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Il y a 10 ans : la Polynésie française (bis)...

L'aéroport de "Hiva Oa-Jacques Brel" et sa piste de 1'600 mètres (orientée 02-30). Le terrain est situé au nord-est, à 4,5 kilomètres d'Atuona et à une altitude de 450 mètres/mer.

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Le terminal. Les seules lignes opérant ici sont celles d'Air Tahiti et d'Air Austral, reliant les îles de l'archipel entre elles et, de Hiva Oa et Nuku Hiva, à l'île de Tahiti, distante de 1'500 km.

19 mai 2015.

Aéroport de Genève. Après deux heures de route depuis mon domicile, l'enregistrement et le passage des contrôles de sûreté, j'embarque sur un vol Air France à destination de Paris Roissy. Là, je dois patienter quatre heures avant de grimper dans le Boeing 777 de la même compagnie. Destination : Tahiti, avec une nouvelle escale de 4 heures à Los Angeles. Le vol de 10 heures et 30 minutes se passe sans problème et la grande cité californienne est atteinte alors que le soleil est déjà passé sous l'horizon, en route qu'il est pour Hawaï…

 

20 mai 2015.

Le Boeing 777 d’Air France est en finale. Il est 5 heures 40 lorsque le lourd liner touche le sol de l'aéroport de Tahiti Faa'a, après huit nouvelles heures de vol depuis Los Angeles. J’atteins la Polynésie française assez fatigué, n'ayant pas dormi durant le premier leg, très peu pendant le second. La faute aux sièges de l’avion (et à ma carrure pas vraiment faite pour m'y encastrer), qui offrent à peine plus d’espace que ceux d’une compagnie low-cost juste destinée à transbahuter du bétail à moindre frais partout dans le monde. Mais mon voyage n’est pas terminé. Je repars dans la foulée pour les Îles Marquises, et pour Hiva Oa, première étape de mon séjour dans les îles. Le "triple-seven" d'Air France ayant une demi-heure de retard, j’ai juste le temps de récupérer mon bagage et de le réenregistrer (prioritairement – merci à l’équipe au sol de Tahiti Tours) sur l’ATR 72 d’Air Tahiti. Mais, avant cela, il y eut l’arrivée à Papeete, le débarquement et un accueil qui m’a foutu les larmes aux yeux, tant le souvenir que j’ai gardé de ce pays, visité une première fois en 1982, s’est révélé intense à ce moment-là. Jugez par vous-même : 

Six heures plus tard, je prends possession de mon faré, à la pension Kanahau d’Atuona, chef-lieu de l’île d’Hiva Oa. Il s'est écoulé 33 heures depuis le départ de mon domicile. Si les voyages forment la jeunesse, ils fatiguent la vieillesse… Tania est l’âme du lieu, la patronne, la cuisinière, et son contact est d’emblée jovial et amical. Dans cette région, le tutoiement est courant pour ne pas dire traditionnel. Il y a, de ce fait, une approche et une prise de contact naturelles et spontanées qui me ravissent totalement. Ce quart de journée de voyage supplémentaire m’a complètement anéanti. J’ouvre ma valise, en sort et en case le plus gros dans les placards, puis je prends une douche et vais me coucher. Il est midi et demi, heure locale (-11h30 par rapport à la Suisse). Je dors profondément pendant un peu plus de trois heures. Je décide de consacrer les deux tours d’horloge qu’il me reste avant la nuit à cette visite que j’attends avec une impatience rarement égalée. Me souvenant assez bien de la configuration d’Atuona, je pars sans plan à la recherche du son cimetière. La pension est située en dehors du village et il me faut trois quarts d’heure pour le rejoindre.

L'arrivée à Hiva Oa, marquée par le traditionnel collier de fleurs "tiaré Tahiti".

La sépulture du Grand Jacques, parfaitement entretenue, et les cailloux-hommages de ses admirateurs venus de partout...

Ainsi, retrouver la sépulture de l’homme que j’admire le plus au monde, constitue une émotion plus forte encore que ce que je présageais. Trente-trois ans après, le petit palmier qui abritait son ancrage s’est multiplié par dix et la hauteur des arbres par quatre ou cinq. Mais la tombe est toujours la même, bien entretenue dans le coin gauche, tout au bas du cimetière. Sont venus s’y ajouter, une multitude de galets, sur lesquels des inconnus fans de l’interprète, auteur, compositeur, acteur, metteur en scène, pilote et navigateur, y déclament leur admiration et lui disent merci pour ce qu’il leur a apporté au long de sa trop courte vie. Devant ce morceau de terre, duquel je ne parviens plus à détourner le regard, je mesure alors l’immensité du temps qui me sépare de ma première visite, en avril et mai 1982. En quittant Atuona, le 7 mai de cette année-là, je lui avais fait une dernière visite et, très ému, lui avais promis de faire tout mon possible pour revenir le voir un jour. Et je suis là, de retour, en face de lui. Alors, cette promesse tenue, autant que les 33 années écoulées, me reviennent avec une telle violence, une telle intensité que, irrépressiblement, je craque et me liquéfie. Heureusement, je suis seul dans cette partie du cimetière, car il me faudra quelques minutes pour me remettre de cette "chose" que jamais je n’aurais pu imaginer.

Tentant d’y revenir par le chemin du bas du village, le retour à la pension Kanahau est laborieux. La nuit commence à tomber (il est 17h30) et je me perds totalement dans les diverses petites routes montant à flanc de colline pour la rejoindre. Avec l’aide de plusieurs villageois, je la retrouve enfin. Il fait nuit noire, je suis exténué, trempé autant par la transpiration (les routes d’Atuona sont, en majorité, une succession de fortes montées et descentes) que par l’averse que je me suis prise et dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle fut violente, et j’arrive enfin à la pension. Nouvelle et indispensable douche et petit repos avant de goûter à la cuisine de Tania, dégustée en communauté avec elle et les sept autres résidents de la pension. Au menu : carpaccio de thon rouge, thon grillé, riz et légumes sauce au curry vert, et tarte à la goyave en guise de dessert. Tout simplement divin ! Et totalement à l’image présagée des six jours qu’il me reste à passer dans ce petit paradis marquisien (plus 16 autres à Moorea (4), Raiatea/Tahaa (4) Bora Bora (5) et Tahiti (3).

 

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19 mai 2025

Le rêve d'y retourner une 3ème et dernière fois est bien présent. Mais hélas, mes récurrents problèmes physiques ne plaident pas en sa faveur…

19 mai 2025 _________________________________________________

La baie de Tahauku et le port d'Atuona (chef-lieu de l'île), vus depuis mon faré de la pension de Tania. C'est ici que, en novembre 1975, Jacques Brel et sa compagne Maddly Bamy on accosté, à bord de leur voilier "Askoy II". Pour eux, trois seules années à profiter de ce paradisiaque endroit. 

Le 25 mai, j'ai eu l'occasion de découvrir l'île  en vol, en compagnie de Vincent, mécanicien de l'escale, pilote et responsable de l'Aéroclub d'Hiva Oa-Jacques Brel. 45 minutes de vol enchanteresses. Les Marquises, archipel le plus au nord de la Polynésie française, sont beaucoup plus sauvages et inhospitalières que Tahiti et ses îles environnantes. Cette plage de sable blanc est une des seules de l'île, et aucune route praticable n'y mène. Celles d'Atuona et de Hanaiapa (deuxième plus grand village d'Hiva Oa), sont de sable noir. 

Moorea est l'île la plus proche de Tahiti (17 km). La culture de l'ananas est gigantesque et d'une qualité exceptionnelle. Il suffit pour s'en convaincre de déguster un jus de ce fruit servi dans toute sa fraîcheur. Rien à voir avec celui qu'on élabore sous nos latitudes...

Raiatea, au lagon presque aussi beau que celui de Bora Bora. Pourtant cette île magnifique est largement sous-estimée par les touristes (Tant mieux finalement !)

L'île de Tahaa est implantée dans le même lagon que Raiatea. Plus sauvage, elle se distingue cependant par la culture de la vanille (ici au séchage), réputée aussi excellente que celle de Madagascar.

Bora Bora, le "Perle du Pacifique". Un lagon époustouflant de beauté, mais une île victime de son succès : trop de monde, trop d''hôtels, une route constellée de nids de poules. En 1982 son revêtement était flambant neuf, et sur les 34 kilomètres de son pourtour, rouler était un véritable plaisir. En 2015, dans le lagon j'ai connu le bonheur de nager en compagnie d'une raie manta, évoluant juste en dessous de moi, pendant plusieurs minutes. Le souvenir de vacances le plus exaltant et émouvant de toute ma vie. Hélas, je n'avais pas d'appareil photo/caméra étanche, et aujourd'hui je m'en veux encore...

Tahiti, l'île mère de la Polynésie française. Hélas, les plages sont de sable noir, ce qui n'incite pas vraiment à la baignade. Mais son relief est magnifique et le plus verdoayant de toutes les îles.

Il y a 50 ans (Put... un demi-siècle déjà !)
Le lundi 6 janvier 1975, de mon village neuchâtelois de Cortaillod (dans lequel je résidais depuis 1964), je débarquais à Genève, rue de Carouge, afin de débuter une école de gendarmerie. Après neuf fois mois d'armée, et une pénurie de travail (causée par le premier choc pétrolier, consécutif à la guerre du Kippour) dans mon métier de chauffeur poids-lourds, mon père vendait mon camion et avait juste de quoi garder le sien. J'ai choisi Genève, et non pas Neuchâtel, parce que le salaire mensuel de la fonction y était supérieur de 300.- CHF. (1'900.- contre 1'600.-) Hélas, la formation de gendarme étant assez physique, au bout de 10 jours je fus renvoyé. Ayant effectué mon service militaire avec une dispense générale de marche (saleté de polio !), il n'était pas question que ce soit le cas dans cette nouvelle fonction.

Lorsque je dis "hélas", je me rendis compte très vite que c'était en fait une chance. Mois payé en totalité, généreux et beaux joueurs, mes employeurs m'offrirent un poste de "Contrôleur passeports" à l'Aéroport international de Genève-Cointrin. J'y débutai ma fonction trois semaines plus tard. Passionné d'aviation depuis ma plus tendre enfance, ce fut une chance inespérée. Mais, après deux ans, j'avais fait le tour du métier, devenu ennuyeux au possible. Ce qui me retint, ce fut cette possibilité de voir, en face de moi et me présentant leurs papiers, une ribambelle de stars, à très forte majorité cinématographiques. Parmi elles, Isabelle Adjani, Charles Aznavour, Jean-Paul Belmondo, Charles Bronson, Johnny Cash, Charlie Chaplin, Salvador Dali, Alain Delon, Louis de Funès, Serge Gainsbourg, Johnny Halliday, Audrey Hepburn, Marie Laforêt, Niki Lauda, Sergio Leone, Sophia Loren, Yves Montand, Roger Moore, Serge Reggiani, Jean Reno, Arthur Rubinstein, Romy Schneider, Elizabeth Taylor, Lino Ventura. La liste complète comporte 93 noms, dont 48 sont (en 2024), décédés.
Dans ce service, rebaptisé "Police Frontière" dans les années 80, et aujourd'hui disparu, je suis demeuré 15 ans. A fin 1989, j'opérais une reconversion et fus engagé en qualité d'Agent AIS (Aeronautical Information Service), dans le département "Opérations" du même aéroport. Pour un gars seulement titulaire d'un banal certificat de fin d'études (secondaires, tout de même), ma licence de pilote privé, obtenue deux ans plus tôt, a été décisive pour l'obtention du poste. J'y suis demeuré durant 25 ans, jusqu'à ma retraite (anticipée et possible grâce à mes presque 40 ans de service dans cet aéroport), obtenue le 31 juillet 2014, à l'âge de 60 ans. Mais ceci est une autre histoire…

6 janvier 2025 ___________________________________________________

La meilleure expérience de mes 15 années passées au sein de la Police Frontière de l'aéroport de Genève. Dans les années 80, Swissair, la compagnie nationale, recrutait du personnel policier suisse pour superviser les contrôles de sûreté se déroulant dans des aéroports de pays à risques (de détournement d'aéronefs). C'est ainsi que je fus engagé, pour un mois, d'abord à Larnaca (Chypre) en septembre 1985, puis à Nairobi (Kenya) en juin 1987. Ces deux escales de Swissair étant peu desservies, le temps libre était conséquent pour moi et mes deux collègues sur place.

La (mauvaise) photo a été prise le 12 septembre 1985, à Larnaca. Le vol de la compagnie ne faisant qu'escale à Chypre, il continuait jusqu'à Amman (Jordanie), puis effectuait le trajet inverse le lendemain. A charge pour mes collègues et moi (à tour de rôle) de prendre place à bord, afin de superviser les contrôles de sûreté effectués le lendemain dans l'aéroport de la capitale jordanienne. Soirées mémorables (j'y suis allé 3 fois), et nuit d'hôtel dans le splendide Intercontinental, puis visites de la ville le lendemain matin, en compagnie de l'équipage, le vol ne repartant qu'en début d'après-midi. Chypre est un pays magnifique (340 jours de soleil par an, dit la pub), tout comme le Kenya, dont j'ai eu l'occasion de visiter la majorité des Parcs animaliers nationaux.

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