton de Berne), il est le fils d’une famille suisse exploitant une ferme à Véreux, dans la Haute-Saône. A la fin de l’hiver 44, il prend en charge René et Freddy Lévy, deux frères âgés de 15 et 13 ans, dont les parents et grands-parents, arrêtés en février et mars 44, ont été déportés et assassinés à Auschwitz. En avril, Ernest décide de faire passer les adolescents en Suisse. Le jeune homme, qui n’a que 22 ans, connait bien la région pour avoir déjà franchi clandestinement la frontière à cinq reprises depuis le début de la guerre. Le voyage se déroule entièrement en zone occupée, il dure deux jours, d'abord en train, puis à pied et finalement en autocar. Le trio passe la frontière sans encombre et, le 27 avril 1944, arrive sain et sauf à la gare de Porrentruy, dans le canton de Berne (aujourd’hui, canton du Jura). Alors qu'Ernest achète des billets de train pour se rendre à Bâle, ville dans laquelle ses protégés ont de la famille, un policier zélé les interpelle tous les trois. René et Freddy sont interrogés puis placés dans une institution privée. Après quelques semaines, ils sont autorisés à rejoindre leur famille dans la cité du bord du Rhin. Quant à leur passeur et sauveteur, il est jugé et condamné à un mois et demi d’emprisonnement. Sa peine purgée, et sans nulle considération pour sa nationalité suisse, Ernest Wittwer est renvoyé (par son propre pays !) en France occupée, ceci malgré le danger encouru au cas où les autorités allemandes venaient à apprendre les faits dont il s’est « rendu coupable ». Heureusement pour lui, ce ne sera pas le cas, les nazis étant plus occupés à organiser leur retraite qu’à courir derrière les passeurs de Juifs. Le 22 juin 1998, soit douze ans après son décès, le Mémorial Yad Vashem décerne le titre de Juste parmi les Nations à ce courageux jeune homme. Il faut encore attendre six ans pour que, en 2004, et donc soixante années après son acte admirable d’humanité, la très (trop) statique Confédération suisse daigne réhabiliter Ernest Wittwer. 
Cette histoire-ci me fait particulièrement mal. D’abord par le fait qu’une nation puisse ainsi expulser de son territoire l’un de ses ressortissants, sans état d’âme et en se moquant totalement de ce qu’il pourrait advenir de lui dans un pays occupé par un régime des plus barbares. Ensuite, et surtout parce qu’Ernest Wittwer a été arrêté chez moi, au cœur d’une magnifique petite ville dans laquelle, à peine dix ans plus tard, je verrai moi-même le jour. Il faut savoir qu’au cours de la 2ème Guerre mondiale, le refoulement des juifs expulsés de Suisse à destination de la France occupée, a été principalement opéré via la douane de Boncourt, située à dix kilomètres au nord de Porrentruy, capitale d’une région qu’on appelle l’Ajoie, un nom bien mal porté en ce temps-là. Pour ces milliers d’êtres humains rejetés, enfants, femmes et hommes, l’espoir d’échapper à leurs bourreaux devenait très mince. Alors, pour Porrentruy, pour l’Ajoie et pour mon pays (même si les deux premiers ne sont pas directement responsables), pour tous ces Juifs refoulés qui eurent le poste-frontière de Boncourt/Delle comme ultime vision d’une Suisse en laquelle ils croyaient si fort, j’ai honte. Pour le manque flagrant d’humanité qui a caractérisé les autorités d’un pays libre, ayant oublié en route sa vocation traditionnellement humanitaire dans la triste histoire d’Ernest Wittwer, pour les décennies qu'il leur a fallu pour réhabiliter ce brave homme, oui, je crève sincèrement de honte…

     

Paul GRÜNINGER

Dans l’histoire des Justes suisses, voici celui qui a payé le plus lourd tribut à sa générosité, à son altruisme, à son empathie, bref, à cette humanité qui le caractérisait et qui fit tellement défaut à bon nombre de ses compatriotes beaucoup moins exposés que lui. Dans la nuit du 11 au 12 mars 1938, l'Allemagne annexe sa voisine l'Autriche. C'est l'Anschluss. Pour les Juifs autrichiens qui, depuis des années, assistent à l'escalade nazie dans la persécution de leurs semblables habitant le Reich, cet acte auquel les politiques locaux répondent par l'indifférence lorsque ce n'est pas la joie, sonne la fin de leur espoir d'être peut-être épargnés. Témoin inquiet de ce premier pas vers ce qu’on appellera plus tard le "Grand Reich", se trouve un petit pays neutre aux traditions humanitaires jadis bien établies. Mais à cette époque, obnubilée par la préservation de son indépendance et (si cela peut aider) décidée à ne pas froisser son tout-puissant voisin du nord-est, la Suisse tente de négocier avec lui. De ces « arrangements », deux choses sont à mettre à l’actif du petit : d'abord, fermer hermétiquement ses frontières et, afin de cerner les éventuels candidats à une immigration illicite, obtenir des nazis qu'ils apposent, sur les passeports des Juifs domiciliés dans le Reich, cette fameuse lettre « J », synonyme de honte plus encore pour mon pays que pour la grande Allemagne. Ces deux actes, lourds de conséquences, prennent effet le 19 août 1938 pour le premier, et le 4 octobre de la même année pour le second. La police des cantons limitrophes du Reich et les gardes-frontières de tout le pays attendent donc, de pied ferme et l'œil vigilant, les candidats juifs qui tenteraient malgré tout de passer en Suisse. C'est naturellement à Saint-Gall, l'un des deux seuls cantons frontaliers de l'ancienne Autriche (les Grisons, très montagneux et donc difficiles d'accès, sont le second) que les Juifs craignant pour leur avenir tentent de franchir la frontière. A la tête de la police cantonale saint-galloise se trouve un homme de 47 ans, le capitaine Paul Grüninger. Né le 27 octobre 1891, homme intègre et juste, soldat sachant parfaitement qu'obéir aux ordres est la première étape menant à un poste à responsabilités, il n'en est pas moins dupe et tente de diriger ses troupes en faisant preuve d'une humanité pas toujours présente (c’est le moins que l’on puisse dire) dans les ordres qu'il reçoit de sa hiérarchie. Personnellement touché par les cas humanitaires se présentant à ses frontières, il décide de fermer les yeux et, « pire », grâce à des falsifications de dates d'entrée en Suisse (antérieures donc au 19 août 1938), de permettre à beaucoup de ces malheureux de venir se réfugier en Suisse. Ces faux permettent à bon nombre de familles juives de pouvoir être internées légalement dans le camp de Diepoldsau (toujours dans le canton de Saint-Gall), là où, soutenues par des organismes d'entraide juifs, des centaines d'entre-elles se retrouvent en attente d'une autorisation de séjour temporaire en Suisse, ou de leur départ vers une autre destination. Ainsi, en l'espace de quelques mois, le capitaine Grüninger aurait (aucun nombre exact n'a jamais été fourni) favorisé ainsi l'entrée en Suisse de plus de 3'000 Juifs. Malheureusement pour lui, le pot aux roses est découvert au début de 1939, après dénonciation de ses agissements aux autorités suisses par les nazis. En avril, Paul Grüninger est suspendu des effectifs de la police saint-galloise. Un procès lui est alors intenté, à l'issue duquel il est reconnu coupable de « désobéissance et de grave violation du devoir de fonction ». Condamné à la radiation, à une amende (symbolique) de 300 francs, il se voit cependant confisquer toutes ses prestations de futur retraité. En outre, les frais occasionnés par le procès, qui a duré un an, sont portés à sa charge. Nous sommes alors le 23 décembre 1940. Sans fortune personnelle et traîné dans l'opprobre, le valeureux capitaine se retrouve soudain démuni de tout. La guerre se poursuit, les années passent, la paix revient. Et personne ne parle plus de Paul Grüninger. Rejeté, oublié, vivant précairement, l'homme ne regrette cependant rien. En 1954, il se justifie : « Ma motivation, jamais reniée, ne fut que celle d'un fonctionnaire refusant de laisser périr des hommes, des femmes et des enfants, destin qui aurait été le leur si j'avais fait respecter la loi ». 
 

A la fin des années soixante, son cas est évoqué dans plusieurs médias, lesquels soulèvent le problème de l'obéissance aveugle à des consignes inhumaines. En 1970, Paul Grüninger reçoit une lettre d'excuses de la part du Conseil fédéral. Mais rien de plus et il n'est alors pas du tout question d'une éventuelle réhabilitation. Le 22 février 1972, à l'âge de 80 ans, Paul Grüninger s'éteint, entouré par l'amour de ses proches mais toujours indigne aux yeux des dirigeants de son pays, de mon pays. Il faut attendre 1993, 21 ans après sa mort, pour qu’enfin le canton de Saint-Gall se décide à laver sa mémoire et à réhabiliter cet homme admirable. En 1995, c'est le Conseil fédéral qui en fait autant. A la fin de la même année, un tribunal saint-gallois annule le jugement ayant abouti à la condamnation de Paul Grüninger. Enfin, il faudra encore patienter jusqu'en 1998, soixante ans après les faits, pour que le Grand-Conseil du canton de Saint-Gall approuve l'octroi de dédommagements aux descendants de feu Paul Grüninger, en raison des préjudices de salaire et de retraite qu'il a subis. La totalité de ces sommes sera investie par sa famille dans la "Fondation Paul Grüninger", destinée à encourager différentes actions humanitaires. En 1971, une année avant sa disparition (et 27 ans avant sa totale réhabilitation !), le titre de Juste parmi les Nations lui est décerné par le Mémorial Yad Vashem. Enfin, en 2012, entre Diepoldsau (CH) et Honenems (A) un pont enjambant un bras mort du Rhin est baptisé Paul Gruninger Brücke. Dans sa tombe, Paul Grüninger a peut-être récolté le réconfort symbolique de ces justes reconnaissances. Mais sans doute est-il, jusqu'à son décès, demeuré amer envers les plus hautes instances de ce pays, qui ont refusé aveuglément de reconnaître que seule sa profonde humanité lui a valu d’être mis au ban de la société. Banni pour un tiers de siècle durant sa vie, pour vingt-trois ans de plus après son décès. Honte à ce pays qui est le mien, honneur et respect pour vous, mon Capitaine ! 
Après cette triste histoire (qui m’a totalement révolté lorsque je l’ai découverte il y a plusieurs années), il convient aussi de relever qu’à l’instar de ce brave Paul Grüninger, deux autres citoyens suisses se sont également distingués dans leur fonction officielle. Secrétaire du département de Justice et Police du canton des Grisons, Anton Bühler (1890-1973) décide, après la fermeture des frontières, d’autoriser quatre Juifs à entrer en Suisse. Suite à cet acte courageux, il met en place une petite filière qui permet à une centaine d’autres Juifs de pénétrer dans le pays. Ces faits sont finalement découverts par sa hiérarchie mais, contrairement à son malheureux voisin saint-gallois, aucune action de représailles ne sera jamais entreprise contre lui. C’est en 2001, soit 28 ans après sa mort, qu’Anton Bühler obtient le titre de Juste parmi les Nations. De son côté, Ernest Prodolliet (1905-1984) est responsable du Bureau des passeports au consulat suisse de Bregenz (Autriche). Dès le 1er avril 1938, alors que les visas d’entrée en Suisse sont obligatoires pour les ressortissants autrichiens, il en accorde 300 à des Juifs fuyant leur pays. D’autre part, il parvient à convaincre des gardes-frontières de fermer les yeux sur le passage de plusieurs autres réfugiés n’étant pas en possession d’un visa valable. Conséquence de ces « graves manquements », en décembre de la même année, il est l’objet d’une enquête disciplinaire et rappelé à Berne, puis muté aux Pays-Bas. Dans la ville d’Amsterdam, et ceci jusqu’en 1942, il continue de délivrer des papiers de complaisance aux Juifs victimes des persécutions dans ce pays occupé lui aussi par les nazis. Ernest Prodolliet est honoré par Yad Vashem en 1982 et reçoit personnellement sa médaille de Juste un an avant son décès.

13 mai 2025 _________________________________________________

François GENOUD et Bruno BREGUET

François Genoud naît le 26 octobre 1915 à Lausanne, et meurt le 30 mai 1996 à Pully (Vaud). Le cas de cet homme est assez spécial, dans le sens où "dodis.ch", le site web officiel des Archives fédérales, ne publie pas grand-chose le concernant. Quant au Dictionnaire historique de la Suisse, il n’y consacre pas le moindre article. Pourtant cet homme, surnommé "le banquier noir" par Karl Laske, l’un de ses deux biographes (le second étant Pierre Péan), possède un passé dont le moins que l’on puisse dire est qu’il n’est pas très reluisant. En 1931 son père, riche industriel du papier peint lausannois, l’envoie passer une année chez son ami Wilhelm Strauven, qui mène le même genre d’entreprise dans une Allemagne très proche de basculer dans le nazisme. L’adolescent prend fait et cause pour son peuple qu’il juge totalement opprimé par le traité de Versailles. Il commence à s’intéresser à Hitler, à ses discours et à ceux qui, comme Goebbels, soutiennent le personnage.  En octobre 1932, en compagnie de Strauven, il se rend à Bad Godesberg, dans la banlieue sud de Bonn. Son hôte rend visite à un ami, propriétaire d’un magnifique hôtel situé sur la rive gauche du Rhin. Et il se trouve que, dans l’un des salons du complexe hôtelier, celui qui n’est pas encore devenu le Führer se repose. Subjugué, Genoud, qui n’a que 17 ans, ose néanmoins lui avouer qu’il a une grande admiration pour lui et pour le national-socialisme. Apparemment touché, Hitler le remercie et lui sert la main. Rencontre décisive pour le jeune homme, qui se lance dans la lecture de "Mein Kampf ". Méprisant les dirigeants européens, qu’il juge fades et sans ambitions, la prose du futur Führer l’enchante littéralement. En 1936, vivant grâce aux deniers de sa famille et devenu farouchement antisémite, il effectue un voyage au Proche-Orient, Là il rencontre et se lie d’amitié avec Mohammed Amin al-Husseini, Grand Mufti de Jérusalem et chef pronazi de la résistance palestinienne. Plus tard, alors que le dignitaire musulman aura obtenu l’asile politique en Allemagne, il confiera à Genoud la gestion de ses juteuses affaires financières. Leurs excellentes relations dureront jusqu’à la mort du Grand Mufti, en 1974.

Pendant la guerre, Genoud prend fait et cause pour l’Allemagne nazie. Recruté par l’Abwehr, le service de renseignement allemand, via les bons offices de Paul Dikopf, un officier SS qui devient rapidement son ami, le Suisse accepte de coopérer, pour autant qu’on ne lui demande pas de nuire à son propre pays. A l’automne 42, Dikopf lui demande de l’aider à passer en Suisse, prétextant être secrètement antinazi et, à ce titre, ne plus pouvoir assumer sa fonction. Bien que fort surpris, Genoud accepte et réussit à lui faire passer la frontière. Après la guerre, son antinazisme ayant été confirmé, l’Allemand devient le chef du Service de renseignement de la RFA et, en 1968, il est élu à la présidence d’Interpol, poste qu’il occupera pendant quatre ans, avant de mourir, en 1973. De son côté, François Genoud, rendu très amer par la défaite allemande, réussit à s’immiscer dans le cercle très fermé des amis de Paula Hitler, la sœur cadette d’Adolf. Grâce à son charisme et à sa réputation de grand et indéfectible ami des nazis, il parvient à se faire nommer exécuteur testamentaire du Führer (à l’exception des droits de Mein Kampf, qui appartiendront à l’Etat de Bavière jusqu’en 2015), de Martin Bormann et de Josef Goebbels. La publication, par ses soins, de divers écrits de cet infâme trio lui rapporte beaucoup d’argent. Dans les années 60 et 70, on le retrouve frayant dans les hautes sphères du FPLP (Front populaire de libération de la Palestine), finance diverses opérations terroristes et devient un proche de Wadie Haddad, chef de la branche "détournements d’avions" au sein de l’organisation. C’est ce même Haddad qui le met très vite en relation avec Illich Sanchez Ramirez, universellement connu sous le pseudonyme de "Carlos". Pendant deux ans, de 1994 à 1996, ceci jusqu’au décès de son ami suisse, de sa prison de la Santé Carlos n’écrira pratiquement qu’à François Genoud. Le banquier noir ne se cache pas d’avoir organisé et financé la défense du terroriste vénézuélien, tout comme il l’avait fait pour celle de Klaus Barbie, lors de son procès de Lyon en 1987. Cela en suite logique à l’aide qu’il avait apporté à Adolf Eichmann, grand ordonnateur de la "Solution finale de la question juive", jugé et condamné à mort à Jérusalem en 1961. Fin mai 1996, dans la banlieue lausannoise, François Genoud, fier et sans regrets de ce qu’il a accompli tout au long de sa vie, décide de mettre fin à ses jours. Dépressif depuis la mort de son épouse Elisabeth deux ans plus tôt, il a 80 ans et il est aidé en cela par "Exit", une organisation suisse d’aide au suicide.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bruno BREGUET fut un ami personnel de François Genoud. Au cours des années 70-80, il fit beaucoup parler de lui, pour des raisons similaires à bien des égards. Malheureusement, et à l’instar de son aîné, l’histoire suisse officielle (du moins celle qui n’est pas tenue secrète) a largement occulté ce personnage. En 2016, j’ai donc dû me livrer à de longues recherches (principalement sur le net) afin de parvenir à retracer ici quelques hauts-faits de son histoire. Bruno Breguet nait le 29 mai 1950 à Coffrane (canton de Neuchâtel), et disparait en mer en novembre 1995. En 1970, âgé de moins de 20 ans, le jeune Suisse se rend au Liban afin de rejoindre la lutte armée du FPLP (Font populaire de libération de la Palestine). Le 23 juin de la même année, il est arrêté en Israël, alors qu’il transporte deux kilos d’explosifs apparemment destinés à faire sauter certaines installations du port de Haifa. Niant tout lien avec le FPLP, Breguet est jugé et condamné, l’année suivante, à quinze ans de prison. Sa défense est alors organisée par François Genoud, lequel délègue son gendre, qui est avocat, pour s'occuper de son cas. Six ans plus tard, suite à l’intervention de plusieurs sympathisants d’extrême gauche, fort connus et influents, le Neuchâtelois est gracié puis, en juillet 1977, il est expulsé d’Israël. Plus tard, les rumeurs selon lesquelles il aurait noué des contacts avec Prima Linea (groupe armé voisin des Brigades Rouges) semblent fondées par le fait qu’il a publié, à Milan en 1980, un ouvrage intitulé "La scuola dell’odio" (L’école de la haine), lequel conte le récit de sa captivité en Israël.

En 1980 toujours, il rejoint le groupe Carlos et participe à l’attentat qui frappe, à Munich, "Radio Free Europe" l’année suivante. Le 16 février 1982, Breguet et Magdalena Kopp, la maitresse de Carlos, sont arrêtés à Paris. Interpellé pour avoir mal garé sa voiture, le Suisse tente d'ouvrir le feu sur un policier, mais il omet de désactiver le cran de sécurité de son arme. Sa complice est capturée quelques centaines de mètres plus loin, alors qu'elle tente de s’enfuir. Dans le coffre de la voiture, les policiers découvrent plusieurs faux passeports, deux bouteilles de gaz, cinq kilos d’explosifs, ainsi que des schémas détaillés de divers lieux stratégiques. Il est alors déterminé que les deux complices projetaient sans doute une attaque contre le bureau parisien de Al Watan al Arabi, un magazine libanais, office qui sera bel et bien frappé par un attentat, le 22 avril 1982 au 33 de la rue Marboeuf. Le procès des deux terroristes, défendus par Me Jacques Vergès, aboutit en mai 82 à une condamnation à quatre années de prison. Mais ils sont tous deux libérés en mai 1985 pour bonne conduite. Dès lors, le Suisse paraît se ranger du terrorisme. Ayant fondé une famille, la même année il s’installe avec elle en Grèce. La présence de Bruno Breguet a été signalée pour la dernière fois à bord d’un ferry reliant l’Italie à la Grèce. C’était le 12 novembre 1995. Depuis, le bonhomme n’a plus jamais été aperçu officiellement nulle part…
29 mars 2025 ________________________________________________

Maurice BAVAUD - Le Suisse qui  voulait tuer Hitler.

Je veux mettre en évidence ici l’histoire (presque oubliée des Suisses) de Maurice BAVAUD, né le 15 janvier 1916 à Neuchâtel et exécuté le 14 mai 1941 à Berlin, ceci pour avoir tenté d’assassiner Adolf Hitler deux ans et demi plus tôt. Fils d’un employé de la Poste, Maurice étudie chez les "Frères des Écoles chrétiennes" (congrégation laïque masculine fondée à Reims en 1680, et présente à Neuchâtel dès 1750), puis entame un apprentissage de dessinateur technique à l'usine Favag, située à Monruz. Très croyant, il entre en 1936 au séminaire breton de Saint-Ilan, situé à Langueux, avec l’ambition de devenir missionnaire. Là, il fréquente et semble subir l’influence de Marcel Gerbohay, un Français de son âge, farouchement antinazi et qui étudie dans le même établissement. En octobre 1938, on retrouve le jeune Suisse de 22 ans du côté de Münich, et même jusqu'à Berteschgaden (résidence bavaroise du Führer) surveillant les déplacements d'Hitler et projetant de l’assassiner. Le 9 novembre, quelques heures avant la tristement célèbre "Kristallnacht", il décide de passer à l’acte, profitant d'une marche commémorative ayant lieu à Munich. Aux forces de l’ordre, il se prétend fervent supporter nazi venu de Suisse pour voir Hitler, ceci dans le but d’être bien placé le long du cortège. Et ça marche. Installé dans les tout premiers rangs, il sort un petit pistolet de calibre 6,35 mm, mais ne parvient pas à tirer car placé trop loin de sa cible et gêné par les spectateurs saluant leur Führer. Les jours suivants, Maurice Bavaud tente de s'approcher à nouveau d'Hitler mais, constatant que celui-ci demeure inaccessible, il renonce à son projet. Désirant regagner Paris par le train, il est arrêté par la Reichsbahnpolizei (Police des Chemins de fer du Reich) pour défaut de billet valable, et remis à la Gestapo. C'est alors que son arme et des documents compromettants sont découverts sur lui. Sous la torture, le jeune homme admet finalement ses plans d'assassinat, motivant son projet par le fait qu'Hitler est un danger pour l'humanité en général, pour l'indépendance suisse et pour le catholicisme en Allemagne. Dans l'attente de son procès, il est transféré à Berlin et incarcéré à la prison de Moabit. 
Treize mois plus tard, le 18 décembre 1939, il est déféré devant le "Volksgerichtshof" (Tribunal du Peuple), une cour spéciale, alors présidée par Otto Georg Thierack (futur ministre de la Justice du Reich), visant une condamnation pour atteinte à la sureté de l'État, et tentative d'attentat contre le régime nazi. Reconnu coupable de tous les chefs d’accusation, Maurice Bavaud est condamné à mort, sans la moindre possibilité de recours. Dès lors, et dans l'attente de son exécution, le jeune homme est déplacé à la prison de Plötzensee, située dans le quartier berlinois de Charlottenburg. La diplomatie suisse, sur place ou à Berne, ne tente rien pour le défendre ou lui venir en aide. Hans Frölicher, pronazi notoire et triste chef de la Légation suisse de Berlin, condamne même publiquement le comportement de son compatriote. Dans son pays, tous ceux qui sont au courant de son histoire se désintéressent de Maurice Bavaud. Sauf sa famille, et spécialement son père Alfred, qui écrit plusieurs fois au Conseil fédéral pour intercéder en sa faveur. Il ira même jusqu'à demander s'il n'y aurait pas possibilité d'échanger son fils contre un prisonnier allemand. En vain, le Département militaire fédéral refusant sèchement d’échanger Bavaud contre un espion au service du Reich détenu en Suisse. Entre l’énoncé du jugement et l’exécution de la sentence, la Suisse officielle ignore totalement ce (presque) héros de la nation. Alors, au petit matin du 14 mai 1941, dans les sous-sols de la prison de Plötzensee, Maurice Bavaud est guillotiné. 

 

Dès lors, et durant de longues années, sa famille tente de le faire réhabiliter. Elle y parvient partiellement le 12 décembre 1955, lorsque la sentence de mort est annulée par l’Etat allemand, laquelle condamne néanmoins Bavaud, à titre posthume, à cinq ans d'emprisonnement, arguant du fait que la vie d'Hitler était protégée par la loi comme celle de toute autre personne. Le recours contre cette décision débouche, un an plus tard, sur l’annulation de la condamnation, et le gouvernement allemand est condamné à verser à la famille Bavaud la somme de 40’000 francs en guise de réparation. En Suisse, le Conseil fédéral admet en 1989 que les autorités de l'époque n'ont pas fait suffisamment pour sauver le jeune homme. Finalement, Maurice est réhabilité officiellement le 7 novembre 2008 (soit 70 ans après les faits !) par Pascal Couchepin, le président de la Confédération. A cette occasion, les membres survivants de sa famille, dont sa sœur Hélène (91 ans), reçoivent très amèrement les excuses du même Couchepin, parlant au nom des élites politiques du pays œuvrant à cette époque, qui se sont comportées honteusement dans l’abandon total d’un jeune homme qui aurait peut-être pu, s’il avait réussi dans son dessein, changer radicalement la face du monde. Mais, et c’est bien connu, nul n’est prophète en son pays. En Suisse encore moins qu’ailleurs. En 2011 quand-même, pour marquer le 70ème anniversaire de son exécution, la commune d'Hauterive, voisine de Neuchâtel, érige à Maurice Bavaud une stèle commémorative. Elle est située au bord du lac, dans le Parc du Laténium…

Quant à l'infâme Hans Frölicher, peu après sa mort, sa ville natale de Soleure baptise l’une de ses rues du nom de "Frölicherweg" (Chemin Frölicher), preuve que pour certains, attribuer ce genre d’honneur ne découle pas forcément d’une analyse en profondeur des qualités humaines de celles et ceux qui en bénéficient…

27 mars 2025 ________________________________________________

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Carmen MORY - Agente de la Gestapo, espionne nazie et kapo(1) bernoise

Parcours très original que celui de cette fille d'un médecin du village bernois d'Adelboden. Née le 2 juillet 1906, Carmen Maria Mory perd sa mère, d'origine philippine, à l'âge de quatre ans. A la fin de sa scolarité, elle se lance dans l'étude de la musique et obtient un diplôme de chant à Munich en 1928. Suite à l'ablation de ses amygdales, elle est contrainte d'abandonner son art et se lance alors dans le journalisme. Formée en Angleterre et aux Pays-Bas, mais attirée par le nazisme, on la retrouve en 1934 à Berlin où, après avoir travaillé pour le "Manchester Guardian" elle devient agente de la Gestapo. Parlant couramment six langues, en novembre 1938, envoyée à Paris pour surveiller les émigrés allemands, elle est arrêtée par les Français pour espionnage et, deux ans après, condamnée à mort. Apparemment invitée à travailler pour la France, elle est graciée en juin 40 par le président Lebrun et elle retourne en Allemagne. Là, elle continue officiellement son activité au sein de la Gestapo. Au début de 1941, elle est à nouveau arrêtée, mais par les nazis cette fois, sous l'accusation d'être un agent double. Après avoir été interrogée par Heydrich lui-même (adjoint de Himmler), en février elle est incarcérée au camp féminin de Ravensbrück...
Là-bas, elle devient rapidement Blockältester (kapo cheffe de block) et se signale par sa cruauté envers les autres détenues. Crainte par beaucoup, y compris par plusieurs Aufseherin (gardiennes SS), elle règne par la terreur et désigne personnellement certaines de ses codétenues pour être envoyées à la chambre à gaz (ouverte à l’automne 44). Les mêmes lui attribuent personnellement la responsabilité de l’assassinat d’une soixantaine de prisonnières, dont certaines sont des malades séjournant à l’infirmerie. Paradoxalement, d’autres témoins assurent qu’en raison de sa versatilité, il lui arrive de se montrer plutôt prévenante avec elles. Poursuivie par la justice après la libération du camp, elle est l'une des seize accusé(e)s du 1er procès de Ravensbrück, qui se déroule à Hambourg du 5 décembre 1946 au 3 février 1947. A la fin des audiences, elle est reconnue coupable de crimes de guerre et, comme dix autres de ses collègues bourreaux, condamnée à mort par pendaison. Dans l’attente de son exécution et, apparemment grâce à une lame de rasoir dissimulée dans l'une de ses chaussures, Carmen Mory, seule Suissesse à avoir subi cette sentence pour des activités nazies, met fin à ses jours le 9 avril 1947, en s’ouvrant les veines dans sa cellule…

(1) Dans les camps de concentration et d'extermination nazis, le kapo était recruté par la SS parmi les prisonniers pour devenir chef d'un barraquement abritant ces derniers. Le choix se portait sur l'un des plus cruels d'entre eux, souvent un condamné de droit commun.

22 mars 2025 ________________________________________________

Carmen Mory au tribunal de Hambourg, au cours des deux mois qu'a duré son procès. Cette femme a fait l'objet d'un film tourné par la télévision suisse-alémanique en 2008. Son titre : "Der Todesengel aus Adelboden" (L'ange de la mort d'Adelboden). Malheureusement, il demeure introuvable sur le net. Les Anglosaxons l'ont aussi surnommée "The Black Angel of Ravensbrück" (L'ange noir de Ravensbrück).

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